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Dans le numéro du mois de janvier, nous avions quelque peu déblayé le terrain parmi les caméscopes dignes d'être enviés, voire achetés. Le domaine du montage qui en est leur extension propre mérite aussi qu'on y fasse un détour, en tous les cas qu'on y pose au moins des garde-fou... Hi8 contre S-VHS... Qui sort vainqueur ? Le premier avantage indéniable de l'évolution vers ces versions améliorées du 8mm et du VHS est d'avoir une résolution d'image portée à quasiment 400 lignes, gain appréciable s'il en est lorsque vous êtes en configuration de montage. Le support sur lequel vous aurez inscrit vos images sera déterminant pour la suite, car vous aurez du mal à éviter une dégradation d'image lors du report de séquences du lecteur vers l'enregistreur ; dégradation d'autant plus grande si vous avez filmé en VHS par exemple... Des 240 lignes de départ, combien en aurez-vous sauvé après copie ? L'autre force de ces deux formats est le traitement des signaux en Y/C : la dégradation se fera nettement moins sentir, et vous sauverez en général une génération supplémentaire, la troisième, copie de votre "Master". Compatibilité de formats. S'agit-il d'un mariage de raison ou d'une grosse tromperie ? Il y a la pratique, dont la meilleure illustration est de réunir un partisan du S-VHS contre un autre qui ne jure que par le Hi8. Mode d'emploi : vous allumez la mèche, vous vous mettez légèrement en retrait et vous assistez à une bonne foire d'empoigne (au sens figuré, je l'espère), telles les bonnes guerres de clocher d'antan ! En redevenant un tantinet plus sérieux, on peut imaginer ce que se diraient les deux compères, arguments à l'appui. En situation de tournage, question de "feeling", le Hi8 tient bon la route, dans de bonnes conditions de luminosité les couleurs claquent, les contours sont mieux définis. La résolution ne dépassera pas les 400 lignes, mais le bruit vidéo est infime. Les professionnels en reportage ne s'y sont pas trompés, la plupart d'entre eux tournent de cette façon lorsqu'ils ne peuvent embarquer une Betacam avec eux ; soit parce qu'ils n'en n'ont pas eu l'autorisation, soit parce que l'engin serait un peu trop voyant dans des coins où l'actualité est un peu "chaude". Au retour, ils reportent leurs images sur bande Betacam, et si leurs séquences comportent en majorité des gros plans, seul l'oeil d'un pro avisé pourra deviner l'origine du support. Mais revenons à nos moutons : retour de bâton, le Hi8 (cassettes à métal évaporé) a tendance à être plus fragile que son confrère, surtout lorsque la bande est maintes et maintes fois sollicitée par des va-et-vient du jog shuttle ; des "drop out" peuvent apparaître çà et là. Il en est de même lorsque le caméscopeur grand public enregistre et réenregistre la même bande au gré de ses envies... On dira ce que l'on voudra, malgré tout, la fidélité, la qualité d'images après enregistrement est là. Passons au S-VHS. Là où ce format prend le pas sur son concurrent, c'est non seulement par sa fiabilité, du fait que le support est plus costaud et plus exempt de "drops", mais c'est surtout en situation de montage qu'il excelle. Pourquoi ? Serait-ce le meilleur système de montage analogique ? Parce qu'il a une supèriorité sur le 8mm/Hi8, en matière d'insertion... En général, pour qu'elle soit possible, il faut impérativement que votre magnétoscope Hi8 ou S-VHS possède une tête flottante qui permettra de remplacer une séquence déjà existante par une autre avec une synchronisation parfaite, le tout sans aucune barre de bruit ni déchirement au point d'entrée et de sortie. Là où les deux formats diffèrent, c'est au niveau du son, et c'est là que le S-VHS tire son épingle du jeu : hormis la piste Hi-Fi, s'ajoute la piste longitudinale (mono) que l'on retrouve sur tout bon VHS qui se respecte. Or, si j'effectue un insert vidéo, le son Hi-Fi disparaît, mais le son d'origine est préservé sur la piste monaurale, avantage sans pareil, alors que sur le format Hi8, le son d'origine est effacé en totalité. Si je reprends l'exemple de l'entrevue avec le pilote du Zodiac volant (Amiga News n°87) que j'avais illustré par des séquences insert-images explicatives "sur" ses paroles, j'aurai fait sauter toute la bande son durant les insertions images. Sony, qui a l'habitude de nous concocter des bijoux technologiques (EVS 9000 Hi8), n'a pas jugé bon d'améliorer cette lacune. Citons pour exemple la table XV AL 200 avec jog shuttle et clavier de titrage séparé, produit positionné dans le milieu de gamme qui lui, gère le code temporel RCTC et VITC (99 séquences d'affilée) et peut - enfin ! - piloter les autres marques tels les enregistreurs Panasonic. Ni celle-ci ni aucune autre table de la marque ne gèrent l'insertion, une façon comme une autre de ne pas concurrencer sa branche professionnelle, mais pourtant au risque de perdre une partie de sa clientèle. Une note quand même optimiste pour celles et ceux qui ne jurent que par cette marque : essayez de ronger votre frein jusqu'à la fin du mois de mai, date à laquelle sortira (si tout va bien) le magnétoscope grand public en Digital Video, nouveau format qui lui, se joue de toutes formes d'insertions sans aucun problème... et va ainsi remettre les pendules à l'heure. Ne me demandez pas le prix, Sony ne le sait pas encore lui-même... ![]() XV AL 200 Pilotage par infra-rouge Idée de génie ou grosse arnaque ? Monter avec du matériel grand public sans code temporel relève de l'exploit... Je me rappelle en des temps immémoriaux... avoir acheté une table de montage allemande telle une grosse calculette dont je tairai le nom par pudeur et qui d'après la publicité vous assemblait la bagatelle de XX séquences par liaison infra rouge avec une précision de 4/5 images. Totalement néophyte à l'époque, j'étais tombé dans le panneau... en me basant juste sur les conclusions du mode d'emploi/publicité. Je venais de filmer une course de karting et je décidais (après avoir tant bien que mal calculé le temps mort entre le déclenchement de la pause du caméscope et celui où le magnétoscope commençait réellement l'enregistrement) d'assembler une quinzaine de séquences. Je regardais émerveillé le banc piloté tout seul, avec les petites lumières clignotantes, la bande du lecteur avançait, reculait, se positionnait en une image par image avant que le déclenchement ne se fasse, et ainsi de suite et puis... et puis j'eus très vite le pressentiment que quelque chose clochait. J'attendais la fin des opérations, et après un rembobinage rapide je mis en lecture ce qui aurait dû être une suite d'engins lancés à toute vitesse, plus rapides les uns que les autres, en séquences assez courtes pour rester dans le rythme et la fièvre des compétitions. Résultat des courses après trois séquences : un décalage s'était produit entre la bande 8mm et les chiffres inscrits au compteur, qui du coup n'avaient plus rien à voir avec les points d'entrée et les points de sortie choisis en amont. Je me retrouvais avec exactement le contraire de ce que j'avais voulu, c'est-à-dire que le grondement des moteurs était bien présent, mais les karts, eux, avaient totalement disparu des séquences. Mon montage n'était plus fait que de tronçons bien goudronnés et de montagnes de pneus dans les tournants... Le cauchemar éveillé ! Pré roll et glissement de terrain ! Ne riez pas, la mésaventure pourrait bien vous arriver... Regardez-y à deux fois s'il vous prend l'envie d'acheter une table de montage marchant de cette façon. Souvent il est vrai, elles ne coûtent pas bien cher, 1000 ou 1500 FF... Mais dépenser cette somme est souvent bien cher payé pour une télécommande qui est excessivement limitée. L'assemblage multiséquence sans code temporel est une hérésie : votre bande est bien trop sollicitée pour que les chiffres du compteur aient quelque chose à voir avec ce que vous voulez vraiment. De plus, la bande peut souffrir de l'échauffement du magnétoscope, elle est susceptible de se détendre, alors, prenez le parti (avec code ou pas) de monter en mono séquence ; la précision n'en sera que meilleure. Heureusement que les différents code temporel se démocratisent, les deux plus répandus dans le matériel grand public sont le VITC pour le VHS/S- VHS et le RCTC pour le 8mm/Hi. Les différences sont les suivantes : le code VITC s'inscrit pendant votre enregistrement une fois pour toutes, tandis que le RCTC, un peu plus souple, peut se réinscrire pendant la lecture, pratique pour les masters qui ne sont pas codés. Le VITC ne pourra être réinscrit que sur une copie de ce que vous avez déjà tourné, appelée copie de travail. Synchro édition multi marques Les magnétoscopes s'en mêleraient-ils ? Oui, mais... Encore faudrait-il accorder ses violons sur l'édition synchronisée entre le lecteur et l'enregistreur, c'est-à-dire le relâchement similaire de la fonction pause du lecteur avec la fonction enregistrement du magnétoscope, surtout si les marques des deux appareils ne sont pas identiques... Il y a peu de temps encore, ce genre de considération tournait à l'angoisse, car on ne proposait que de vagues systèmes pas très cohérents, et il valait mieux privilégier les systèmes monomarques pour une meilleure compatibilité. C'est moins vrai depuis que certains constructeurs ont enfin saisi les avantages d'inclure une borne d'édition dans leurs magnétoscopes, qui ne sont pas légion mais qui ont au moins le mérite d'exister : voici entre autres trois marques en S-VHS : d'abord le JVC Hrs 6900 ms qui sait, via la télécommande RMV 704 s, piloter la plupart des grandes marques, mais par infra rouge, possède une table de montage 8 séquences et peut asservir un caméscope de même marque via la prise spécifique, avec double transcodeur en entrée comme en sortie. Citons également le Philips VR 9489n avec entre autres les prises "lanc" (Sony, Canon et clones 8MM) et Control M (Panasonic), et enfin le Panasonic NVHS 1000 eg en PAL uniquement (mais nous parlons montage, oui ou non ?) fleuron de la gamme avec correcteur de base de temps, insertion d'image, code temporel VITC en lecture/enregistrement et table de montage intégrée multi séquences. ![]() JVC S6900 ![]() Philips 9489n ![]() Panasonic VT1000eg ![]() Panasonic VT1000eg Entendons-nous bien ! Ne vous fourvoyez pas. Les exigences d'un matériel pro au niveau de la précision n'ont pas grand-chose à voir avec le cahier des charges du domaine grand-public. Si on peut espérer être précis à l'image sur un banc bêta, il en est tout autrement sur des appareils qui à défaut de pouvoir faire un assemblage de séquences de temps en temps servent surtout dans la majorité des cas à enregistrer le bon film du dimanche soir... La base même du problème est l'usage que vous voudrez bien faire de vos cassettes pleines d'images. Un prédérushage basique peut se faire par infra rouge, un clip vidéo monté en rythme sur une bande son (sujet d'un prochain numéro) ne peut souffrir d'un décalage de plus de 3/4 images... en étant optimiste ! L'exemple type étant un insert vidéo qui a pour but de remplacer une séquence déjà existante par une autre. Ce sera dramatique si le point d'entrée/sortie est décalé... Au mieux, vous aurez quelques images grignotées au départ ou à l'arrivée, ce qui ne collera plus avec la bande son, au pire, la séquence en amont ou en aval de celle que vous aurez voulu remplacer sera trop amputée pour vouloir dire quelque chose, et aura tellement perdu sa signification que vous serez obligé de procéder à l'insertion d'une séquence supplémentaire... Allez, bonne chance ! Conseil d'ami : la précision est le nerf de la guerre en montage. Il ne sert à rien d'avoir des super machines hyper sophistiquées multi séquences si l'imprécision dépasse les 5/6 images. Croyez-moi, au bout du compte... et au bout de votre montage par la même occasion, vous vous en mordrez les doigts. Avant d'acheter Quelques conseils à respecter pour les appareils "grand-public" :
L'appellation "Pro", déclinée sous tous les angles, en fait la griffe d'un marketing effréné et agressif des grandes marques, et peut allécher le consommateur qui voudrait avoir pour un prix modeste ce qui constitue aujourd'hui l'apanage des bancs professionnels : la fiabilité, la précision. On ne peut malheureusement avoir le beurre et l'argent du beurre, même s'il est vrai que des progrès indéniables ont été faits au niveau de la qualité de l'image ainsi que des supports. La démocratisation du code temporel est un autre pas en avant, le Digital Video devrait dans quelque temps réconcilier tout le monde. Patience et longueur de temps... Le mois prochain, nous allons franchir ensemble la passerelle qui conduit vers la gamme institutionnelle, et aller voir si par hasard vous n'y trouveriez pas votre bonheur...
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