Obligement - L'Amiga au maximum

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Reportage : Présentation de l'Amiga au Lincoln Center de New York
(Article écrit par David Brunet - avril 2009, mis à jour en août 2022)


Pour le lancement de sa nouvelle machine, Commodore invita des centaines de personnes, dont une bonne partie de médias américains (et pas uniquement la presse informatique), au théâtre Vivian Beaumont du Lincoln Center de New York, le 23 juillet 1985.

Présentation de l'Amiga
Le Lincoln Center (vue extérieure)

Contexte

Commodore acheta la société Amiga Inc. en août 1984 car celle-ci détenait un potentiel trésor : un prototype d'ordinateur, le Lorraine, aux spécificités jamais vues. Ce produit était idéal pour faire entrer Commodore dans l'ère des ordinateurs 16/32 bits.

Après l'achat, l'équipe d'Amiga Inc. fut relogée dans des locaux spacieux à Los Gatos, dans la banlieue de San José, en Californie. La machine fut renommée "Amiga", et avec l'aide financière et technique de Commodore, son développement put être achevé. Dans le détail, le cahier des charges ne fut pas complété à 100% (notamment au niveau de la ROM Kickstart qui devait se charger via une disquette au lieu d'être incorporée dans une puce) mais le temps tournait et il fallait sortir la "bête" pendant qu'elle était encore innovante.

Gail Wellington, chef des opérations logicielles à Commodore au Royaume-Uni, fut désignée par COmmodore pour coordonner le travail des équipes Commodore de la côte Est et de la côte OUest et aussi organiser l'événement de lancement de l'Amiga. Pendant les cinq dernières semaines précédant le lancement de l'Amiga, elle fit plusieurs fois le trajet en avion, de Los Gatos (siège de Commodore-Amiga Inc.) à New York, pour rencontrer des représentants de Caribiner International. Cette dernière était la société engagée par Commodore pour produire l'événement de lancement de l'Amiga au Lincoln Center et Gail Wellington était activement impliquée dans la coordination et la planification de l'événement.

Ambiance

Comme il est de coutume aux États-Unis, les grosses entreprises inondent les médias d'invitations pour le lancement de leurs nouveaux produits. Mais Commodore ne fit pas dans la demi-mesure. Le constructeur choisit New York et son Lincoln Center, un centre culturel multi usage accueillant des millions de spectateurs par an.

Présentation de l'Amiga
Le Lincoln Center (vue de l'intérieur)

Ce site splendide n'accueillait pas que les gens des médias, on pouvait y croiser le personnel de Commodore avec leur famille, des hommes et femmes d'affaires ou encore des représentants des entreprises concurrentes de Commodore. Tout cela dans une ambiance à la fois huppée et apaisée car il fallait donner une image professionnelle à un ordinateur qui était lancé en tant que machine haut de gamme. Il va sans dire que les tenues correctes étaient exigées (hommes en smoking et femmes en belles robes), ce que le développeur RJ Mical avait bien compris en complétant son impeccable smoking de gants blancs.

RJ Mical
RJ Mical bien accompagné

Le spectacle fut diffusé par satellite dans le monde entier. Tout le monde pouvait s'inscrire à la démonstration au Lincoln Center et suivre la présentation du produit en direct. Un orchestre ouvrit cette cérémonie qui fut la plus chère jamais organisée par une entreprise du secteur informatique. Cela enchaîna sur la projection du mot "Amiga" via des lasers sur le mur du fond du théâtre. Le ton était donné. Commodore fit du bon travail pour l'organisation de cet événement.

Présentation de l'Amiga

Présentation de l'Amiga

Présentation de l'Amiga
L'équipe Amiga présente pendant la cérémonie

Amiga en première mondiale

Le vice président du secteur commercial de chez Commodore, Robert Truckenbrode, s'adressa en premier à l'audience en tant que maître de cérémonie : "Tonight, it's the world premiere of Amiga" (ce soir, c'est la première mondiale de l'Amiga). Il laissa rapidement sa place à Robert Pariseau, le chef de l'ingénierie logicielle.

Présentation de l'Amiga
Robert Truckenbrode

Présentation de l'Amiga
Robert Pariseau

Robert Pariseau, d'habitude très détendu et rigolard, fut très concentré et annonça que la machine qui allait être dévoilée était le résultat d'efforts de recherche et d'ingénierie depuis 1982. Il savait comment faire pour formuler l'aspect technique d'une chose de manière à ce que la plupart des gens comprennent. Il débuta ses démonstrations, debout, alors que son assistant était assis derrière un Amiga, attendant les directives pour montrer telle et telle fonction du système. L'écran de l'Amiga était lié à un vidéo projecteur en couleur pour que le public puisse voir et entendre tout ce que l'Amiga pouvait faire.

Les démonstrations

La GUI

La première démonstration fut celle de l'interface graphique du système, le Workbench, avec ses fenêtres, ses icônes et ses préférences. Cela afin de mettre en évidence que "sur Amiga, c'est l'utilisateur qui gère le système, pas l'ordinateur".

Présentation de l'Amiga

Textcraft

Textcraft est le premier traitement de texte de l'Amiga. Son interface est entièrement graphique avec des menus et des icônes colorées, et non de simples textes comme sur Word ou Word Perfect sur PC.

Présentation de l'Amiga

Les graphismes

Robert Pariseau poursuivit avec les capacités graphiques de l'Amiga : affichage d'une image en 4096 couleurs, du jamais vu sur un ordinateur personnel. Une autre image, montrant la tête d'un babouin, fut affichée en 640x400, une résolution que l'industrie informatique n'égala qu'en 1987 avec le lancement du VGA (ou MCGA) par IBM.

Présentation de l'Amiga

Présentation de l'Amiga

Les graphismes dynamiques

Une autre force de l'Amiga fut sa capacité à faire bouger les images, les sprites et les pixels. Les puces spécifiques de l'Amiga permirent de gérer sans mal la coloration de triangles en temps réel, sans asphyxier le processeur central. Les triangles se croisaient et leurs couleurs se superposaient sans que la machine connaisse de ralentissement, à un rythme constant de 30 images par seconde.

Présentation de l'Amiga

Le multitâche

Le système de l'Amiga est un "vrai" multitâche. C'est ce que l'on appelle le multitâche préemptif, chose que les autres systèmes d'exploitation grand public ne connaitront pas avant la décennie 1990, voire 2001 pour Mac OS X. L'exemple du multitâche fut ici l'utilisation simultanée d'une fenêtre faisant défiler du texte, d'une application de tri, d'un affichage de graphiques et d'un traitement de texte.

L'autre exemple pour le multitâche fut l'affichage de deux graphiques (l'un en barre et l'autre en camembert) issus d'une même série de statistiques. L'utilisateur pouvait ainsi passer de l'un des graphiques à l'autre en cliquant sur un simple bouton : le multitâche faisait gagner du temps à l'utilisateur.

Présentation de l'Amiga

Le son

Robert Pariseau passa du graphisme au son. Il annonça que l'Amiga disposait de quatre canaux audio qui pouvaient être utilisés indépendamment et en laissant le processeur tranquille. On pouvait transformer le clavier de l'Amiga en piano virtuel et lui faire jouer n'importe quel son échantillonné, du tambour à la guitare électrique. Là encore, il faudra attendre des années pour que d'autres ordinateurs arrivent à ce niveau.

Présentation de l'Amiga

Synthèse vocale

Toujours concernant l'audio, Robert Pariseau mit en évidence une autre qualité de l'Amiga : la synthèse vocale. La machine commença à parler avec une voix d'homme puis de femme. La voix s'accéléra puis ralentit et enfin se mit à être monotone "comme un vrai ordinateur", selon les dires de l'Amiga lui-même. :-)

Présentation de l'Amiga

Les animations

Des animations, qui faisaient appel à la fois aux capacités graphiques et sonores de l'Amiga, ont été montrées. Il y eut une animation avec un oiseau traversant l'écran en criant et aussi une animation nommée "Robo-City" qui permettait de voir les possibilités de l'Amiga en matière de collision de sprites : chaque personnage, représenté par une grosse brosse animée, interagissait avec les autres éléments de l'animation.

Présentation de l'Amiga
Robo-City

Le PC

A ce moment-là, Robert Pariseau résuma la situation. Le marché des ordinateurs montrait des signes de standardisation du côté des PC de chez IBM. Et il était difficile de lutter contre une technologie bien ancrée. Il fallait donc à Commodore Amiga être un cran au-dessus de tout ce que les gens avaient vu jusque-là.

Mais pourquoi Commodore Amiga ne pourrait pas inclure cette vieille technologie sur Amiga ? C'est ce que dit Robert Pariseau en brandissant une disquette contenant le premier émulateur PC pour Amiga : Amiga Transformer. Une disquette PC DOS 5,25 pouces fut introduite dans un lecteur de l'Amiga, puis remplacée par la disquette du tableur 1-2-3 de Lotus. L'aspect monochrome tranchait avec les démos extraordinaires qui venaient d'être présentées.

Présentation de l'Amiga

La Bouncing Ball

La démo de la Boing Ball (ou Bouncing Ball d'après Robert Pariseau) clôtura cette présentation. Cette démo fut le premier programme montré au public, au salon CES en janvier 1984, sur le prototype de l'Amiga (Lorraine). Robert Pariseau conclut alors : "Nous vivons vos rêves, et nous les voyons prendre vie. C'est maintenant à votre tour. Que ferez-vous avec l'Amiga ?".

Présentation de l'Amiga

Andy Warhol et Deborah Harry

Après l'intervention technique de Robert Pariseau, la cérémonie se poursuivit avec l'arrivée sur scène de deux artistes : le peintre, cinéaste et graphiste Andy Warhol et la chanteuse Deborah Harry.

Présentation de l'Amiga
Dans les coulisses, attendant leur tour : Deborah Harry (chanteuse),
Andy Warhol (artiste), Thomas Rattigan (Commodore) et Roger Powell (musicien)


Le choix d'Andy Warhol était voulu de Stephen Greenberg, l'homme qui gérait les relations publiques de Commodore. Stephen Greenberg connaissait Andy Warhol personnellement et l'artiste fut très réceptif à cette idée. Andy Warhol reçut de la part de Donald Greenbaum (directeur financier de Commodore) un Amiga 1000 avec un logiciel de dessin, le 14 juin 1985. Andy Warhol fut tellement séduit par ce média qu'il passa beaucoup plus de temps que prévu avec les gens de Commodore. Et donc Commodore l'embaucha pour qu'il puisse réaliser quelques dessins pour le jour du lancement de l'Amiga.

Dans son journal intime, Andy Warhol écrivit ceci :
"La journée commença avec une certaine appréhension, car je me suis réveillé en pensant à mon apparition en direct pour les ordinateurs Commodore. Rien ne fut pire pour un réveil, je me sentais terrifié. Commodore voulait que je sois un porte-parole. C'est une machine à 3000 $ qui est comme la machine d'Apple, mais qui peut faire 100 fois plus."
Présentation de l'Amiga

Deborah Harry s'assit en face d'une caméra reliée à un numériseur monochrome. Elle regarda Andy Warhol et lui dit "Es-tu prêt à me dessiner ?". L'artiste américain rétorqua "Yeah". Andy Warhol commença son travail. Il devait dessiner le visage de la chanteuse. Jack Hager, brillant graphiste de Commodore, lui posa la question : "sur quels autres ordinateurs avez-vous travaillé ?". Andy Warhol répondit : "je n'ai travaillé sur aucun, j'attendais celui-là".

Le logiciel utilisé était ProPaint, mais celui-ci n'était disponible que dans une version alpha qui contenait des bogues. L'un d'eux concernait la fonction de remplissage qui n'utilisait pas les techniques des puces graphiques démontrées précédemment. Le logiciel pouvait planter à n'importe quel moment. Alors que le visage de Deborah Harry apparaissait sur l'écran, Andy Warhol parcourait les menus de ProPaint afin de choisir les effets et les couleurs à appliquer. Les ingénieurs de Commodore avaient indiquer à Andy Warhol de ne pas utiliser cette fonction mais l'artiste l'utilisa quand même, et l'Amiga ne planta pas.

Ady Warhol indiqua avoir été nerveux toute la journée et à se dire que s'il pouvait devenir bon dans ce genre de choses, il pourrait gagner de l'argent de cette façon et qu'il n'aurait plus à peindre.

Présentation de l'Amiga
Andy Warhol et Jack Hager

Présentation de l'Amiga
Andy Warhol et Deborah Harry

Présentation de l'Amiga
Le résultat du travail d'Andy Warhol sur ProPaint

La cérémonie se clôtura sur une animation rendue sur Amiga et projetée sur le mur du fond. L'animation représentait une danseuse de ballet en fil de fer, puis en face pleine et enfin avec tous les détails. C'est à ce moment-là qu'une véritable danseuse apparut et continua à danser avec les mouvements synchronisées de l'animation. Cela symbolisait le passage du rêve numérique à la réalité.

Les réactions d'après cérémonie

Les réactions après la présentation de l'Amiga furent nombreuses. Le public était reparti impressionné mais cet enthousiasme fut plus mitigé dans la presse, bien que l'avis général resta positif.

La revue américaine Info écrivit : "Le 23 juillet 1985 : si vous vous intéressez à l'histoire, vous vous rappellerez certainement cette date : c'est le jour où les PC d'IBM et les Mac d'Apple et beaucoup d'autres merveilles de notre décade sont devenus obsolètes."

L'article du magazine Fortune résumait cela : "Alors que les premiers articles se focalisent sur les capacités techniques de l'Amiga, l'industrie du PC a appris à résister aux lueurs scintillantes des technologies avancées dans son propre intérêt."

Le journaliste Louis Wallace décrivait la situation ainsi : "Pour vous donner une idée de ses capacités, imaginez que vous prenez tout ce qu'il y a de bien dans un Macintosh, combinez le avec la puissance de l'IBM PC-AT, améliorez le, et ensuite réduisez le prix de 75%."

Enfin, une publicité de Borland dans le magazine Amiga World : "La vitesse de l'Amiga va devenir une migraine, une douleur et un vent debout dans la compétition."

Note : la vidéo de cette présentation de l'Amiga est disponible sur obligement.free.fr/videos/amiga_premiere_newyork.mp4.


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