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Présentation Durant de nombreuses années l'Amiga a été relativement pauvre dans le domaine des logiciels de navigation Internet, et voilà que, depuis la sortie de Sputnik fin 2006 sur MorphOS, les navigateurs Web sont devenus les logiciels les plus portés sur nos machines. OWB, alias Origyn Web Browser, débarqua sur AmigaOS 4 fin 2007 avant de faire une entrée fracassante sur le système au papillon bleu. Il ne faut pas oublier non plus son portage sur AROS et Amiga Classic, et je passe sous silence tous les navigateurs tels NetSurf et autres confrères pour AmiCygnix. Dans cette déferlante de navigateurs, les frères Frieden, développeurs d'AmigaOS 4.x, ont créé la surprise et l'étonnement de la communauté en annonçant, en septembre 2009, le portage du géantissime et monstrueux Mozilla Firefox, basé sur le moteur Gecko, et lui donnant au passage, pour des raisons de droits, le doux nom de Timberwolf. Une cagnotte d'une valeur actuelle de 5106 euros existe sur le site AmigaBoutny.net et elle a été attribuée tout naturellement aux frères Friedens qui portent ce projet à bout de bras. Nombre d'entre nous se sont alors demandés quels pourraient être les intérêts d'avoir un tel navigateur, si lourd, sur nos configurations si modestes, alors qu'OWB basé sur le moteur Webkit d'Apple, plus léger que Gecko, répondait déjà à la grande majorité de nos besoins toutes plates-formes amigaesques confondues. ![]() La fenêtre "A Propos" de Timberwolf Alors, Timberwolf fait-il réellement double emploi avec les navigateurs concurrents ou apporte-t-il son lot d'intérêts ? Je me suis penché sur ce logiciel pour tenter de comprendre ce qu'il saurait faire de mieux que les autres et voici en détails mes découvertes sur cette première version alpha. Prérequis Mercredi 9 juin 2010 fait apparition sur Aminet l'archive Timberwolf_install.lha. Après avoir été prévenu de ce nouveau venu par le forum d'Amiga Impact, je me suis précipité pour redémarrer mon Pegasos II sous AmigaOS 4 et vite télécharger cet objet de grande curiosité. L'archive pèse à peine 16 Mo et en quelques instants elle était téléchargée et décompressée en RAM, ce périphérique si cher à nos systèmes chéris. Je commence par explorer le fichier "readme" qui met fortement en garde contre les plantages fréquents et les soucis de rafraîchissement des pages. Certains composants du navigateur comme les menus ne sont contrôlables qu'avec le clavier. Nous apprenons qu'il est fort probable que la fenêtre du navigateur soit trop grande à son premier lancement et qu'il est judicieux d'utiliser la combinaison de touches "Amiga + Alt" afin de changer sa taille par n'importe quels de ses bords. Les possesseurs d'AmigaOS 4 sous Classic devrons se priver de ce logiciel car il nécessite la version 4.1 Update 2, distribuée il y a deux mois en prévision de l'arrivée de ce navigateur. Or, AmigaOS 4 en version Classic PowerPC n'a pas été mis à jour. Découverte du programme L'installation s'est passée le plus simplement du monde avec le script adéquat. Impatient et fébrile, j'exécute Timberwolf le coeur battant à vive allure. Quelques secondes après le double-clic, une fenêtre s'ouvre avec l'interface bien connue de Firefox. Il n'y a pas de doutes, c'est bien ce géant du Net qui s'exécute sous mes yeux emplis de curiosité. Puis le navigateur charge la page de Mozilla Firefox 3.5 bêta 4. Cette page s'affiche correctement même si ce n'est pas très rapide. Un deuxième onglet s'ouvre sur une des pages du site www.friedenhq.org consacrée au navigateur. On y apprend tout ce qu'il y a à savoir sur ce logiciel en plein développement comme les limitations actuelles, les conditions nécessaires pour le faire fonctionner, le fait qu'il n'y ait pas encore de code spécifique AmigaOS dans ce programme, etc. En se baladant un petit peu sur ce site, pour le moment très dépouillé, on découvre vite une page sur les "objets partagés" récemment implémentés dans AmigaOS 4.x : découle de cela la possibilité d'utiliser des objets de type Unix en .so ainsi que des bibliothèques dynamiques de type windows en .dll. On ne sera donc nullement surpris de trouver une flopée de fichiers .so dans le répertoire de Timberwolf. Je décide alors de me précipiter sur Amiga Impact pour tester l'édition de messages sur le forum et cela a fonctionné correctement. L'un des premiers désagréments que j'ai constaté fut la méthode de rafraîchissement par passes multiples car l'écran clignote au noir plusieurs fois avant d'afficher la page définitivement. Il m'est arrivé qu'une partie de la page reste noire, il m'a alors été nécessaire de faire défiler celle-ci pour que le rafraîchissement ait lieu de nouveau et vienne ainsi corriger l'effet du bogue. A première vue, le navigateur n'est pas encore très rapide mais est déjà très utilisable. Ce qui me surprit le plus dans les premiers instants fut la stabilité de l'ensemble. Alors que j'avais été fortement alarmé par la page d'informations sur Timberwolf au sujet des risques de plantages et des soucis d'affichage, ce dernier n'a pas planté une seule fois pendant les dix premières minutes de navigation jusqu'au moment de quitter l'application où celle-ci me lâcha avec un immonde Grim Reapper (j'avoue avoir un petit faible pour l'ancien Guru Meditation, question de nostalgie sentimentale). Mis à part quelques textes qui se chevauchent de temps en temps, Timberwolf se débrouille plutôt bien pour l'affichage des pages, malheureusement il reste aveugle face aux contenus en Flash de la même façon que son concurrent direct, OWB, sur le même système. Timberwolf n'est donc pas pour le moment la solution pour les sites en Flash sur AmigaOS 4.x. Un autre point qui peut surprendre sur Amiga est l'aspect des menus, car ceux-ci sont tout simplement identiques à une version X11 non édulcorée de thèmes graphiques. Ici, d'un point de vue visuel, il n'y a pas un poil de Reaction, pas plus que de MUI. Bien que les fenêtres englobant l'application soient en Reaction, tout leur contenu est totalement "alienogène" donnant même l'impression de piloter une application Unix à travers un logiciel de type VNC ou RemotDesktop. Cet aspect Unixoïd est très peu apprécié de notre communauté car il rend l'utilisation de cette application aussi banalisée que de l'utiliser sous n'importe quel Linux. Est-ce que cette interface disparaîtra au profit d'une conception de type Amiga ? Il semblerait que ce soit une condition pour que la cagnotte soit validée, néanmoins sur ce point la cagnotte n'est pas assez claire et pourrait permettre de laisser l'interface avec cet aspect. Le futur nous en dira plus. ![]() Des menus Unixiens Comme indiqué dans le "readme", les menus ne sont pas réellement contrôlables à la souris et pour pouvoir les faire défiler, il faut une fois de plus se référer au monde Unixoïd ou Windowsien en se servant des classiques raccourcis clavier de ces systèmes. Grâce aux touches "Alt + f", on peut ouvrir les menus et y naviguer avec les flèches de direction, la touche "Entrée" servant à valider la sélection. J'ai fait le tour du propriétaire et bien qu'avec le clavier les menus se comportent mieux, il reste des bogues très gênants comme les sous-menus qui s'affichent en dessous du menu parent devenant par la même partiellement, voire totalement, cachés. En vrac, voici quelques fonctions que j'ai testées depuis ces menus : La sauvegarde de pages depuis le menu "file/save page as" semble fonctionner même si la fenêtre de requête a de gros problèmes à afficher son contenu. Je me suis contenté de sauver une page simple là où il pointait déjà, c'est-à-dire dans Sys:. Le résultat de la sauvegarde est systématiquement un fichier en .php, ce qui peut sembler curieux quand la page en cours est en HTML. ![]() Depuis le menu "Tools" on accède au gestionnaire des téléchargements. Même si cette fenêtre s'ouvre, pour le moment il est impossible de télécharger quoi que ce soit. On notera que les pages sauvées à travers "save page as" sont répertoriées dans la fenêtre des téléchargements. La fenêtre des préférences composée de plusieurs onglets, bien que semblant fonctionner, de par sa mise en page chaotique reste assez difficile à explorer avec les raccourcis clavier. Je me suis donc contenté de visiter les onglet sans tester leur contenu. Depuis le menu "View" il est possible d'afficher le code source de l'onglet en cours sans problèmes visibles. Toujours depuis "View", on accède à l'activation de la colonne latérale pouvant afficher l'historique (qui ne s'affiche pas très bien) ou encore les liens favoris (qui sont, eux, déjà plus utilisables). ![]() La page principale des préférences ![]() La page préférences du contenu ![]() Trois gadgets non-Amiga Les listes de sélection de valeurs sur les sites, telles que les dates, etc., se déroulent systématiquement en noir rendant pour le moment impossible l'utilisation de Timberwolf pour remplir, par exemple, des formulaires. Conclusion en trois parties Un vrai sentiment de sérieux Cette version alpha, bien que pleine de limitations, reste malgré tout assez impressionnante tellement il semblait improbable qu'un tel monstre puisse fonctionner à une vitesse convenable sur nos machines. Et pourtant, bien que loin d'être optimisée, la vitesse de navigation est déjà acceptable, du moins sur mon Pegasos II G4. Hormis les bogues d'affichage grandement dus à l'adaptation de l'interface Unixoïd, il faut avouer que c'est déjà assez stable. Je me suis amusé à ouvrir onze onglets avec des pages complexes comme Météo France, le transilien, et le navigateur a tout affiché correctement sans planter. J'ai noté un ralentissement assez important au fur et à mesure de l'ajout des onglets, mais cela me semble tout à fait normal puisqu'il s'agit d'une version dont le mode de débogage est activé et sans aucune accélération matérielle. La seule fois où j'ai été obligé de quitter l'application en faisant un redémarrage de la machine, fut dû à mon acharnement à vouloir ouvrir toutes les fenêtres possibles depuis les menus Unixoïds me retrouvant devant un message sans texte ni boutons. Alors qu'à plusieurs reprises il m'avait suffi de taper "Entrée" pour sortir d'un tel message, sur ce dernier rien n'y fit. Un avenir prometteur L'exploration de cette première version alpha m'a finalement persuadé de l'intérêt de ce logiciel sur AmigaOS 4. En effet, Timberwolf apporte son lot de fonctions indispensables comme un gestionnaire de téléchargement, une gestion des historiques et des liens favoris soignée et standard, la garantie que les pages s'afficheront toujours convenablement, hormis les pages utilisant du Flash, ainsi que l'assurance d'avoir à long terme un navigateur régulièrement mis à jour sans gros efforts de la part de notre communauté. Timberwolf est aussi le moyen de rassurer les utilisateurs non amigaïstes, même si c'est au détriment des goûts de notre communauté, en leur offrant une interface familière : certains d'entre nous ressentiront cela comme un véritable coup de poignard vis-à-vis de l'identité de l'Amiga. Timberwolf apporte aussi avec lui le gestionnaire de ces fameux modules externes qui lui sont voués fréquemment. Espérons qu'ils soient portés et entretenus régulièrement dès qu'ils changent sans quoi leur intérêt risque d'être très limité (NDLR : à ce propos, l'extension "Video DownloadHelper" semble fonctionner après quelques petites bidouilles expliquées sur amigaworld.net). ![]() Le menu des extensions Est-il raisonnable, dès à présent, de vouloir remplacer OWB par Timberwolf ? La réponse est "non" car à la vue de toutes les limitations citées dans ces lignes, OWB reste encore à ce jour le seul navigateur à réunir stabilité, rapidité, fiabilité et un certain confort. Il est évident que dans cette première version alpha, Timberworlf joue son rôle d'application servant à faire découvrir le navigateur aux amigaïstes sans aucune prétention d'être un outil à utiliser au quotidien comme cela est d'ailleurs précisé sur le site dédié à Timberwolf. Les frères Frieden expliquent être en train de travailler en priorité, actuellement, sur le passage de la version 3.5 vers la 3.7 de Firefox, ce qui est un travail de longue haleine. Cela veut aussi dire qu'ils se concentrent plus sur le coeur du programme que sur l'interface. Nous pouvons donc nous attendre à une prochaine version contenant un moteur très récent, mais contenant probablement encore beaucoup de travail à faire sur la GUI. Le mot de la fin Pour terminer, ce nouveau navigateur est, à mes yeux, plein de promesses et il faut avouer que s'il arrive à maturité, son seul concurrent sérieux sera la version OWB sur MorphOS qui ne devrait pas lui faire trop d'ombre puisqu'il n'est pas adressé à la même partie de la communauté. Avec Timberwolf, le futur de la navigation Internet sur AmigaOS4 est déjà là.
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