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Ma missive est une réaction épistolaire au courrier des lecteurs du n°30 de novembre 1990 dans lequel Pierre-Louis Mangeard expose ses énormes difficultés dans ses applications bureautiques, c'est-à-dire autres que les "Pro-Sculpt-Video-View-Sound" et "Audio-Digi-Animate-7D", comme le disait si justement J.F. Chapelle dans le courrier des lecteurs du n°28. Je suis pour ma part professeur de biochimie dans l'enseignement supérieur paramédical, chercheur à l'Université de Liège au laboratoire d'enzymologie, et père d'un fils de 9 ans, tout ça pour dire que ce qui m'intéresse, c'est le traitement de texte, les tableurs, la PAO, les programmes éducatifs et les applications scientifiques (programmes de statistique, de simulation d'expériences, bases de données bibliographiques...), sans oublier les jeux. Pour les jeux, l'Amiga, c'est extra ; ça au moins, on peut le dire, je joue au moins autant que mon fils. Science : une carte PC s'impose Pour les applications scientifiques, une première constatation s'impose : tout le monde utilise un PC, ou plus rarement un Mac. Par conséquent, si on veut pouvoir travailler à la maison avec les programmes utilisés dans la vie professionnelle, une carte PC s'impose absolument. C'est la raison pour laquelle j'ai remplacé mon Commodore 128 (en juin 1989) par un Amiga 2000 avec carte XT, en profitant de l'offre spéciale étudiant/enseignant. Pour les applications scientifiques, je suis donc obligé de me servir de la carte XT car il n'existe pas de version Amiga. Les firmes qui développent des logiciels proposent une version PC XT/AT et de plus en plus aussi une version Mac, mais jamais de version Amiga ou Atari (Amiga, du caca ; Atari du pipi, si j'ose dire !). C'est très dommage car ces mêmes programmes en multitâches, ce serait vraiment le pied. Même si la carte XT est une véritable tortue (4,77 MHz !), elle a l'avantage de fonctionner en multitâche avec l'Amiga, ainsi, pendant que la carie XT est occupée à ramer (c'est une tortue de mer), on peut hisser la grand-voile de l'autre côté (par exemple on peut chercher dans une base de données PC sans abandonner la prose qu'on est en train de pondre côté Amiga). Dès que c'est possible, j'utilise évidemment l'Amiga, par exemple en traitement de texte. Prenez WordPerfect ou Word sur PC, c'est vraiment la galère. Il faut un temps fou pour s'y retrouver et si on ne pratique pas tous les jours, il vaut mieux ne pas oublier son manuel. Avec notre machine, c'est beaucoup plus agréable, mais quel traitement de texte utiliser ? Je dirai que tout dépend de l'imprimante. J'ai pour ma part une Star LC10 (une matricielle à 9 aiguilles). Cela condamne donc les programmes qui sortent en mode graphique, comme Excellence! qui donne des résultats ignobles sauf si on utilise les polices de l'imprimante, mais alors autant utiliser un éditeur de texte du domaine public pour presque pas un rond. Mais il y a mieux dans certains cas. KindWords - pour et contre J'ai essayé et adopté KindWords 2.0 pour les raisons suivantes :
MaxiPlan - à pleurer Par contre, en ce qui concerne les tableurs Amiga, j'ai la même opinion que P. L. Mangeard a suscité : exit ! J'ai essayé MaxiPlan qui a la prétention d'être "le" tableur pour l'Amiga et qui est, à ma connaissance, le seul en français. A l'écran, c'est tout beau, c'est même magnifique, des couleurs, des dégradés, la 3D, des macros, des formules de math en veux-tu, en voilà, aussi bien qu'Excel et bien mieux que Lotus 1-2-3. Mais alors, sur l'imprimante c'est déplorable, c'est foutu, c'est à pleurer. Il faudrait emporter avec soi son moniteur pour montrer ses beaux graphiques camembert, alors je clique vers ma carte PC et le rébarbatif Lotus 1-2-3 qui, lui (et sur la même imprimante), est capable de me tracer des belles lignes bien fines et des beaux petits triangles en noir et blanc bien propres. C'est une caractéristique générale de la machine, elle jette de la poudre aux yeux sur ses écrans, mais bien souvent son ramage est loin de valoir son plumage. C'est pour ça que les programmes Amiga sont si facilement encensés par les essayeurs de tout poil, c'est parce qu'ils paraissent "tout beau" et qu'on ne nous en montre presque toujours que des photos d'écran. Si je prend la peine d'écrire tout ça, c'est que je suis persuadé qu'il suffirait de presque rien pour que le résultat concret des logiciels Amiga soit à la hauteur de ses apparences et digne des possibilités intrinsèques de la machine, mais on parle trop peu des vrais problèmes que rencontrent les utilisateurs et ce ne sont pas les "comptes rendus dégoulinant de complaisance" (je cite encore P. J. Mangeard) qui vont encourager les concepteurs de matériels et de logiciels à changer leur fusil d'épaule. PageSetter II Et la PAO sur Amiga, j'ai aussi un avis là-dessus, parce que j'en fais, pas tout à fait, encore une fois, mais presque ! PageSetter II donne, en effet, de piètres résultats sur une matricielle. C'est encore une fois le même problème qu'avec Excellence! et MaxiPlan, en mode graphique, ça ne vaut rien ou si peu. La solution, ce sont les polices CG (Agfa Compugraphic) disponibles avec PageSetter II et Professional Page 1.3. Avec ça, ma brave imprimante 9 aiguilles se prend pour un sapin et me sort des caractères en mode graphique qui sont aussi beaux que les siens en qualité courrier. Mais attention, pour tout dire il faut plus que le mégaoctet de l'Amiga 500, et cela tombe très bien que les cartes d'extension commencent à se démocratiser. Un disque dur est aussi indispensable et eux aussi ont une tendance à la baisse. En bref, il faut au moins 1,5 Mo et un disque dur. Pour les possesseurs d'un 2000, la carte accélératrice Commodore à base du 68020 + coprocesseur 68881 + MMU avec 2 Mo de mémoire 32 bits est l'idéal (son prix vient de chuter vertigineusement car elle à tendance à être remplacée par les cartes à base de 68030 qui, elles, sont mieux mais très onéreuses). De plus, on peut choisir à l'allumage entre le 68000 et le 68020, donc les jeux et les vieux programmes marchent aussi (où irions-nous si on ne pouvait même plus jouer avec un Amiga !). Je me suis donc procuré il y a quelques mois le paquetage Pro Page 1.2 version française + Pro Draw 1.0 à un bon prix (car sortie de Pro Page 1.3 et Pro Draw 2.0) et un copain me prête la version 1.3 avec les polices CG en question. J'ai tapé à l'aide de ces logiciels tout un cours, avec des formules de chimie, des graphiques, des cadres, des petits caractères et des grands, et tout sort impec sur ma Star LC-10. Évidemment, après une demi-heure d'entrelacé (en mode "normal" on ne voit qu'1/8 de la page), on a les yeux qui scintillent à mort, mais on ne se sert de Pro Page que pour la mise en page, le plus clair du temps se passe quand même avec le traitement de texte. Si mes finances remontent, j'envisagerai l'achat de la carte désentrelaceur de Commodore, de son nouveau moniteur 1950 multisynchro et de sa paire de petits baffles assortis (sinon je n'entendrai plus les merveilleux sons stéréo de mes jeux favoris). A ne pas calculer Évidemment, il vaut mieux que je ne calcule pas la somme totale que représentent tous les périphériques que j'ai acquis progressivement : un Amiga 2000 XT avec écran 1084S, une imprimante Star LC1O, un lecteur de disquette externe Amiga, un lecteur de disquette externe PC, un disque dur de 20 Mo côté PC dont j'ai assez rapidement changé le contrôleur non auto-amorçable par un contrôleur ST506/SCSI, et enfin une carte accélératrice A2620. Comme avec toutes les marques d'ordinateurs, pour faire un travail correct, il faut y mettre le prix. Avec un Amiga 500 de base, on ne peut rien faire de sérieux, j'ai même vu l'autre jour dans un "toutes boîtes" publicitaire que l'Amiga 500 était classé dans les consoles de jeux, avec les Sega, Nintendo, etc. C'est évidemment injustifié ("c'est un scandale" diront même certains) car avec l'addition de quelques périphériques (qui coûtent quand même plus chers que la machine elle-même), l'Amiga 500 devient un véritable ordinateur. L'avantage est qu'on peut augmenter les potentialités de sa configuration petit à petit, c'est chaque fois un peu mieux, c'est chaque fois un nouveau plaisir, mais c'est si peu professionnel ! Je crois bien que l'Amiga 3000 est le premier Amiga professionnel de Commodore car il intègre tout dès le départ. Mais je crains bien que le côté poudre aux yeux, tambours et trompettes multicolores du multimédia ne soit encore le seul à être exploité convenablement et que ce bijou ne reste lui aussi marginal et sous-exploité dans les autres domaines. La numérisation Pour terminer avec la PAO, il faut bien dire qu'elle ne peut mériter ce nom qu'a la condition d'inclure la numérisation d'images ou de graphiques issus de livres ou de publications. Quand j'ai acheté ma machine (chez un vrai spécialiste Amiga), je me suis entendu dire que ce que les autres (avec des PC) devaient faire avec un scanner hors de prix était fait sur Amiga avec une caméra (une bête caméra de surveillance suffit, disait-il) et Digi-View. Et bien nenni ! Je lui ai demandé de me numériser un graphique tiré d'un bouquin, avec quelques caractères de taille tout à fait normale, c'était absolument illisible, donc pour moi exit. Attention, si c'est une photo de votre fiancée que vous voulez numériser avec ce système, ce sera OK, sur votre moniteur vous serez capable de l'identifier avec la certitude de ne pas la confondre avec Marilyn Monroe et de la faire passer sur une bande vidéo. Si vous avez une bonne imprimante, vous pourrez aussi la reconnaître sur papier, mais moins bien qu'avec un scanner. Alors, mon spécialiste n'en est-il pas un ? Je crois que si, mais encore une fois, dans son esprit Amiga, pour lui, numérisation = vidéo et de pure bonne foi, il a d'énormes difficultés pour y voir autre chose. Encore de la poudre aux yeux. Je me renseigne donc sur les scanners disponibles pour Amiga (en noir et blanc). Résultat : un scanner à plat hors de prix et un scanner à main. Que vaut ce dernier ? Selon mon spécialiste, rien, il me décourage à fond d'acheter cet accessoire qui vaut quand même dans les 2500 FF (il y a une pub dans Commodore Amiga Revue pour un nouveau scanner à main à 1990 FF, je serais vraiment curieux de savoir ce qu'il vaut). Pourtant, je connais des utilisateurs de cet instrument sur PC qui en sont très satisfaits et qui l'utilisent pour toutes leurs insertions de logos, de graphiques ou d'images dans leurs textes. En plus, il est presque à moitié prix de celui pour Amiga. Alors, que penser, que faire sinon prendre des ciseaux, de la colle et la photocopieuse du coin ? Éducatif Dans le domaine éducatif, le nombre de programmes disponibles en français est très limité par rapport à ce qu'on trouve sur PC ou sur Atari, mais de toute façon, je ne crois pas beaucoup à ce type de programme, le rôle de l'ordinateur personnel dans l'éducation ayant, à mon avis, une réputation nettement surfaite. Quelques trucs en passant Pour terminer, voici quelques "trucs" découverts au cours de mes rapports avec le plus humain des ordinateurs (pas d'allusions je vous prie !), peut-être serviront-ils à quelques amis gars ? J'utilise le pilote EpsonX[CB-M_MPS-1250] et j'ai configuré ma Star LC10 en mode Epson standard, mais avec le jeu de caractères USA et non français. Les caractères spéciaux (accentués, etc.) sortent normalement, mais en plus en mode IBM avec la carte XT tout va extra, notamment ça fait des véritables impressions écran avec les caractères graphiques IBM et tout et tout. Pas de problème non plus avec KindWords. Étant donné qu'il existe une multitude de configurations différentes, il vaut mieux tester soi-même l'effet de la commande "addbuffers". Ainsi, je trouvais mon disque dur particulièrement lent en mode PC (contrôleur Commodore A2092 avec disque dur Kalok 20 Mo d'origine PC, avec un fichier de 8 Mo pour le PC dans la partition DH0: de l'Amiga, vous suivez ?). Il était même plus lent (en mode PC) que lorsque ce même disque dur était du côté PC avec un contrôleur RLL (mais non auto-amorçable hélas puisque du côté PC), avec une partition Amiga nommée "JH0" (OK ?). Je me disais que c'était normal car les données devaient transiter par le tampon entre la carte PC et le disque Amiga, alors qu'auparavant, le transfert était direct. Je relatai dès lors le fait à mon spécialiste Amiga qui me jura mordicus que le disque dur avec contrôleur Amiga ne pouvait absolument pas être battu par le contrôleur PC, même sur son propre terrain. J'ai alors testé l'effet de la commande "addbuffers dh0:" de différentes valeurs. Au fur et à mesure que j'ajoutais des tampons, la vitesse augmentait, mais très peu, et puis, tout-à-coup, une brusque accélération avec "addbuffers dh0: 135". Je testais le disque dur en faisant une recherche dans une base de données bibliographiques et il ne fallait plus que 5 secondes (au lieu de 25 secondes !) pour trouver l'auteur recherché, soit un facteur 5 d'accélération ! Évidemment, cela consomme environ 65 ko de mémoire (à mon avis, avec un tampon de cette taille, on transfère en une seule fois le contenu de 64 ko du tampon de la carte passerelle, ce qui donne cette turbo accélération), mais ceux d'entre nous qui possèdent une carte PC ont au moins un Mo de mémoire, alors... Toutefois, j'ai inséré dans la startup-sequence, au moyen de la fonction "ask", une question me demandant si je compte utiliser la carte PC. Si oui, alors lancement de la carte avec "binddrivers" et "addbuffers fh1: 135", si non, rien de tout cela et je dispose alors du maximum de mémoire. Voilà, ma tartine étant déjà suffisamment longue, je m'arrêterai ici.
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