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Premier salon européen de micro-informatique, le CeBIT offre un panorama complet des technologies informatiques. Mais... et les jeux ? Véritable rendez-vous de l'univers micro-informatique européen, le CeBIT 89 s'est tenu du 8 au 15 mars, dans la belle ville de Hanovre. Par rapport à l'édition précédente, 15 000 visiteurs de plus se sont déplacés (485 000 en 1988, 500 000 en 1989). Afin de faire face à cette progression, le parc des expositions a subi diverses transformations et les journalistes ont particulièrement apprécié la nouvelle salle de presse, véritable havre de paix où les reporters de tout poil sont choyés par les organisateurs du salon. Inutile de vous dire que ces détails sont bien vus par la profession, surtout lorsque l'on doit couvrir un salon de l'ampleur du CeBIT. Pensez donc que la superficie de l'ensemble est comparable à celle du parc des expositions de la porte de Versailles à Paris et qu'il faut tout voir ! Bref, le CeBIT est un salon épuisant pour un journaliste d'autant plus que cette espèce a une nette tendance à la fainéantise... Alors franchement, vous pouvez me remercier chaudement d'avoir usé mes semelles jusqu'à la corde, d'avoir serré mille et une mains uniquement pour que vous sachiez ce que vous réservent les prochains mois... Télécommunications Le CeBIT de cette année a lancé l'engagement majeur de l'Allemagne de l'Ouest envers les télécommunications RNIS. Le RNIS permet l'intégration du texte, des graphismes, des images vidéo et des communications vocales sur une seule ligne numérique. Dans un événement diffusé à la télévision ouest-allemande, le ministre du bureau des postes, le Dr Schwarz-Schilling, a présenté le premier réseau RNIS en Allemagne de l'Ouest, avec environ 8000 noeuds dans huit grandes villes. Le Premier ministre Helmut Kohl a participé à une conversation multimédia via RNIS avec le maire de Francfort. L'Allemagne de l'Ouest espère avoir un réseau national des RNIS en 1993. Du côté japonais de la force... Que les Japonais aient certains atomes crochus avec l'Allemagne de l'Ouest ne surprend plus personne : qui se ressemble, économiquement, s'assemble ! Cette année, les firmes nippones ont donc particulièrement soigné leur présentation à coup de nouveautés, dont vous pourrez disposer d'ici peu. Commençons par le plus beau gadget du CeBIT : The Music Fountain de Mitsubishi et Hudson Software. Il s'agit tout simplement d'une boîte à musique électronique. Par le biais de cartes à mémoire, il est possible de changer les mélodies. Il existe deux versions de ce système : l'une est très science-fiction avec jets de lumière, la seconde est une boîte à bijoux. Ce produit devrait être prochainement lancé en Europe. Vu sur le stand des NTT, les PTT version pays du Soleil Levant, le HowdyMail, une sorte de téléphone mâtiné de fax manuel... Sur le combiné se trouvent une tablette tactile à base d'écran à LCD ainsi qu'une imprimante thermique. En communication avec un correspondant équipé d'un système similaire, vous pouvez, par l'intermédiaire de HowdyMail, illustrer vos propos en dessinant un schéma et en le lui faisant parvenir alors que vous ne cessez de discuter. Votre correspondant peut alors le mémoriser, l'imprimer, etc. Disposant d'une résolution de 512 par 384 points, ce système est proposé à 500 dollars au Japon, soit environ 3500 FF. Une des grandes nouveautés réside dans la venue de scanners de poche chez les constructeurs japonais. Mitsubishi propose le SP-MH216AF (ouf !), un original scanner A4 200 DPI capable de fonctionner en tant que scanner normal ou bien en mode Handy Scanner. En RFA, il est proposé à 2000 DM (environ 7000 FF) pour PC avec carte et programmes. Sa venue en France n'est toutefois pas annoncée. Chez Sharp et Epson, l'on pouvait observer des scanners de poche couleur. Le JX 100 de Sharp propose une résolution de 200 DPI, 64 couleurs, une fenêtre de format A6. La connexion avec l'ordinateur s'effectue par l'intermédiaire d'un port série. Pour sa part, le GT 1000 d'Epson propose 256 couleurs et une fenêtre pour afficher une image A7. Ses autres spécifications sont similaires à celles du JX 100 de Sharp. Nous ne sommes pas en mesure de vous donner un ordre de prix puisque ces derniers n'étaient pas fixés au CeBIT. Quant à leur arrivée en France... Chez Casio, on pouvait observer le Hand Flash Copier FL 100 et le Hand Writer HWI. Il s'agit, en quelque sorte, de tampon électronique dont le principe de fonctionnement s'apparente à celui des imprimantes thermiques. Par leur intermédiaire, il est possible d'inscrire texte ou graphique sur divers supports... Signalons, tout de même que ces appareils présentés en avant-première en Europe existent au Japon depuis au moins un an et demi ! Véritable révolution sur les stands Toshiba et Sharp : les premiers écrans plats couleurs de grande dimension. Sharp présentait un portable à base de processeur 80386 disposant d'un écran LCD couleur, d'une résolution de 1120 par 768 points et d'une taille de 17 pouces (43 cm en diagonale). Certes, cet écran est encore perfectible puisque l'angle de vision est restreint, mais c'est très fort. Il en est de même des écrans 14 pouces LCD couleur de Toshiba dont nous avons apprécié le contraste. Les amateurs de chiffres noteront que les écrans Toshiba disposent de 1 584 000 transistors de commande. Étonnant, non ? ![]() Sharp attaque : l'écran LCD couleur de grande taille Enfin, NEC présentait divers moniteurs, dont les Multisync 3D, disposant d'un système numérique de commutation. Résultat : la qualité est encore meilleure, le prix encore plus élevé ! Atari : tout, tout, tout... Visiblement Atari n'a pas peur des contrastes à côté des calculatrices Atari (oui, oui), on pouvait voir Atari Transputer Workstation dans une version plus évoluée que celle qui avait été montrée jusqu'à présent. A base de microprocesseur 32 bits RISC T800 de Inmos, cette station de travail offre une puissance de calcul de 10 millions d'opérations par seconde en version de base. Elle propose, en outre, un système d'exploitation compatible Unix nommé Helios. Mais la véritable nouveauté Atari était surtout Stacy, le ST portable. Il s'agissait d'une version relativement aboutie puisque l'ensemble de l'électronique était inclus dans le boîtier de la machine. En résumé, il s'agit d'un Atari 1040ST (1 Mo de mémoire, lecteur de disquette de 720 ko), avec un écran LCD, le tout dans un boîtier de taille relativement restreinte. La qualité de l'écran ne nous a pas entièrement convaincus, notamment au niveau des tons qui tendent vers un verdâtre fort prononcé. Mais n'oublions pas qu'il s'agit d'un prototype... ![]() Le ST portable ![]() Le Mega ST 1 Matrix, auteur du grand écran Matscreen, développe un système similaire qui proposera 1280 par 960 en monochrome, 720 par 540 en 64 ou 16 couleurs. Mais ce produit est loin d'être au point. Toujours chez Maxon, signalons diverses cartes telles que le programmateur d'EPROM, carte d'extension mémoire pour port cartouche, lecteur de disquette 5,25". Disposant d'un catalogue luxueux, Rhotron présente un système d'acquisition de données très complet (carte IEEE 488, convertisseur numériques-analogiques et inversement, etc.), ainsi qu'un système de sauvegarde pour disque dur utilisant des minicassettes légèrement modifiées. Le système le plus attrayant est toutefois PCB Layout de Computer Hard Und Software. Il s'agit d'un programme de création de circuit imprimé que l'on peut interfacer avec un mini robot afin d'effectuer le perçage automatique des trous. Nous passons sous silence nombre de produits originaux mais la place nous est comptée. Commodore Commodore est un acteur majeur sur le marché ouest-allemand des micro-ordinateurs. Arborant un énorme stand d'exposition dans le hall principal de CeBIT, Commodore a introduit des nouveautés au CeBIT 1989. La gamme PC se voit ainsi renforcée par le PC 40 III. Il s'agit d'une version compacte du PC 40 (compatible AT) disposant en standard d'une carte VGA. Notons que cela devient une règle chez Commodore, comme l'a récemment indiqué Franck Lanne de Commodore France, à l'occasion d'une conférence de presse. Toutefois, la gamme PC n'était visiblement pas au centre des préoccupations de la firme, en ce qui concerne le CeBIT 1989... Grande nouveauté : l'avènement d'une offre PAO à base d'Amiga 2000, de Professional Page, d'un scanner couleur et d'une imprimante compatible PostScript. Le prix de l'ensemble devrait en France tourner autour des 100 000 FF HT, soit un prix totalement dissuasif pour vous et moi. Autre annonce d'importance : la venue de l'Amiga 2500 UX. Il s'agit d'un Amiga à base de 68020 livré avec 3 Mo de mémoire et un disque dur de 80 Mo. L'Amiga 2500 UX est pratiquement identique à l'Amiga 2500 sauf qu'il utilise un processeur 68851 distinct pour la gestion de la mémoire. La machine est livrée en standard avec un coprocesseur mathématique 68881. Cet ordinateur, très professionnel, sera présent au SICOB : avis aux amateurs. ![]() Station PAO de Commodore En revanche, le disque dur A590 pour Amiga 500, présenté au CeBIT, est d'ores et déjà disponible en France à un peu moins de 6000 FF. Il s'agit d'un disque dur de 20 Mo disposant d'un port SCSI et doté d'emplacements pour étendre la mémoire de la machine au moyen des circuits intégrés du type RAM. On peut, de cette manière, étendre la mémoire jusqu'à 2 Mo. Dernière précision : ce disque dur est reconnu dès le départ et fonctionne en autodémarrage avec le Workbench 1.3. ![]() Disque dur A590 Les autres... Sur le stand Amstrad trônaient des PC de la série 2000 sous divers système d'exploitation. Unix, OS/2 et MS-DOS sont les armes que compte utiliser Amstrad pour s'imposer. Seul problème : les autres font exactement la même chose ! Cela explique peut-être le relatif désintérêt que manifestait le public par rapport à la firme d'Alan Michael Sugar. Le stand Apple, plus visité que l'année précédente, offrait une nouveauté de taille : le Mac II CX. Il s'agit tout bonnement d'un Mac II X coupé en deux mais c'est une machine diablement séduisante. Signalons aussi l'introduction d'écrans de grande dimension chez Apple. Les beaux jours des fabricants d'écrans de grande taille pour Mac sont sérieusement hypothéqués ! Les Taïwanais, Singapouriens, Coréens et autres sont toujours présents en force au CeBIT. Cette année encore, ils ne dérogèrent point à leur principe de base : faire le maximum pour présenter les mêmes produits que les autres ! Cela semble idiot de dire cela, mais je vous assure que tous proposent exactement les mêmes produits aux mêmes prix. Seule exception, la société taïwanaise Tecmate qui présentait un PC avec un autoradio intégré. Au stade de prototype, ce système est, aux dires de l'entreprise, destiné à terme au marché de l'éducation. L'ordinateur pilote le lecteur de cassette ce qui permet, par l'intermédiaire de programmes spécifiquement étudiés, de mettre en oeuvre un système d'apprentissage des langues étrangères, par exemple. A voir, car le prototype que nous avons eu l'occasion de voir était incapable de piloter ledit autoradio ! Venue tout droit du Canada, la société Matrox, représentée en France par Metrologie, propose une carte vidéo EGA (pour PC et compatibles), dont les sorties sont RGB. Autrement dit, plus besoin de moniteur spécifique EGA : un simple écran RVB, voire Péritel, fait l'affaire... Certains d'entre vous seront surpris d'arriver à la fin de cet article sans avoir pu lire, ne serait-ce qu'une seule fois, le mot "jeu". La raison en est que sur l'ensemble du CeBIT, nous n'avons dénombré que quatre jeux ! Présentés sur le stand Commodore, ces derniers n'étaient d'ailleurs absolument pas fascinants et nous préférons les passer sous silence. Cela montre bien que le CeBIT est avant tout un salon de micro-informatique, voire d'informatique tout court ! Est-ce cela qui le rend si intéressant ? D'une certaine manière, oui, car il permet de mesurer les évolutions fondamentales de la micro. IBM Big Blue a l'air aussi dominant que jamais en Allemagne de l'Ouest. Avec plus de 7000 mètres carrés d'espace d'exposition dans sept endroits différents au CeBIT, la présence d'IBM a été ressentie dans toutes les catégories techniques, des télécommunications aux applications scientifiques et ingénieurs. IBM a des projets de recherche et développement majeurs en cours à Stuttgart. Certains de ces projets ont été affichés au CeBIT. L'un des plus intéressants était un projet de compréhension linguistique utilisant un IBM PS/2. L'objectif est de faire comprendre à l'ordinateur les relations linguistiques et logiques du texte allemand afin que la machine puisse répondre aux questions sur un document donné stocké dans l'ordinateur. Un prototype utilisant une description de 200 mots d'un sentier de randonnée a été démontré. Le programme prend le texte et le décompose en ses composants grammaticaux (c'est-à-dire les noms, les verbes, les objets, etc.), puis représente chaque phrase du texte sous une forme logique conceptuellement similaire à un tableau organisationnel. Dans la démonstration, on a démandé au système : "Où se termine le sentier?". Le système a répondu : "La réponse à votre question ci-dessus est : dans Stuttgart." Le projet de compréhension linguistique est un effort conjoint d'IBM et de plusieurs universités allemandes et est prévu pour 1991. Bilan En résumé, nous pouvons dire que cette année se caractérise par l'avènement d'applications comme le Desktop Video, par l'apparition de certaines technologies comme les écrans LCD couleurs, qui feront, à terme, évoluer en douceur nos chères machines. C'est, en quelque sorte, le changement dans la continuité !
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