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Eh voici le deuxième volet de notre débat PC/Amiga (le premier étant ici). Nous vous remercions pour vos lettres. Nous en publions deux sur cette page, suivies par les contributions de deux de nos correspondants : Fabrice Neyret et Gilles Bourdin. Comme vous verrez, la majorité des participants à ce débat sont conciliants, essayant de démontrer que chaque famille d'ordinateurs a sa place et ses avantages. Il semblerait que les amigaïstes aient enfin acquis une certaine sérénité, soutenue par l'évolution générale des systèmes informatiques vers le multitâche et la puissance graphique. L'Amiga et le PC ne sont pas ennemis Lettre de Jean-Paul Deloffe Cher A-News, Pour moi, le monde informatique est plus qu'une passion. Mes connaissances sur le sujet sont le résultat d'une formation autodidacte. Je ne ferai pas ici l'apologie de l'Amiga bien qu'il le mérite mais j'ai beaucoup d'expérience en micro. Je me suis bien éclaté sur toutes les bécanes distribuées sur le marché, passant du ZX81 à l'Amiga 3000, c'est vous dire si le chemin est long. Pour moi, l'Amiga et le PC ne sont pas ennemis puisqu'ils sont compatibles via les cartes d'émulation sur Amiga. En fait, malgré une très mauvaise publicité en France, l'Amiga est en train d'imposer sa griffe (enfin !) dans le monde professionnel informatique. Le PC est instauré depuis fort longtemps et malgré des capacités limitées, il a su évoluer pour répondre à nos besoins toujours croissants. Je pense cependant qu'en 1993, l'architecture technique du PC est arrivée à son terme. Un 486 à 25 MHz est parfois plus lent qu'un Amiga 500 de base, ce dernier ayant un coprocesseur pour toutes ses tâches, ce qui fait à mon sens la grande lacune du PC qui, à part son coprocesseur arithmétique en option, reste difficile à étendre correctement malgré toutes les cartes du monde ! Il y a aussi un point important que je voudrais signaler à propos de l'Amiga. Je trouve qu'après une période calme, l'Amiga a tendance à évoluer très vite. Commodore, en nous présentant ses A500+, A600, A1200 et A4000 nous assomment d'innovations techniques pour notre plus grand plaisir mais, en tant que particulier, il est difficile de suivre financièrement. Sans jouer les fauchés, un Amiga digne de ce nom (par exemple 68030 à 40 MHz, 4 Mo de mémoire 32 bits et disque dur de 52 Mo) n'est pas à la portée d'un simple particulier ! La ROM 2.0 est déjà dépassée, l'Amiga 500 est bon pour les oubliettes, l'A600 est mal accueilli, seul l'A1200 reste une nouveauté. Pourquoi une si mauvaise politique commerciale ? L'Amiga 1200 est aussi cher que l'A600 à sa sortie alors qu'il est beaucoup mais beaucoup plus puissant ! Le PC évolue mais on utilise toujours le DOS ! La fidélité sur Amiga est à mon avis plus coûteuse que sur PC bien qu'une nouvelle génération d'Amiga était à prévoir. Par ailleurs, le prix des cartes d'extension pour A500, A2000 et A3000 est beaucoup plus élevé que ceux d'une carte VGA, SVGA, machin-blaster sur PC. Il faut se rendre à l'évidence, le monde Amiga est différent, les connaisseurs le savent bien, les PCistes anti-Amiga ont tort de critiquer l'Amiga. Un bon amigaïste ne critique jamais un PC, il est trop satisfait de son Amiga, il n'a pas de temps à perdre dans des querelles stupides n'aboutissant à rien. Pour conclure, je souhaite profondément que Commodore, le grand, change sa politique commerciale car nous, les utilisateurs assidus, sommes un peu déroutés parfois... Pourquoi pas PC et Amiga ? Lettre de Laurent Denoue Cher Amiga News, Pourquoi pas PC et Amiga ? Dans ma classe, 99,9 % de mes potes ont un PC. Le seul qui a un Amiga a aussi un 486/33 MHz ! Et alors ? Il suffit de savoir ce qu'on veut : la plupart de mes copains ont choisi le PC pour connaître un maximum de logiciels avant d'entrer en entreprise, et ils ont raison ! Qu'est-ce qu'un ordinateur sans logiciels ? Moi, j'ai préféré acheter un Amiga parce que je me fous complètement d'avoir des traitements de texte évolués, ou une cascade de langages de programmation, ou des milliers de cartes graphiques, sonores... Moi, je programme en assembleur pour faire des utilitaires, des démos pour m'éclater. J'ai même programmé un assembleur pour la HP 285, ainsi que des modules de transmission (calculatrice <-> Amiga). Et mon petit Amiga avec son petit port parallèle m'a largement suffi ! Il est vrai que souvent je m'amuse à taquiner les possesseurs de PC en leur disant que, techniquement, je peux faire autant de choses qu'eux pour beaucoup moins cher ! Mais je sais en fait qu'ils ont beaucoup plus que nous : ils ont des logiciels par milliers ! Et par exemple, si j'avais eu un PC, j'aurais trouvé mon assembleur pour la HP déjà tout fait... En fait, avoir un Amiga, c'est une philosophie : on peut tout faire, mais il faut le faire. Bien sûr, le haut de gamme (A4000) va certainement nous apporter des logiciels, mais ils seront tous tournés vers l'image. Excellence! sur Amiga 4000 n'est pas près de voir le jour ! L'A1200 va redonner un nouveau souffle au bas de gamme : je suis convaincu que beaucoup de possesseurs de vieux A500 vont craquer ! Bref, le débat PC/Amiga est amusant, et c'est tout. Ça n'est pas très utile, mais au moins ça fait vivre ! L'avis de Fabrice Neyret PC, Mac, Unix ou Amiga ? Je souhaite apporter ici un éclairage un peu différent de celui que l'on trouve en général de nos jours dans la presse informatique pour juger d'une machine : proche des concepteurs de matériels, de systèmes d'exploitation, de logiciels, j'apprécie avant tout une machine par ce qu'elle a sous le capot (le matériel), et par sa psychologie (système d'exploitation, interface graphique). Il est toujours possible de développer un logiciel quelconque sur n'importe quelle machine, pourvu qu'elle soit munie d'un processeur, et que l'on n'ait pas de contrainte de vitesse ou de mémoire. Par contre, une machine et son système d'exploitation peuvent par leur qualité simplifier le développement, faciliter la maintenance, agrémenter les entrées-sorties, accroître la vitesse. En toute logique, ceci devrait normalement influer directement sur le coût, la fiabilité, le nombre des applications mises à disposition ainsi que sur leur créneau. Hélas, le monde n'est pas très logique et les financiers ont le pouvoir... Les sociétés de développement ne viendront donc jamais spontanément apprécier les qualités d'une machine, il faut au contraire que le constructeur montre, démontre, convainque, promeuve, propose des études, conseille, afin de faire constater in situ aux clients et développeurs de chaque marché que sa machine est celle qui convient le mieux. Et le danger est grand de se laisser enfermer dans une case (jeux et vidéo pour l'Amiga, publication pour le Mac, calculs scientifiques pour Unix...). PC Le cas d'IBM est flagrant : voici une machine dont le matériel est très sommaire, dont le système d'exploitation MS-DOS ressemble à un système d'exploitation écrit "pour rire" et est édité par une société différente du constructeur. Le système ne prenant rien en charge, chaque application s'est empressée de définir ses gestionnaires de polices, d'imprimantes, de configuration, de stockage... Les limitations du système d'exploitation ont conduit à toutes sortes de rafistolages, pour finalement arriver à ce qu'une application, Windows, prenne en partie la place du système et s'occupe des ressources. Mais à quel prix en termes de vitesse et de mémoire ! La taille mémoire adressable étant elle-même très limitée, diverses extensions aux principes différents se chargent de compenser. Faute de capacités musicales et graphiques natives suffisantes, nombre de cartes sont apparues, un ou des standard(s) ne finissant par émerger qu'après pas mal de temps, jusqu'à l'innovation suivante. Et le mélange de toute cette anarchie donne beaucoup de joie lors de l'installation : configurer, détecter les incompatibilités n'est pas de tout repos. La puissance du processeur et le génie des programmeurs sont donc en grande partie consacrés à rendre invisibles les nombreuses verrues qui constituent le PC actuel. Par contre, un système propre s'étend facilement, prend en charge les ressources de la machine (polices, imprimantes, affichage...) et centralise les points d'entrée, normalise les échanges de données, gère la mémoire et les disques, etc. Ceci facilite d'autant l'écriture de programmes propres, donc plus fiables, et évite les problèmes d'incompatibilités entre ressources (matériel ou logiciel). Unix, AmigaOS, Mac OS, OS/2 répondent à ces exigences, avec des plus et des moins selon les spécificités de chacun. Unix Unix est multitâche, multi-utilisateur, multiposte, la protection de la mémoire empêche théoriquement tout plantage (pour chaque tâche, il n'existe pas d'adresse mémoire correspondant au système ou à une autre tâche). Le système est très cohérent et très complet, malgré certains aspects internes pas toujours très propres mais s'améliorant de version en version ; les trous de la sécurité ont presque tous disparus. Les réseaux locaux ou internationaux sont omniprésents. Deux grandes tendances visant à combler les lacunes initiales d'Unix convergent peu à peu : l'une complète les aspects réseaux, l'autre s'occupe de la communication entre tâches. Unix dispose donc maintenant de signaux et de messages, mais c'est assez peu commode d'emploi. Il connait également les bibliothèques dynamiques ou partagées, mais le système ne les utilise pas (sauf X) et elles sont également un peu délicates à mettre en oeuvre. Il faut relier le noyau pour ajouter un périphérique, l'installation et la maintenance nécessitent un spécialiste. L'interface graphique X Window est très lourde vis-à-vis de la programmation, de la vitesse, de la consommation mémoire, mais sa puissance lui permet d'être indépendante du matériel et de fonctionner à travers les réseaux, ce qui ne sont pas de petites choses ! Par contre, il n'y a pas "d'atelier". Le système, pour quelque temps encore, est avant tout destiné aux développeurs et l'on ne saurait s'y passer d'un Shell. Par contre, il fait tout pour leur être agréable : le mode d'emploi de chaque commande et chaque fonction du C est directement accessible, la plupart des commandes imaginables existent, le domaine public et les groupes de discussion sont très développés. Enfin, Unix tourne sur micro comme sur super-ordinateur. Il est à noter que les petites stations qui apparaissent en ce moment (Silicon, Next, HP...) sont assez attrayantes : puissantes, interface graphique avec atelier, applications de bureautique, prix avoisinant déjà les 50 KF... Il existe d'autres systèmes pour station et mainframe : VMS est sans doute un système d'exploitation plus "carré" qu'Unix, mais il ne tourne que sur les machines de DEC. Ses aspects communication et sécurité sont sans conteste très développés, mais que c'est lourd à utiliser pour un programmeur, et à maîtriser pour un ingénieur système ! On trouve d'autres systèmes pour les gros ordinateurs, dont les fonctions nous sont peu coutumières : plusieurs centaines de personnes connectées simultanément, plusieurs processeurs, plusieurs sous-systèmes en même temps, possibilité de changer des tâches de machine en cours de route... Mais comme ce n'est pas demain la veille que ces systèmes arriveront sur vos micros, revenons aux systèmes d'exploitation de cette échelle. OS/2 OS/2 est sans doute un bon système d'exploitation (je ne l'ai jamais pratiqué), il semble même un peu trop lourd pour un micro. Par contre, les utilisateurs sont lents à venir. Après s'être fait expliquer par IBM pendant des années que MS-DOS était LE système et que ce qui comptait c'était le nombre de logiciels, ils ne voient pas bien pourquoi on leur demande de changer maintenant ! Par contre, je trouve dommage d'avoir choisi de créer de toute pièce un nouveau système d'exploitation, à l'heure où l'on recherche plutôt à standardiser... Un Unix revisité eut sans doute été préférable (ça a été la démarche de Steve Jobs en créant le NeXT après son départ d'Apple), mais à ce niveau le marketing prime avant tout. Mac OS Mac OS est un système assez propre, prenant totalement l'utilisateur en main : il n'y a pas de Shell ! Réciproquement, le programmeur accède difficilement aux manettes, ce qui est très frustrant. Les aspects réseaux locaux ont été prévus au départ. Par contre, le système n'est pas multitâche (plusieurs tâches peuvent être en mémoire mais une seule est active), la communication entre tâches commence à peine avec le système 7. Les "toolboxes", outre qu'elles facilitent la vie, ont permis une grande standardisation des données. Ainsi, le Mac a dès le départ offert la possibilité de créer, d'échanger des dessins vectoriels et de les sortir (ça manque terriblement à l'Amiga). Du point de vue matériel, la machine a longtemps été assez rudimentaire et fermée. Elle comporte maintenant quelques coprocesseurs annexes. Du point de vue utilisateur individuel, il faut endurer la même antériorité industrielle que pour Unix : peu d'applications personnelles, logiciels chers, utilisateurs isolés. Amiga AmigaOS est un système multitâche comme Unix, multiposte (on peut brancher des terminaux sur une carte multisérie) mais pas multi-utilisateur : les fichiers n'ont pas de propriétaires, il n'y a qu'un environnement, et l'absence de protection de la mémoire rend souvent catastrophique le plantage d'une application. Par adjonctions, on peut néanmoins accéder à la mémoire virtuelle, à certains aspects multi-utilisateurs, à X Window, à TCP-IP, NFS, etc., qui nous rapprochent de la carrure d'Unix (mais un tel paquetage doit être intégré pour convaincre un industriel). Le système est très propre et très carré : orienté objet, communications évoluées par signaux et envois de messages sur lesquels reposent tous les flux de données de la machine. Cela rend le système concis, fiable et rapide. Le noyau Exec est complété par des bibliothèques dynamiques partagées qui s'utilisent très naturellement. Le matériel permet de traiter la plupart des opérations graphiques ou sonores sans charge du processeur ni du bus principal. Il y a beaucoup de circuits spécialisés (25 canaux DMA), l'interface graphique les utilise et le système gère l'accès aux ressources matérielles. Comme pour Unix, le domaine public et les groupes de discussion sont très développés et de qualité. La machine est capable d'émuler ou d'accueillir d'autres systèmes (Mac OS, MS-DOS, Unix...), ce qui est précisément la voie envisagée pour un futur proche par de grands consortiums informatiques. Elle dispose même d'un bus PC (ISA), ce qui permet d'accéder à tous les périphériques et cartes spécialisés du monde IBM. Mais ces atouts n'ont jamais été mis en avant de manière synthétique à destination des industriels. Le système d'exploitation comporte plusieurs aspects temps réel, ce qui aurait dû ouvrir à l'Amiga de larges débouchés dans l'industrie et les laboratoires, et plus généralement partout où il faut interagir avec un environnement externe (rappelons que même Unix ne sait pas réveiller à coup sûr une tâche à un instant précis). Par contre, le domaine de la vidéo a su en profiter, bénéficiant de surcroît du matériel graphique basé sur les standards TV et ouvert sur l'extérieur (incrustation, synchronisme). La machine étant capable de parler, jouer de la musique, afficher du texte et de l'image, faisait du multimédia avant que le terme soit à la mode. Une machine grand public, le CDTV, y a même été consacrée mais faute de la moindre publicité, il serait surprenant qu'elle envahisse le marché ! On peut regretter au passage le fait que l'Amiga n'ait jamais été capable de parler français, ni de comprendre la voix en standard. La future présence d'un DSP va sans doute faciliter les choses, mais la disparition du périphérique logique "Speak" est de mauvais augure, ce qui est dommage car cette fonction était très intéressante dans un cadre multimédia. Alors ? Les capacités graphiques et sonores, longtemps en avance, se font rattraper peu à peu. L'absence de réaction officielle pour étendre la machine et spécifier les formats a conduit à un défaut digne du PC et contradictoire avec la généricité du reste du système Amiga : les constructeurs de cartes ont fait chacun leur système, et il en est de même avec les réseaux, comme auparavant avec les polices vectorielles. Ceci résume bien cette bizarre dualité du constructeur : l'Amiga est une machine vraiment bien pensée au départ de pied en cap, mais elle ne semble pas mise en avant par son constructeur. De nouveaux circuits ou des publications du système d'exploitation arrivent mais sans être accompagnés de la moindre campagne marketing (du moins hors du domaine ludique). Des machines professionnelles se présentent mais sans service ni assistance adéquate (intégration, regroupement de l'offre périphérique et logicielle, car l'industriel ne va pas faire son marché pour constituer sa configuration). La machine a quelques lacunes mais celles-ci tardent à être comblées. En ce qui concerne les standards réseaux et cartes graphiques, ça devrait se faire... un jour ! Ceux qui connaissent bien l'Amiga ne peuvent s'empêcher de penser qu'elle a jusqu'à maintenant été victime d'un immense gâchis, se retrouvant confinée à une destinée qui n'était pas la sienne. C'est le principal (et lourd) défaut de la machine, entraînant sa méconnaissance dans les secteurs où elle aurait sa place (écoles et Universités, laboratoires, industrie). Pourtant, il ne serait pas bien difficile de consacrer un peu d'intérêt aux écoles, salons et labos, qui sont de bons points d'entrée sur les marchés industriels. Mais dans l'image du public (pro ou pas), l'Amiga est une console de jeu, point. Pour condenser mon argumentation, je dirais qu'il faut bien distinguer ce qu'offre une machine à un moment donné (ce qui est le fruit d'un travail marketing (normalement), d'un positionnement sur un marché, d'un groupe d'éditeurs convaincus, etc.), et la place qu'elle pourrait occuper un jour (en exploitant ses capacités intrinsèques, avec un minimum de génie marketing style Apple). Nous connaissons tous les capacités de l'Amiga, mais nous ignorons tous la logique et les intentions à long terme de ceux qui conduisent sa destinée. L'avenir Alors que penser de l'avenir ? La machine en elle-même est très bonne, même s'il faudrait rénover certains aspects. Mais tout tient dans les mains de son énigmatique constructeur, ou de ceux qui voudront bien s'y substituer pour la bonne cause... D'un côté, la guerre des prix des PC due à la saturation du marché (ça va devenir mortel pour nombre de constructeurs et de revendeurs), de l'autre extension des stations de travail vers la micro et profondes réorganisations des consortiums... Sans une politique intelligente et volontaire de pénétration des marchés professionnels, l'Amiga n'a aucune chance hors de son misérable créneau actuel. Le jour où cela sera vraiment cuit, je vendrai le mien, probablement pour une station Indigo. Chez Silicon Graphics au moins ça bouillonne encore, et ceux qui font la machine sont en phase avec ceux qui la vendent... L'avis de Gilles Bourdin "Une machine pour puristes" Des lecteurs expriment leurs doutes quant à l'opportunité d'acheter un Amiga 1200 ou 4000 plutôt qu'un PC 486 bien équipé. C'est un fait, les PC sont devenus tellement peu chers que le fait de posséder un Amiga peut presque être considéré comme un luxe. Pour 10 000 FF on a maintenant un 486 DX avec un disque dur de 100 Mo, carte Super VGA et écran allant avec. L'Amiga 4000, quant à lui, même si son prix est récemment descendu à 15 000 FF sans écran, reste encore relativement cher. Parlons des logiciels Qui ne voudrait pas avoir des logiciels de bureautique de la qualité de Lotus ou WordPerfect 5.0 sur Amiga ? Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Si le traitement de texte ou la bureautique en général sont ce ce que vous considérez comme étant le B-A-BA de l'informatique, pitié, n'achetez pas un Amiga. Il serait malheureux avec vous et vous avec lui. Les PC sont parfaits pour ce genre de tâche. Le prix exorbitant des logiciels PC est un problème, mais je n'ai jamais vu un PCiste posséder une seule version non piratée d'un logiciel, à part quelques jeux à l'extrême limite. A tous ceux qui pensent qu'un ordinateur doit pouvoir servir à autre chose qu'au traitement de texte, qui attendent de leur machine de la versatilité et des capacités hors normes, bref, à tous les passionnés d'informatique, bidouilleurs, développeurs en herbe et infographistes invétérés, achetez un Amiga ! Non seulement vous vous distinguerez de la masse mais en plus vous aurez le privilège de posséder le système micro le plus évolué actuellement disponible sur le marché. Un luxe ? Oui, parfaitement, l'Amiga est vraiment un luxe. Les PC sont certes bon marché mais en fait, ils ne valent pas plus. Les modèles 486 actuellement disponibles à moins de 10 000 FF sont basés sur une technologie optimisée à mort mais totalement dépassée. Le bus ISA, fossile d'un autre âge, avec ses connecteurs 16 bits cadencés à 8 MHz, ne peut pas sérieusement être comparé à l'architecture d'un simple Amiga 1200, machine 100% 32 bits avec son connecteur local 32 bits, sa mémoire 32 bits et son architecture graphique 32 bits (j'insiste lourdement, mais le chiffre 32 me plaît énormément...). Ne parlons même pas de l'A4000. Les seuls PC comparables aux Amiga sont les modèles basés sur la technologie EISA 32 bits et local bus. N'espérez cependant pas trouver ce genre de machine chez Darty pour 10 000 FF... Windows Windows, ah ! Windows, la dernière perle de Microsoft, superbe en couleurs et vraiment jolie à regarder. Les avantages s'arrêtent là. N'oubliez pas d'installer au moins 4 Mo de mémoire vive et réservez 12 Mo sur le disque pour Windows + DOS et environ 15 Mo pour un tableur ou un traitement de texte. Ah oui, pensez aussi à prendre un 486 si vous êtes pressé. Faites aussi attention à la gestion de la mémoire étendue, de la mémoire haute, de la mémoire DOS 640 ko (précieuse celle-là) et de la mémoire paginée, pour n'en citer que quelques-unes. La tâche est ardue et les gestionnaires mémoire DOS ne sont pas toujours compatibles avec ceux de Windows (ah, douce prose que celle de config.sys et autoexec bat). Qualifier cette chose de système d'exploitation relève déjà presque du blasphème. Des années de développement pour en arriver là... Pauvre informatique. Windows NT et OS/2 Mais nous allons bientôt être sauvés, Windows NT arrive. La révolution : le DOS ne sera plus nécessaire (si, si !) et le système pourra même travailler en multitâche en utilisant les capacités réelles du 486 (entendre ça fin 1992, on croit rêver). OS/2 est le seul système actuellement disponible sur PC à prendre vraiment au sérieux mais malheureusement, la principale utilisation qu'on peut actuellement en faire se limite à le faire tourner en émulation Windows et il est trop gourmand en mémoire et ressources système. Ne dites surtout pas à un PCiste que pour 3800 FF vous avez une machine 32 bits/262 144 couleurs avec un système multitâche préemptif incluant la gestion des priorités de tâches, capable de tourner avec un lecteur de disquettes et 512 ko de mémoire, qui reconnaît automatiquement au démarrage toute la mémoire disponible et qui dispose en prime d'un connecteur local bus 32 bits, ça ne lui plairait pas beaucoup. Défauts L'Amiga a certes ses défauts mais il a tellement de qualités qu'il reste encore le système le plus élégant et souple que je connaisse. Les logiciels professionnels comme Scala, TVPaint, AmigaVision, ADPro, Brilliance, Caligari, Real 3D, etc., n'ont souvent pas de concurrence sur PC et ils deviennent de plus en plus nombreux. Le Workbench 3.0 est une petite merveille de puissance, de souplesse et de convivialité. Les cartes graphiques 24 bits bon marché avec gestionnaires Workbench arrivent et les années à venir seront encore pleines de nouveautés étonnantes. Pour citer quelqu'un que je ne nommerai pas afin d'éviter un scandale, "l'Amiga est une machine pour puristes. Il ne mérite pas de devenir un produit de masse comme le PC".
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