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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Actualité : Paul Cuisset, l'émergence d'un programmeur de génie
(Article écrit par François Coulon et extrait de Joystick Hebdo 9 - janvier 1989)
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Deux ans, dernière rencontre, une paille. Deux piges pour lui remettre la main dessus. Depuis la
genèse des 16 bits et l'avènement de l'Atari ST, Paul Cuisset gravit le Golgotha du programmeur de fond,
charroyant son fardeau de galères.
Paul Cuisset
Les Dieux ne peuvent plus attendre : il serait temps qu'on réalise que, rayon technique, Paul Cuisset est le
meilleur programmeur de jeu de France. Excusez du peu. Faut bien un début à tout : premier jeu édité,
arcade pur-jus sur Atari ST, il sera baptisé Phoenix, le titre d'un flipper et surtout d'un des plus
célèbres jeux de tir. Juin 1987, l'appel de la patrie résonne avant la sortie du jeu. Paul se casse sous les
drapeaux, laisse son compère Patrick Guillemet boucler la programmation et ERE grincer des dents.
En bon multitâche, il mène de front Légendes, un jeu de rôle fomenté notamment avec Dominique Sablons, le
meilleur graphiste du monde une fois que Jean-Yves Corte sera devenu peintre en bâtiment. Le projet capote :
jamais vous ne jouerez à Légendes : "Il a été arrêté simplement parce que je travaillais à l'époque avec
Philiphe Giudicelli de Microvideo, il m'avait proposé de reprendre Phoenix... Ça a traîné, du coup
on est allé voir ERE Informatique... Philippe m'a fait la gueule".
Phoenix
Paul immole ses Gitanes une à une. La scoumoune continue : son étonnante réplique d'Arkanoid, une coproduction
Cuisset/Mercier/Sportouch, voit le jour dans le quasi-secret. Manque de chance, il se fait doubler par
Imagine qui s'est déjà offert les droits d'adaptation et mitonne sa version maison. Repétrin.
On incorpore quelques attrapes-zizi et le jeu deviendra Tonic Tile, ajoutant ainsi un étage au
schmilblick du casse-briques.
Avril 1987, avant le départ à l'armée, il décroche le gros lot avec Michael Sportouch : un contrat avec
l'anglais Elite pour adapter Space Harrier. La baraka : muté au ministère de la Défense comme informaticien,
il trime chez lui pendant les perm'. Le folklore répond présent à chaque coup de feu : le gros du travail est
expédié à partir d'une misérable cassette vidéo noir et blanc de l'original de salle. La version Atari
ST de Space Harrier sortira pendant l'été 1988.
Pas de quoi en faire toute une paella :
rançon de la fidélité, elle sera aussi confuse que le vrai Paul y paraphera une programmation aux petits
oignons, donnant la pleine mesure de sa technique. "Ça permet d'apprendre beaucoup plus, je crois que
c'est une très bonne école. Quand tu fais de la création, tu te limites en général à ce que tu sais faire...
Le fait de faire une adaptation te permet de dépasser ces limites". Il sort le grand jeu et reprend le
principe de Spectrum 512 : modifier suffisamment rapidement la liste des couleurs affichables pour suivre
l'électron qui trace l'image sur le moniteur. L'effet de rémanence fera le reste : au lieu d'une palette
pour tout l'écran, Space Harrier en a une par ligne. Ni la musique, ni les bruitages, ni les animations ne
devront ébranler cette immuable synchronisation. Du flan ! Résultat des courses : des dégradés plus subtils
et un effet de mouvement du sol très personnel.
Back to the present. Avec Denis Mercier, il planche sur Bio Challenge, avec la bénédiction de la récente
division micro des studios Delphine. De la bien belle ouvrage pour Atari ST et Amiga, vous verrez bien.
En bon disciple du toujours-plus-vite, il persiste et signe. Pour accélérer l'animation, un
sprite a la possibilité de n'être affiché qu'en partie. Pourquoi en faire plus si le reste de ce bout
d'image est assez frais pour encore impressionner la rétine ? Imparable !
La réalité, elle, s'est engourdie.
Paul a beaucoup bossé. Pire que pour rien : pour pas grand-chose. Mieux que pour la gloire, pour l'expérience.
Il se résigne, jette un soupir sur le passé, sur les clopinettes du droit d'auteur, l'hypocrisie,
l'inertie et le cynisme. Gentil, bien trop gentil. Il pense au futur : programmer à sa liberté.
Il prend conscience de ses dons, de ses limites. "Je rêve simplement de pouvoir monter une société,
avoir des mecs avec qui j'ai envie de bosser et faire des jeux... Je ne cherche pas à être riche,
à être connu, mais à faire ce que je veux".
Enfouis dans les confins de son appartement, Paul Cuisset n'est pas un créateur, il sait que la
programmation ne suffira jamais. Mais c'est le plus génial des interprètes. Basta !
Le purgatoire a assez duré, il faut que les femmes l'adorent et que son tiroir-caisse se crève
la panse. Et tant pis si ses dents ne rayent pas le clavier. Tomorrow will be better...
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