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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Entrevue avec Alexey Pajitnov
(Entrevue réalisée par Dany Boolauck et extraite de Tilt - septembre 1990)
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Quel choc lorsque l'Occident découvre, pour la première fois, Tetris. Ainsi, la micro existe aussi de l'autre côté,
se dit-on. Devenu en peu de temps connu des amateurs, personnage hors norme, Alexey Pajitnov, père du jeu le
plus simple et le plus génial jamais programmé depuis bien longtemps, fait désormais partie du paysage de la
micro de loisirs. Ses propos permettent de mieux comprendre les problèmes qu'il a dû surmonter...
Le CES de Chicago fut également l'occasion pour nous de rencontrer des
auteurs célèbres, en l'occurrence, Alexey Pajitnov, l'homme de l'Est qui a rendu presque tout le monde
fou avec Tetris ! Célébrité très demandée, Pajitnov nous a accordé un petit entretien entre deux réunions
d'affaires.
Comment vous est
venue l'idée de créer Tetris ?
J'ai toujours été friand de puzzles. Ma première création, assez populaire en URSS, était un puzzle
nommé Pentaminer. Le principe de ce puzzle était basé sur l'utilisation des blocs comme dans Tetris.
Étant programmeur de profession, l'idée de faire une version micro de ce puzzle m'est naturellement
venue à l'esprit. C'est en m'attelant à la tâche que, petit à petit, le principe de Pentaminer
a changé pour devenir Tetris.
Sur quel ordinateur
avez-vous programmé Tetris ?
Ah ! Sur un excellent ordinateur soviétique nommé Elektronika 60 (64 ko de mémoire avec écran alphanumérique).
Il est compatible avec les mini-ordinateurs DEC (une marque américaine, spécialisée dans les gros systèmes).
Un Elektronika 60
Comment Tetris
a-t-il traversé les frontières soviétiques ?
En programmant ce jeu, je sentais bien que je tenais là un produit d'excellente qualité. J'ai donc
programmé une version PC que j'ai offerte à des personnes de mon entourage. Des copies de cette version
ne tardèrent pas à se multiplier et à se répandre plus rapidement qu'une épidémie de grippe ! Au bout de
deux ou trois semaines, Tetris était présent en Hongrie, en Pologne, en Bulgarie et bien d'autres pays
de l'Est !
C'est à ce moment qu'un homme d'affaires britannique a remarqué mon jeu (en Hongrie). Il a aussitôt tenté
d'entrer en contact avec moi afin d'acheter les droits de Tetris.
Tetris sur Elektronika 60
Tetris sur Amiga
Ce contrat a-t-il
été juteux pour vous ?
Eh bien... à vrai dire, le contrat de Tetris s'est fait sans moi ! C'est le Centre Informatique
de l'Académie des Sciences d'URSS, à Moscou, un institut scientifique pour lequel je travaille, qui a signé... Ils
sont les propriétaires du jeu et touchent les redevances (!).
Pensiez-vous
que Tetris aurait un tel succès ?
Comme je vous le disais plus tôt, Tetris était à mon sens un excellent jeu. Mais j'étais à mille lieues d'imaginer
le succès mondial qu'il a connu. J'espère que mes prochains jeux, Welltris et Faces, seront aussi populaires.
Vous travaillez
pour votre propre compte maintenant ?
Pas vraiment ! (rires) Je suis toujours un employé de l'institut... Disons que je travaille en indépendant
et une partie des redevances reviennent automatiquement à mon employeur ! C'est sur cette base que j'ai
signé un contrat pour Welltris et Faces avec mon institut qui, de son côté, a signé un contrat avec les éditeurs
occidentaux.
Vous devez
sûrement savoir que cette pratique est extrêmement rare, voire inexistante, dans les pays de l'Ouest.
Tout cela est effectivement plus compliqué pour nous, Soviétiques ! J'ai connu pas mal de problèmes pour les
droits de Tetris qui, comme vous le savez, ne m'appartient plus. Mais cela m'a permis de mieux connaître
et de revendiquer au mieux mes droits en tant qu'auteur dans le cadre du droit soviétique.
Est-ce seulement
le système juridique soviétique qui est responsable de cet état de fait ?
(temps de réflexion) Non... j'ai bien entendu eu des problèmes juridiques en URSS, mais j'en ai également
rencontré dans les pays de l'Ouest. Trouver un bon compromis entre les deux systèmes juridiques, qui soit
avantageux pour toutes les parties en présence, est difficile.
A vous entendre, être
créateur de jeux en URSS semble être un métier très dur ?
Non, je ne le crois pas. J'ai de plus ou moins bonnes conditions de travail. On me laisse travailler sur
les projets de mon choix et j'entre facilement en contact avec les éditeurs étrangers établis en URSS.
Je n'ai donc aucun problème pour commercialiser mes jeux.
Vos impressions,
lorsque vous avez été confronté pour la première fois avec la technologie des pays de l'Ouest ?
J'ai été impressionné ! Il est évident que l'URSS est très en retard par rapport à ces pays...
et au Japon.
Quel est le
micro-ordinateur qui vous a le plus impressionné ?
Sans hésitations, le NeXT. Et si cela peut intéresser vos lecteurs, je travaille actuellement sur un PC 386.
Vous avez rencontré
des programmeurs aux États-Unis. Vos impressions à leur sujet ?
Oui, j'en ai rencontré pas mal. Le contact s'est établi très rapidement. Nous ne sommes pas différents les uns
des autres, quelle que soit notre nationalité ou notre culture.
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