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Note : traduction par David Brunet. Cela fait presque un an que je n'ai pas écrit dans cette rubrique "Outpost", et il est bon d'être de retour. Soyez assurés que Dave et Sandy Small reviendront le mois prochain. Mais je n'ai pas pu résister de revenir dans cette rubrique pour faire un rapport sur la situation d'Atari après la vente abrupte de la société par Warner. Beaucoup d'entre vous, ataristes, qui m'ont contacté par le biais du magazine ou ont visité le Creative Computing SIG sur CompuServe (PCS-22) savent que je reste fidèle à la machine Atari - et que les temps qui changent n'ont pas changé ces sentiments. Mais indéniablement, les temps ont changé pour les ordinateurs Atari. Après avoir subi des pertes de plus d'un milliard de dollars au cours des deux derniers exercices financiers, Warner Communications a ouvertement commencé à chercher un repreneur. Leur improbable découverte n'était autre que M. Jack Tramiel, qui, en tant que PDG de Commodore International, a personnellement aidé Atari à mordre la poussière dans la guerre des prix de 1982. M. Tramiel a fondé Commodore et l'a fait passer d'un simple magasin à une entreprise d'un milliard de dollars. Il a quitté son projet en janvier 1984, a voyagé dans le monde entier pendant quelques mois, puis a négocié le rachat d'Atari Corporation (désormais sous l'égide de Tramiel Technologies Ltd.) en juillet de la même année. Il convient de noter que Warner Communications a conservé la branche des bornes d'arcade Atari, ainsi qu'Ataritel, le groupe de télécommunications expérimentales. Vous vous souvenez d'Ataritel, n'est-ce pas ? Son grand titre de gloire est d'avoir survécu pendant près de trois ans sans jamais annoncer de produit. Donc l'homme dont le nom a autrefois signifié la perte d'Atari est maintenant sa dernière chance de salut. Ce n'est pas une petite ironie là, mais aussi une cause d'espoir, je voudrais l'affirmer. S'il y a une chose que M. Tramiel sait faire, c'est le marketing, et un mauvais marketing a contribué à tuer le vieil Atari. Il se peut que l'orgueil démesuré de Jack Tramiel l'emporte cette fois-ci, et que personne ne puisse sauver Atari. Jack Tramiel est peut-être aussi la seule personne au monde capable de redresser l'entreprise. J'ai été impressionné par ses toutes premières actions en tant que PDG et président. Il a licencié presque tous les cadres moyens et supérieurs et a traité le redressement d'Atari comme s'il s'agissait du démarrage d'une toute nouvelle entreprise. C'est, à mon avis, la seule façon efficace de planifier un retour. Si l'ancien Atari était trop présent, les dés étaient pipés. La société avait vraiment besoin d'un nouveau départ, et la première chose que Jack Tramiel a faite a été de s'assurer qu'Atari le fasse. Personne ne sait vraiment ce que Jack Tramiel fera à et pour la gamme de produits Atari. Il semble probable que l'Atari 800XL continuera à être vendu, au moins jusqu'au début de 1985. Pour tout le reste, les paris sont ouverts. Il est maintenant très improbable que le 1450XL, avec son lecteur de disquette à bus parallèle et son modem intégrés, ne voit jamais le jour. Jack Tramiel est assez avisé pour savoir que le 1450 est un produit de l'année dernière. Il veut sortir le produit de l'année prochaine le plus vite possible. Et le 1450XL ne l'est pas. Nous allons donc partir à la recherche d'une autre machine pour coiffer la colonne de la rubrique Outpost. Nous avons une intuition, mais nous y reviendrons plus tard. La seule chose dont nous sommes sûrs, c'est la confiance de Jack Tramiel. "Nous serons numéro un d'ici à un an", a-t-il déclaré à Infoworld. Un regard vers l'arrière L'Atari a été mon premier ordinateur, et c'est sans doute un peu grâce à lui que j'ai pu percer dans le monde du journalisme pour les micro-ordinateurs. Atari a été la première société informatique sur laquelle j'ai écrit pour de l'argent. La plupart des commentaires étaient élogieux, mais j'ai été le premier à critiquer Atari dans un éditorial d'Infoworld en 1981. À l'époque, Atari publiait des publicités pleine page dans les journaux spécialisés pour dire aux pirates que "la partie est terminée"... On peut parler d'une extrême suffisance et d'une approche malavisée des relations publiques. Outre cette critique, j'ai décrié le fait que la société n'accordait pas de crédit aux programmeurs individuels pour leurs logiciels et j'ai écrit qu'Atari avait tendance à la "schizophrénie" en raison de sa taille et de la façon dont elle se faisait concurrence. J'ai suggéré qu'une nouvelle approche était nécessaire si l'entreprise voulait éviter un problème de marketing et un problème d'image. Quand j'ai écrit mon premier article de cette rubrique en novembre 1982, Atari était en train de terminer une année à grand succès. Les jeux vidéo étaient la rage des Américains, et Atari était *la* société de jeux vidéo. Il semblait qu'ils ne pouvaient pas faire d'erreurs, et les cadres supérieurs ont commencé à croire en leur propre infaillibilité. Il semblait également que la décision avait été prise de laisser les superlatifs ordinateurs 400 et 800 languir, tandis que la société dépensait des millions pour promouvoir les jeux. Jusqu'à la fin, cette stupéfiante erreur de calcul a prévalu : témoin l'incroyable introduction de la console de jeux 7800 quelques semaines avant la disparition de l'ancienne société. Entre-temps, la gamme d'ordinateurs avait été dépréciée et rendue moins compatible avec elle-même. Personne à proximité du mécanisme de prise de décision (si tant est qu'il y ait eu un tel mécanisme chez Atari) n'a jamais eu la moindre idée de ce que devrait être une gamme de produits. Et la dernière chose qu'ils auraient fait, c'est d'écouter quelqu'un qui en avait une. Après un an à écrire dans cette rubrique Outpost, je suis devenu dépressif. Mes critiques du marketing étaient devenues un feuilleton mensuel et étaient plus caustiques à chaque fois. Mes sentiments à l'égard de la société Atari sont devenus contre-productifs pour la rubrique. Mes relations avec la société Atari étaient au plus bas, et il semblait qu'il y avait un nouveau directeur des relations publiques presque chaque semaine. Atari avait commencé à perdre de l'argent, et aucune quantité de Maalox ne pouvait aider. La ruée vers l'or avait déjà atteint le rythme d'un jogging de fin de semaine, mais tout le monde avait déjà mis ses baskets. Maintenant, un an plus tard, je ne peux m'empêcher de lancer un petit "je leur avais dit". Si seulement ils avaient rendu la console 5200 compatible 400/800 et proposé un clavier en option. Si seulement ils avaient tué le 1200 sur la planche à dessin. Si seulement ils avaient sorti le 1450 l'automne dernier. Si seulement ils avaient agi tôt pour changer leur image. Si seulement ils avaient protégé le moral et l'ego de leurs esprits les plus créatifs. Si seulement ils avaient réalisé que le jeu vidéo et l'ordinateur domestique d'entrée de gamme n'étaient plus des marchés séparés. Si seulement ils avaient réduit les coûts sans réduire la qualité. Si seulement la série XL avait été vraiment compatible avec les anciens Atari. Si seulement ils avaient fait ce que je dis depuis le début, ici même dans cette colonne, ils ne seraient pas écroulés et n'auraient pas fait bing bang boom. Et vous savez ce qu'on dit à propos de "plus ils sont gros...". Un regard vers l'avenir Hé, je sais qu'il est facile de regarder en arrière, d'écrire l'histoire et de dire "ils auraient dû m'écouter". La partie la plus difficile est de voir dans l'avenir et de déterminer où se trouvent les erreurs évitables. L'astuce est de continuer à prévoir les choses correctement. Atari est actuellement dans une situation précaire, avec un pied sur Jack Tramiel et l'autre sur une peau de banane. S'il tombe à nouveau, cette fois ses os fragiles se briseront. Il ira dans ce grand magasin Chuck E. Cheese dans le ciel. Dans le film de Ridley Scott "Blade Runner", une vision du futur, on voit partout des panneaux d'affichage et des enseignes Atari. En 1982, il devait sembler évident qu'Atari serait une entreprise capable de survivre jusqu'au XXIe siècle. Les jeux vidéo ont rapporté deux fois plus que les films cette année-là (plus de 7 milliards de dollars). En regardant le film aujourd'hui, les signes semblent datés. Horodatés, pourrait-on même dire. Qu'allez-vous faire, Jack, pour faire revivre ce mastodonte malmené ? Comment allez-vous faire pour que les gens arrêtent d'acheter des ordinateurs d'IBM, d'Apple et vos propres Commodore et commencent à acheter des Atari TTL ? Savez-vous ce que les gens veulent ? Connaissez-vous des esprits qui peuvent fournir cela ? Pouvez-vous les ramener à un coût attractif sans sacrifier la qualité et les performances ? Pouvez-vous les fabriquer en quantité dans un délai raisonnable ? Certainement pas à l'improviste, non. Vous devez trouver un produit qui mérite de porter votre nom, qui mérite de porter le nom d'Atari. Et j'ai des nouvelles pour vous, Jack. Je sais quel est ce produit. Que veulent les micro-acheteurs ? Facile. Ils veulent 1000 ko de mémoire, un disque dur de 10 Mo, des graphismes 3-D animés en couleur avec une résolution indiscernable de la télévision ; un modem, une interface laser et une imprimante intégrés ; un son stéréo comparable à celui d'un Moog ; et une facilité d'utilisation comme le Macintosh. Et ils le veulent pour 99,95 dollars. Accompagnez le tout d'un logiciel gratuit, comme un simulateur de vol qui donne vraiment l'impression de voler dans le ciel, et votre souhait sera exaucé. Vous pouvez redevenir le numéro un. Et peut-être y rester pour un moment. Mais c'est une machine pour la planche à dessin. Ce n'est pas celle qui est disponible maintenant pour supplanter la vieille ligne d'ordinateurs Atari. Sur quoi coller votre nom en attendant la machine de vos rêves ? Vous devez vous rapprocher le plus possible de cet ensemble de spécifications, à un prix aussi proche que possible. Plus important encore, vous devez être prêt à prendre un risque. Si vous présentez un énième ordinateur compatible IBM, vous ne pourrez qu'échouer. Bien sûr, la compatibilité IBM est une bonne chose, mais vous devez être capable de faire beaucoup plus. Le fait est que le standard IBM est médiocre, et la plupart des gens le savent à présent. Il vous faut quelque chose de plus, beaucoup plus, beaucoup beaucoup plus. Et maintenant, je vais vous donner le nom, l'adresse et le numéro de téléphone de la société à contacter. Qui arrêtera le Lorraine ? Dans le numéro d'avril 1984 de Creative Computing (page 150), j'ai parlé d'un nouvel ordinateur d'Amiga, une société connue uniquement comme fabricant de manettes de jeu et notamment d'un périphérique de jeu à pédale, bancal, appelé Joyboard. Je m'attendais à une autre grosse présentation qui se solderait par une grosse déception, mais j'ai été surpris. La machine, dont le nom de code est Lorraine, a été un véritable coup de maître. Je maintiens le commentaire que j'ai fait à l'époque : "Il suffit de dire que c'est la machine graphique et sonore la plus étonnante qui ait jamais été proposée au marché grand public." Le Lorraine est basé sur un microprocesseur 68000 qui tourne à 8 MHz, soit plus vite que le Macintosh. L'unité centrale est soutenue par trois puces VLSI spécialisées pour gérer les graphismes, le son et les entrées/sorties (ça vous dit quelque chose ?), et 128 ko de mémoire, extensible à au moins 1 Mo. Un lecteur de disquette interne de 5,25 pouces capable de stocker 320 ko est standard. Un boîtier d'extension, qui contiendra un deuxième lecteur de disquette, des emplacements pour des cartes et de l'espace pour un disque dur optionnel, est déjà prévu. Quant aux graphismes du Lorraine d'Amiga, ils sont presque indescriptibles. Grâce à l'animation en plan de bits, une approche utilisée par des machines coûtant plus de 50 000 dollars, le Lorraine crée des mouvements fluides en haute résolution et en plusieurs couleurs. Dans mon précédent rapport, je déclarais que "le Lorraine est capable de fournir des images animées en temps réel et en plusieurs couleurs, d'une qualité comparable (et probablement supérieure) à celle des dessins animés du samedi matin". Des sorties vidéo NTSC et RGB seront fournies, ainsi qu'un affichage de texte en 80 colonnes. Des capacités sonores, vous demandez-vous ? Oui, une stéréo à quatre canaux avec possibilité de parole. La première fois que nous avons vu le Lorraine au CES d'hiver 1984, c'était un ensemble de platines Labtec. Au CES d'été, les PROM étaient en place, mais les systèmes de développement étaient nécessaires pour les piloter ("ne faites pas attention à l'homme derrière le rideau"). Au moment où vous lirez ces lignes, les premiers prototypes fonctionnels seront en service. Le Lorraine est une réalité en quête de marketing. Et sans marketing, une machine comme le Lorraine ne décollera pas, même avec un jeu de puces personnalisées de Jay Miner (qui, soit dit en passant, a conçu le jeu de puces personnalisées des machines Atari 400 et 800). C'est pourquoi vous lisez ce qui concerne le Lorraine dans ma rubrique sur Atari. En avril 1984, j'ai appelé le Lorraine "enfin, la nouvelle génération d'Atari". Jack, c'est à vous maintenant d'être assez sage pour voir que c'est vrai. Faites baisser le prix à 1000 $ et demandez à quelqu'un comme Thomas Dolby d'en être le porte-parole. Puis mettez la machine sur le marché, avec votre nom dessus. Et rappelez-vous, M. Tramiel, votre nom est Atari. Faites-le avec fierté. Firme mentionnée dans cette colonne : Amiga Corporation 3350 Scott Blvd. Bldg. 7 Santa Clara, CA 95051 (408) 748-0222
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