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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Actualité : Sus aux pirates
(Article écrit par Dany Boolauck et extrait de Tilt - juin 1989)
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Ça bouge depuis quelques mois dans le milieu, pas si fermé que ça, des pirates ! Perquisitions, dépositions, instructions...
les pirates ont des problèmes, de gros problèmes qui ne sont pas près d'arriver à un terme. Les policiers sont à leurs
trousses et ça va encore jaser dans les bas-fonds de la disquette déplombée !
Pourquoi revenir sur ce sujet, récemment traité dans un de nos plus
gros dossiers ? Tout simplement l'actualité, ponctuée
depuis quelques mois par de terribles remous qui ont secoué le petit monde du piratage
organisé. En outre, à en juger par le courrier que nous recevons et les réactions du milieu
professionnel, ce dossier a fortement marqué les esprits. Pour arranger les choses, la sortie
dudit dossier a été immédiatement suivie par une série de perquisitions chez de gros pirates.
Ce concours de circonstances a semé le trouble chez les petits copieurs, au point que certains
nous accusent d'être directement responsables de ces événements.
Les tribulations policières des pirates
Des pirates appartenant aux plus gros groupes français ont fait l'amère expérience d'une perquisition suivie
d'une garde à vue policière. Les esprits simples ont tout de suite fait un rapprochement, non fondé, avec
la sortie du dossier de Tilt. Pourtant la vérité est encore plus simple que cela et un petit retour en
arrière s'avère nécessaire.
Un membre d'un groupe pirate, le RDAP, réussit à convaincre la société Lankhor de lui vendre un exemplaire
de Morteville Manor sur Amiga. Étonnant qu'un pirate s'adresse à un éditeur, non ? Pas tant que ça quand
on sait que le jeu en question n'était pas encore en vente ! Comment s'y prend-on pour convaincre un éditeur
de vendre un logiciel avant sa sortie ? Téléphonez plusieurs fois à l'éditeur de votre choix et dites que
vous voulez offrir un jeu à un copain pour son anniversaire. Insistez, implorez jusqu'à ce qu'il craque !
C'est ce que Lankhor fait à cinq jours de la sortie officielle du jeu.
Quelque temps plus tard, un passant ramasse un paquet (ou une lettre) égaré. En bon citoyen, il l'apporte à
la gendarmerie d'Exelmans qui y découvre une disquette originale de Morteville Manor de Lankhor et... une
version pirate. Contacté par les autorités, Lankhor reconnaît le nom et l'adresse du pirate du RDAP, réagit
instantanément et porte plainte. Le reste est facile à deviner. L'expéditeur du paquet, facilement repéré,
reçoit la site des autorités venues perquisitionner chez lui. Disquettes pirates, photocopies de documentations
et ordinateurs sont saisis !
C'est le coup d'envoi d'une longue enquête car notre pirate possède un carnet d'adresses bourré de
noms et de numéros de téléphone compromettants (y compris ceux de Megaforce et Ackerlight). Il n'en
faut pas plus à la police pour reconstituer, en grande partie, les réseaux pirates sur Amiga et ST.
L'enquête a suivi son cours normal et les perquisitions effectuées chez Megaforce, Ackerlight et
autres prouvent que les gendarmes et l'APP possèdent des dossiers très détaillés. Rien d'étonnant à cela,
chaque pirate possède son petit carnet d'adresses et chaque perquisition a permis de connaître de
nouveaux noms !
Jusqu'ici, il semble que tous les gros pirates aient été convoqués (au moins une fois). En outre, 1600
copies pirates sont gardées sous scellés. Elles ont été répertoriées par label pour ensuite être
présentées aux éditeurs concernés. Aux dernières nouvelles, ces derniers auraient tous porté plainte
"à l'encontre des auteurs des contrefaçons saisies". Autrement dit, après une instruction menée dans
les règles, il y aura vraisemblablement procès au cours duquel les pirates devront répondre de diverses
charges.
Ceux qui pensent que l'histoire s'arrête là se trompent lourdement. Beaucoup de groupes sont connus et
seront bientôt démasqués ; ceux opérant à l'étranger ne sont pas à l'abri ! L'APP entend bien utiliser
la marge de manoeuvre permise par les accords internationaux. Précisons qu'à aucun moment, Tilt n'a
été contacté par les autorités ou l'APP pour obtenir des renseignements qu'ils n'auraient de toute façon
pas obtenus : nous sommes (faut-il le répéter à chaque fois) liés par le secret professionnel.
Nous accuser de divulguer "secrètement" nos informations alors que paraît dans nos colonnes un dossier sur
les pirates est risible. Même un enfant ne se laisserait pas prendre par une manoeuvre "si finement pensée",
désolé mais ces sabots sont trop gros pour Tilt. De la perspicacité, que diable !
Le piratage mort ?
Ceci dit, on peut s'interroger sur les conséquences de ce que nous avons décrit. Le piratage est-il mort en France ?
La réponse amène instinctivement un non catégorique. Nous avons pu contacter des pirates qui opèrent encore
mais plus discrètement. Nombre d'entre eux sont des gens de la profession ! On en trouve dans les magasins
spécialisés, chez les distributeurs, programmeurs, dans la presse, au stade de la duplication, chez les
testeurs de jeux des éditeurs, et chez les éditeurs eux-mêmes ! Bref, on voit à quel point le piratage est ancré
dans cette industrie.
Est-ce le tribut à payer afin d'assurer l'existence de cette branche ?
Nous n'y croyons pas : il n'y a qu'à voir le développement des consoles aux États-Unis. Il n'y a pas de piratage
dans ce secteur et on enregistre des ventes phénoménales de cartouches ! Chez Sega France, par exemple,
sachez que les ventes de nouveautés n'atteignent que 30% du chiffre d'affaires ! Autrement dit, les vieux titres
continuent de se vendre. Ce n'est pas le cas dans la micro le piratage "assure" l'approvisionnement des vieux titres !
Que les éditeurs fassent le calcul du manque à gagner et ils prendront peut-être plus au sérieux le piratage
fait par des "kids".
Néanmoins, dans l'état actuel des choses, le piratage est indissociable de la micro-informatique. Il est à double
tranchant tantôt favorable, tantôt défavorable à son développement. Il est favorable pour les constructeurs
d'ordinateurs et de certaines extensions, défavorable pour les éditeurs lorsqu'il est pratiqué de manière outrancière.
Le problème vient du manque de maturité et de circonspection de l'utilisateur moyen. Le piratage alimente effectivement
sa machine préférée sans bourse délier mais grève indirectement la qualité de la majorité des jeux présents sur
le marché.
Conscient de la courte durée de vie des logiciels, les éditeurs en produisent dont les prix de revient
permettent de dégager des marges, compte tenu de la pauvreté des ventes dans le domaine de la micro-ludique.
On trouve ainsi sur le marché des produits fabriqués en fonction d'un cahier des charges et des délais insuffisants
pour que la qualité soit au rendez-vous. Un excellent logiciel sur Atari ST se vend à environ 10 000 unités en France !
Quand on sait que le parc français d'Atari ST oscille entre 100 000 et 150 000 (soyons prudents !),
le chiffre de ventes représente un faible taux de pénétration.
Malgré toutes les raisons évidentes qui pourraient expliquer ce faible taux (prix, genre du jeu, etc.),
on ne peut nier que le piratage y est pour beaucoup. Il y a donc un choix à faire, donner une chance à
cette industrie de se développer et acheter des logiciels pour permettre aux éditeurs de produire des
jeux de qualité ou continuer le piratage et accepter le fait que le marché soit envahi par des "flops".
Certains diront "On a bien des jeux comme Dungeon Master". Oui, c'est un excellent jeu et une des plus
fortes ventes sur Atari ST. Mais il a été piraté ce qui engendre un manque à gagner. Imaginez un instant ce qu'aurait
pu nous faire FTL avec ses futurs produits si toutes les copies de Dungeon Master qui sont actuellement utilisées
avaient été achetées !
Nos lecteurs nous écrivent
Nous vous faisons grâce des lettres élogieuses. Ce n'est pas l'objet de cet article. Reste les autres...
celles des mécontents. Certaines de leurs critiques sont fondées (personne n'est parfait !).
"Vous vous dressez contre les pirates" nous dit un lecteur "mais on peut se poser des questions quand
on lit vos petites annonces bourrées d'annonces pirates !".
Nos secrétaires n'avaient effectivement pas été initiées au jargon des pirates ("news", "crackés", etc.)
mais cette lacune a été vite comblée comme vous pouvez le constater depuis le n°64.
Reproche d'un autre lecteur : "Vous êtes bien placés en logiciels pirates ! Je me demande où vous avez
pu avoir Barbarian II ?" Ce lecteur fait visiblement référence à notre avant-première parue dans Tilt
hors-série (n°57 H) de septembre 1988 ! Comment Tilt a-t-il pu publier ces photos d'écrans plusieurs
mois avant la sortie du jeu ? Simple, Pete Stone, directeur de Palace Software, nous a laissé les disquettes
du jeu (nous les avons toujours) ! Il suffit de demander et on vous fait confiance ou... non !
Question : Barbarian II a-t-il circulé dans les milieux pirates avant sa sortie en magasin en février 1989 ?
Tilt a connu dans le passé l'épineux problème des fuites. Nous sommes les seuls à le reconnaître franchement
et les premiers a avoir balayé devant notre porte. Pour finir, ajoutons que certains lecteurs nous accusent
d'avoir "balancé" le groupe pirate Ackerlight. Aucun membre de ce groupe n'a participé au dossier sur le
piratage ! Mais rien d'étonnant à ce genre d'accusations, les rumeurs sont légion dans le "milieu"
et ce sont les petits copieurs qui aboient le plus fort. Ces pirates de troisième zone ont un nom
dans le milieu : les nazes.
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