Obligement - L'Amiga au maximum

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Dossier : Travailler avec Andy Warhol, les souvenirs de Jeff Bruette
(Article écrit par David Farquhar et extrait de The Silicon Underground - juillet 2024)


Note : traduction par Mickaël Pernot.

Au cours de l'été 1985, Jeff Bruette s'est vu confier, dans le cadre de son travail, une mission qui allait changer sa vie. Son employeur, Commodore, venait d'embaucher un nouveau porte-parole en matière de graphisme nommé Andy Warhol, mais celui-ci ne connaissait rien aux ordinateurs. Commodore a alors choisi Jeff Bruette pour lui enseigner les compétences informatiques indispensables.

Le lien entre Andy Warhol et Commodore

Andy Warhol Debbie Harry travail en cours
Cette image montre Andy Warhol appliquant un remplissage à l'image monochromatique qu'il a prise
à partir de la carte d'acquisition d'images A-Squared connectée à l'Amiga


Un des cadres de Commodore, nommé Steven Greenberg, travaillait dans l'immeuble "Rockefeller" à New York, séparé des bureaux de Commodore qui se trouvaient dans l'immeuble "Seagram" où Irving Gould avait son bureau. Steven Greenberg s'occupait des relations publiques externes de Commodore et connaissait personnellement Andy Warhol. Il voulait qu'Andy Warhol fasse une démonstration de l'Amiga, et celui-ci a aimé l'idée. Ils ont ainsi conclu un accord qui prévoyait une méthode de paiement non conventionnelle.

La mission qui lui a été confiée a cependant dérouté Jeff Bruette. Pourquoi Commodore engageait-il quelqu'un qui ne connaissait rien aux ordinateurs ? Il parla de sa nouvelle mission à un collègue qui lui demanda de qui il s'agissait. Il a répondu : "Je ne sais pas, Andy, le nom de famille commence par un w, Warhol peut-être ?" Et le collègue a répondu : "Oh, le gars des boîtes de soupe Campbell ?" Ceci l'a encore plus troublé. Pourquoi Commodore était-il obsédé par le type qui avait conçu la boîte de soupe Campbell ? Peut-être que le dessinateur de la boîte de Coca-Cola n'était pas disponible...

Jeff Bruette m'a dit qu'il n'avait pas réalisé qu'Andy Warhol était célèbre jusqu'à ce que des célébrités comme Ric Ocasek, chanteur/compositeur du groupe The Cars, commencent à lui rendre visite pendant ses sessions.

Il a également déclaré que cela avait amélioré leur relation de travail. Comme il ne savait pas qui était Andy Warhol lorsqu'il s'est présenté à son studio, les deux hommes ont abordé ces séances comme une relation entre pairs. Andy Warhol le voyait simplement comme un artiste graphique qui enseignait à un autre artiste comment utiliser un ordinateur.

La prise en main de l'Amiga ne s'est pas faite naturellement pour Andy Warhol

En 1985, Andy Warhol avait 55 ans et n'avait été que très peu exposé aux ordinateurs jusqu'alors. L'année précédente, Steve Jobs avait tenté de lui offrir un Macintosh, mais Andy Warhol n'avait pas répondu à ses propositions. En octobre 1984, il se trouvait à la fête d'anniversaire de Sean Lennon, et Steve Jobs avait offert un Macintosh au jeune Lennon. Andy Warhol et un autre artiste, Keith Haring, étaient présents et curieux. Steve Jobs donna à Andy Warhol une rapide leçon d'informatique, à l'issue de laquelle ce dernier réussit à dessiner un cercle, mais ça s'est arrêté là. Et comme l'ordinateur n'avait pas de couleur, il s'est désintéressé de la question.

Jeff Bruette m'a dit qu'Andy Warhol n'avait rien retenu de cette première leçon. Il a d'ailleurs fallu un certain temps pour qu'il retienne ses leçons sur l'Amiga. Il disait qu'ils avaient une leçon le matin, qu'ils faisaient une pause pour le déjeuner et qu'ils devaient commencer la session de l'après-midi par un rappel des bases de l'utilisation de la souris. Andy Warhol n'a jamais compris non plus le concept de lancement de différents programmes. Il ne se souvenait plus du nom du programme de dessin qu'il utilisait pour coloriser ses images. Jeff Bruette a donc renommé le fichier "ProPaint" en "Andy" pour qu'il se souvienne plus facilement de cette partie du processus.

D'après certains, lorsque le mois de juillet 1985 est arrivé, Andy Warhol avait maîtrisé l'Amiga. Mais ce n'est pas ainsi que Jeff Bruette décrit la situation. Andy Warhol en avait appris suffisamment sur le système pour pouvoir adapter certains de ses processus artistiques à l'Amiga. Il a vu le potentiel que la machine avait pour l'expression créative, mais dire qu'il était à l'aise avec un Amiga est exagéré.

Le processus d'Andy Warhol

Andy Warhol disposait d'un prototype de carte d'acquisition d'images A-Squared qu'il pouvait utiliser pour connecter une caméra vidéo analogique JVC à son Amiga. Il pouvait alors faire poser son sujet devant la caméra, ajuster le cadre à sa convenance, faire ajuster le sujet à sa pose, ajuster la caméra pour obtenir une image monochromatique à fort contraste qui ressemble à ce que vous obtiendriez si vous photocopiez une photo couleur, puis il pouvait capturer l'image et la sauvegarder. Avant l'Amiga, il devait prendre une série de photos avec un appareil photo instantané Polaroid, trouver celle qu'il préférait, puis photocopier l'image et travailler à partir de la copie. Avec l'Amiga, le processus était beaucoup plus rapide.

La carte d'acquisition A-Squared est très rare. Jeff Bruette dit qu'il n'en a vu que deux, en plus de celle d'Andy Warhol.

L'artiste pop art a également utilisé cette configuration pour obtenir l'effet d'infini dans l'un de ses autoportraits. Il s'est assis devant l'Amiga, puis a placé la caméra devant lui pour créer l'effet d'infini, Andy Warhol étant assis devant un ordinateur affichant une image de lui assis devant un ordinateur.

Modifier les images

Pour transformer ses captures vidéo de l'A-Squared en une image à la Andy Warhol, il chargeait le fichier ainsi obtenu dans ProPaint, sélectionnait la palette de couleurs qu'il souhaitait, puis appliquait des remplissages sur l'image. C'est une formule simple que nous pouvons reproduire aujourd'hui avec un téléphone et un ordinateur en prenant une image, en la convertissant en noir et blanc, en augmentant la luminosité et le contraste, puis en utilisant le "seau de peinture" dans un logiciel de dessin moderne. C'est la sélection des couleurs, la composition et le choix du sujet qui en font une oeuvre d'Andy Warhol.

Mais il faut aussi garder à l'esprit qu'il n'existait à l'époque aucun ordinateur sur le marché capable de manipuler une image de cette manière en couleur, du moins pas avec une sélection de 4096 couleurs différentes. Aucun autre ordinateur sur le marché ne pouvait non plus capturer une image en direct aussi rapidement et facilement.

L'histoire du remplissage d'Andy Warhol

Une histoire bien connue, provenant de l'ingénieur Amiga RJ Mical, raconte que les ingénieurs paniquaient chaque fois qu'ils voyaient Andy Warhol utiliser le remplissage. Jeff Bruette conteste cette histoire. Tout en admettant que des versions de ProPaint dotées d'une fonction de remplissage par inondation étaient sujettes aux plantages et ont pu circuler dans les bureaux de Commodore, la fonction fonctionnait généralement dans les copies du logiciel qu'il utilisait. "Si la forme avait un grand nombre d'embranchements, la fonction de remplissage pouvait se perdre en essayant de comprendre comment remplir l'ensemble de la forme", a-t-il déclaré. Mais si l'on prend l'exemple de l'image de Debbie Harry, le seul remplissage qui aurait pu présenter un danger aurait été celui de ses cheveux. Le reste de l'image était simple. Et si l'on avait supprimé les remplissages à Andy Warhol, on aurait tout aussi bien pu supprimer la couleur.

L'image de Debbie Harry par Andy Warhol

La célèbre image de Debbie Harry n'a pas été créée pendant la présentation. Ils ont fait une répétition plus tôt dans la journée, au cours de laquelle Andy Warhol a expliqué le processus de capture d'une image de Debbie Harry et de remplissage.

Plus tard dans la journée, lorsqu'ils l'ont fait pour de vrai, les conditions d'éclairage étaient différentes et l'image initiale qu'il avait capturée n'avait pas autant de contraste. Idéalement, il aurait dû régler la caméra pour compenser la différence d'éclairage, mais comme il était limité par le temps, il a fait ce qu'il a pu avec l'image capturée. Le problème, c'est que ses remplissages n'allaient pas là où il le souhaitait et que tout ce qu'il a fait pour essayer de les corriger n'a fait que les rendre moins reconnaissables. L'image qu'il a créée pendant la présentation en direct était donc inutilisable.

Corriger la présentation dans la vidéo publicitaire

Le fait de disposer de la copie antérieure s'est avéré fortuit. Jeff Bruette a reconverti l'image en une image monochromatique ressemblant à ce que l'artiste pop art avait commencé, puis, pendant le montage, à chaque fois que la caméra montrait Andy Warhol en train de travailler sur l'image, on passait à de nouvelles séquences montrant Jeff Bruette en train de suivre le processus.

"Ainsi, lorsque vous regardez la vidéo de Commodore sur l'événement, lorsqu'Andy Warhol dit qu'il déplace la souris et sélectionne une couleur, puis un remplissage, c'est moi", a-t-il déclaré.

Pendant 39 ans, Jeff Bruette n'avait jamais raconté cette histoire, car elle remet en question la provenance de l'image d'Andy Warhol. Sauf que la chaîne de télévision ABC News avait été présente plus tôt dans la journée et avait filmé la répétition. Dans le clip diffusé par ABC, on voit brièvement Andy Warhol en train d'appliquer le remplissage sur les cheveux. Jeff Bruette a trouvé les images brutes originales sur Getty Images et en a obtenu la licence. Il est donc en possession des images brutes originales, qui illustrent davantage le processus de création de l'image. Cela lui permet également de raconter l'histoire en toute sécurité, puisqu'il a la preuve qu'elle s'est déroulée comme il l'a dit.

Andy Warhol et l'Amiga après la présentation

Il est facile d'avoir l'impression qu'après cette présentation, Andy Warhol a abandonné l'Amiga. Mais ce ne fut pas le cas. L'artiste américain a utilisé l'Amiga pour des effets spéciaux dans son talk-show sur MTV, "Andy Warhol's Fifteen Minutes".

Jeff Bruette dit qu'ils sont restés amis après la présentation de l'Amiga, et qu'Andy Warhol l'appelait de temps en temps pour lui poser des questions. Il a également fait appel à Jeff Bruette pour l'assister lors de l'entrevue accordée au magazine Amiga World. Cette entrevue a donné lieu à huit images supplémentaires sur la disquette signée de sa main. Andy Warhol s'est rendu compte que ses images au format 4:3 ne conviendraient pas pour la couverture d'un magazine, il a donc demandé si cela poserait un problème de positionner le moniteur sur un côté. Jeff Bruette lui a répondu que non, mais qu'il devrait aussi tourner la souris. Andy Warhol l'a fait et a utilisé la souris de cette étrange manière pour créer des images au format 3:4, adaptées à la couverture du magazine.

Ils se sont ensuite perdus de vue en 1986, lorsque Jeff Bruette a quitté Commodore pour s'installer en Californie. "Nous n'avions pas de téléphone portable à l'époque, et le seul moyen qu'il connaissait pour me contacter était d'appeler le téléphone de mon bureau à Commodore", dit-il. Malheureusement, Andy Warhol est mort en février 1987.

Après Commodore, Jeff Bruette est allé travailler pour Aegis, la société à laquelle Commodore a vendu ProPaint. Aegis commercialisait ProPaint sous le nom d'Aegis Images. Mais il s'est rapidement retrouvé à travailler lui-même pour la télévision, sur la série "Max Headroom" (la vraie, pas celle pirate de la région de Chicago) et sur "Amazing Stories" de Steven Spielberg. "Amazing Stories" a été diffusée sur NBC de septembre 1985 à avril 1987 et "Max Headroom" l'a été de mars 1987 à mai 1988 sur ABC. Le studio de Steven Spielberg l'avait contacté pour qu'il vienne le voir, et il leur avait dit qu'ils avaient besoin d'un appareil appelé Genlock pour faire ce qu'ils voulaient faire. Il se trouve qu'il avait un prototype de Genlock Amiga dans le coffre de sa voiture, ce qui lui a permis d'être embauché sur-le-champ.

Comment Jeff Bruette est entré en possession de l'oeuvre d'Andy Warhol

Jeff Bruette raconte que la sauvegarde de l'image a été une sorte de réflexion après coup. Il a pris une disquette, a sauvegardé l'image et l'a remise à Andy Warhol. Ce dernier la lui a rendue et lui a suggéré de la conserver. Jeff Bruette lui a alors demandé : "Voulez-vous me la signer ?". Ni lui ni Andy Warhol n'avaient de Sharpie (NDTrad : célèbre marque de feutres outre-Atlantique), mais un membre de l'entourage d'Andy Warhol en avait un.

Le tirage unique de Debbie Harry

La rareté de la gravure est une autre histoire. Jeff Bruette avait quitté Commodore en 1986 en bons termes et revenait de temps en temps rendre visite à ses ex-collègues. Après s'être identifié à la réception, il pouvait se promener librement dans les bureaux sans avoir besoin d'une escorte. Un jour, alors qu'il était en visite, il est entré dans le bureau d'une vice-présidente de Commodore qui était en train de vider ses effets personnels. Jeff Bruette remarqua la gravure qui se trouvait dans le bureau et elle lui demanda s'il la voulait. Il a répondu par l'affirmative, l'a enroulée dans un tube en carton pour le protéger et l'a ramené chez lui. Au fil des ans, Jeff Bruette a gardé la disquette et la gravure en lieu sûr comme souvenirs, rangées avec d'autres souvenirs de cette période de sa vie.

Bien des années plus tard, en 1999, un ami qui logeait chez lui a vu l'importance que cette copie pouvait avoir. Il lui a demandé pourquoi elle n'était pas encadrée et Jeff Bruette lui a répondu qu'il n'avait jamais eu l'occasion de le faire. Son ami, qui s'y connaissait en art, lui a assuré qu'il fallait l'encadrer. Jeff Bruette s'est alors dit : "Eh bien, si c'est dans un cadre, pourquoi ne pas aller jusqu'au bout et inclure la disquette que j'ai contenant l'image d'origine ?". Et c'est en août 2024 que Jeff Bruette a annoncé qu'il possédait l'oeuvre d'art perdue d'Andy Warhol sur Amiga.

Les avis divergent quant au nombre de copies existantes de cette impression. Debbie Harry a déclaré dans son autobiographie qu'il y en avait eu deux. Jeff Bruette dit qu'on lui avait indiqué que Commodore avait été autorisé à en produire trois, mais personne ne sait ce qu'il est advenu du troisième tirage, ni même s'il a jamais été réalisé.


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