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Quoi de mieux que d'exercer une profession dans son domaine de prédilection ? Rien, répondrez-vous. Dans ce cas, pourquoi ne pas envisager une carrière dans la micro ? Encore faut-il savoir quelles sont les formations adaptées pour exercer la profession qu'on lorgne. Car, contrairement à ce que pourraient croire certains de nos lecteurs, travailler dans la micro ne veut pas nécessairement dire devenir programmeur ! Non, on peut aussi être chef de projet, graphiste, journaliste, vendeur, technicien de service après vente, ou autre... Terminée l'époque des pionniers où il suffisait d'aligner deux lignes de code pour faire fortune. Fini le temps où l'on pouvait inventer un ordinateur dans son garage et en faire l'une des plus belles "success stories" de l'histoire. La micro, les nostalgiques ne me démentiront pas, n'est plus tout à fait ce qu'elle était. Elle est plus pro, plus sérieuse, et la micro ludique n'échappe pas à cette règle. En ce qui concerne le développement des jeux, par exemple, tous s'accordent à dire que les équipes de programmation de demain n'auront plus grand-chose à voir avec celles d'hier ou d'aujourd'hui. Ainsi, Éric Caen de Titus évoque la mise en place, pour le développement de logiciels destinés au CDI, d'équipes situées à mi-chemin entre production audiovisuelle et "pools" d'informaticiens. Dans le même ordre d'idées, Nicolas Choukroun (Kildhozen, Pic'n Pile, et autres) met en avant la nécessité de préciser la notion de scénariste. Bref, les métiers de demain n'existent pas forcément aujourd'hui et certains de ceux que nous connaissons devront très rapidement faire face à des mutations... Voilà pourquoi, quel que soit le métier que l'on envisage d'exercer en micro, il est important de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Il est nécessaire de choisir une formation en parfaite adéquation avec ses objectifs tout en se ménageant malgré tout des portes de sortie. C'est-à-dire éviter toute sur-spécialisation inutile et sortir, dans des limites acceptables, des sentiers battus. Enfin, n'oubliez pas qu'une des caractéristiques fondamentales de la micro est d'offrir un nombre important de métiers différents. L'informatique recouvre deux domaines bien particuliers : le matériel et les logiciels. A chacun de ces domaines correspond une spécialité particulière, de la programmation à la saisie au kilomètre en passant par la conception d'extensions ou la réparation de machines... Un logiciel, une équipe De manière générale, le développement d'un logiciel fait appel à une équipe, sauf cas très particuliers du genre de Publishing Partner. En matière de jeux, on trouve ainsi un programmeur, un musicien, un graphiste, indépendants ou salariés par l'entreprise ; s'ajoutent bien évidemment un chef de projet et, souvent, un scénariste. Le chef de projet a en charge la définition et l'avancement du projet. Il suit l'équipe de développement, la conseille, tente de faire respecter les délais. Sur un produit particulier, il est associé à la réalisation du scénario et à la définition du produit, en fonction des impératifs du marché tant du point de vue de la demande des acheteurs que du parc de machines installées. On lui demande aussi de bien maîtriser certaines connaissances techniques. Sur des points de détails comme la mise en oeuvre d'une protection, il sera en effet amené à jouer le rôle d'interface. Or, il faut bien savoir de quoi on parle... Son rôle est aussi de prendre en charge les équipes externes proposant des projets ou des maquettes de produits. Titus, par exemple, reçoit environ quatre propositions par semaine et il s'agit de juger de leur pertinence, ce dont en théorie s'acquitte le chef de projet. En résumé, ce poste requiert à la fois des connaissances techniques et un sens du contact pour correctement gérer les relations avec les auteurs ainsi qu'une bonne connaissance du marché. Bien entendu, aucune formation spécifique n'existe. Profession : chef de projet
Quelqu'un venant du cinéma ou plus largement de l'audiovisuel aurait aussi pu remplir ce rôle. On est ici bien loin des trucs du genre "c'est l'histoire des glorbks qui attaquent les sblashs" qui immanquablement virent au jeu de tir le plus classique. Non, le rôle du scénariste est plus complet et devrait, aux dires de Nicolas Choukroun, par exemple, se renforcer avec la venue de produits sur CD/CDI. Profession : scénariste
Profession : graphiste
Généralement, il travaille sur... micro à coup d'interface MIDI et autres. Cependant, il utilise aussi volontiers l'échantillonnage et sait se faire preneur de son. Ce rôle devrait en outre se renforcer à court terme, du fait de l'augmentation des capacités musicales des machines et de la venue en force de la qualité CD. Bref, à mi-chemin entre ingénieur du son et musicien, il sera à terme recruté plutôt côté musique que micro. Ici encore, la polyvalence est garante du succès. Profession : musicien
Le problème est qu'il n'existe pas de filière typiquement micro ludique. Généralement, les actuels programmeurs ont appris sur le tas après avoir acquis quelques expériences soit en programmation pure soit en mathématiques. Mais, actuellement, les recrutements tendent à changer. On demande toujours aux programmeurs une preuve de leur talent mais cela suffit de moins en moins. Reste donc les formations académiques où après le Bac - généralement C, E voire D -, il est possible de s'orienter vers des cursus universitaires - institut universitaire de technologie (IUT), diplôme universitaire de technologie (DUT) - ou bien encore des filières d'ingénieur - École nationale des sciences appliquées (ENSA), Institut national des sciences appliquées (INSA) et autres. Attention, mathématiques et anglais sont de rigueur... D'un autre côté, ces filières forment des programmeurs tout-terrain. Les programmes assurent la connaissance de divers langages - C et Pascal principalement - ainsi que la maîtrise de divers assembleurs - 6809 et 68000 de rigueur - et bien entendu du système d'exploitation Unix. Cela paraît un peu lourd pour qui désire se limiter à la programmation de jeux, pourtant, le bagage ainsi obtenu permet d'évoluer par la suite. Cela est d'autant plus important que les places sont comptée... Pour Nicolas Choukroun, seuls une vingtaine d'auteurs français arrivent à bien vivre du développement de logiciels. Pour Dominique Sablon, ce chiffre s'établit entre 20 et 50. Cela s'entend, bien entendu, pour les équipes externes, c'est-à-dire pour les indépendants. Il existe en effet un certain nombre de programmeurs permanents, directement employés par les entreprises, qui sont généralement recrutés en fonction de leurs capacités mais aussi de leur bagage. Les salaires sont de l'ordre de 10 000 FF. Les auteurs indépendants sont plus libres et l'on ne leur demande que de faire leurs preuves. Le reste compte moins que pour les salariés. A titre indicatif, un auteur à la mode déclare environ 200 000 FF par an. Mais pour certains la vie est parfois dure trop nombreux sont ceux qui font des concessions pour se faire éditer... Profession : programmeur
Une fois un logiciel créé, reste à le finaliser puis à le produire en masse pour qu'il arrive chez vous. Pour cela, il existe un corps de métier pratiquement inconnu du grand public, celui de dupliqueur. A la base, c'est-à-dire au tout début de la micro de loisir, le dupliqueur n'était qu'un intervenant parmi d'autres. Peu à peu son rôle a changé. Désormais, ils ont souvent rôle de conseil pour la mise en place de protections, voire pour leur développement. C'est pourquoi, à côté des "manoeuvres", c'est-à-dire ceux qui effectuent directement la manipulation des disquettes, il existe des postes de développeur dans certaines sociétés. Généralement, ces dernières sont de taille moyenne mais il existe aussi des poids lourds comme Berteisman en Allemagne, par exemple. Il est bien entendu plus facile de se retrouver chez les premières... Cependant, il ne faut pas rêver, les postes sont peu nombreux et l'on demande aux techniciens d'être très pointus. Un mélange entre formation classique de programmeur, expérience du piratage - du déplombage - et une bonne dose de culot peut cependant se révéler payant. Il n'existe en France que trois sociétés véritablement performantes en ce qui concerne la duplication informatique. Les débouchés sont donc très limités du point de vue programmation. Il en est de même d'ailleurs pour les autres métiers liés à la duplication, notamment en ce qui concerne les personnes chargées de la manipulation des robots de duplication. L'aspect commercial des choses semble plus accessible, nous y reviendrons. La communication Une fois développé, un produit, quel qu'il soit, doit savoir se faire connaître du grand public. Cela est évidemment vrai tant pour les logiciels que pour le matériel. Pour ce faire les sociétés disposent de la communication, une arme d'ailleurs à double effet puisqu'elle s'oriente d'une part vers les journalistes et d'autre part - grâce à la publicité - vers le grand public. Dans le premier cas, évoquons tout d'abord le travail d'attaché de presse. Ce poste, souvent dévolu à de pulpeuses et séduisantes représentantes de la gent féminine, consiste à faire circuler en direction des journalistes l'information à propos des nouveautés. Ces personnes visitent ainsi souvent les rédactions des journaux spécialisés pour les tenir au courant de la venue de tel ou tel produit, de la signature d'un accord particulier ou autre. Bien entendu, il s'agit avant tout d'un travail de contact et de relation. On demande donc aux personnes recrutées pour ces postes une bonne culture générale, une facilité d'apprentissage et d'élocution ainsi que des capacités concernant la rédaction. Enfin, la pratique d'au moins une langue étrangère est souvent appréciée. Bien entendu, tout cela ne s'acquiert pas sur le tas. Des écoles d'attachés de presse existent, la formation dure trois ans après le Bac. Soulignons pour conclure que connaître l'informatique n'est pas une condition sine qua non pour occuper un tel poste mais ça aide, bien entendu. Profession : attaché de presse
Il existe en gros deux types de filières pour devenir journaliste. La première consiste à faire des études de journalisme. Après le Bac, diverses écoles forment en deux-trois ans. Le niveau de recrutement, souvent élevé, fait que bien souvent les étudiants sont recrutés au niveau licence voire maîtrise. Seconde possibilité : le hasard... Devenir journaliste n'implique pas forcément de faire des études poussées, de journalisme ou non. Un tiers des représentants cette profession n'ont pas de diplôme particulier. Ici encore, les places sont chères. En effet, il n'existe qu'un nombre limité de supports, d'ailleurs, les signatures changent peu... Une solution devenir pigiste. Le pigiste est payé en fonction de la quantité de travail qu'il fournit et n'est pas intégré à une entreprise. Il est plus facile d'aborder le métier de journaliste par ce biais car les rédactions ont souvent besoin, pour des opérations ponctuelles, de renfort ou de spécialistes pour un sujet donné. D'où appel aux pigistes. Attention cependant avant de vous précipiter vers les rédactions de journaux de micro, entraînez-vous à écrire. Comparez vos articles avec ceux écrits par d'autres. Et n'hésitez pas à prendre contact avec les revues. Sait-on jamais... Profession : journaliste
En ce qui concerne les autres, c'est-à-dire les mandataires ou ceux qui achètent les pages de publicité pour le compte des annonceurs, la situation est comparable, à savoir une grande diversité de cursus et de parcours. Mais, comme le précise Antoine Stina de l'agence Scor, avoir des connaissances en informatique peut faciliter les choses lorsque l'on travaille avec des sociétés de logiciels ou de matériel. Encore une fois, on ne parle pas de ce que l'on ne connaît pas. En outre, le véritable lien entre publicité et informatique est la PAO. L'ordinateur est en effet fort utilisé en tant qu'outil de création. Certes, dans ce cas de figure, on travaille plus dans la publicité que dans l'informatique : on peut être amené à réaliser des travaux sur d'autres sujets. Mais comme le précisent divers publicitaires : mieux vaut éviter de trop se spécialiser, la mobilité est en effet une des règles de base de la publicité. Profession : publicitaire
Rendre accessibles à tout un chacun les produits : tel est le leitmotiv de la distribution. En résumé, celle-ci s'organise en deux temps. Les grossistes livrent les revendeurs qui eux-mêmes diffuseront ce produit auprès du public. Côté grossistes, le métier le plus courant est téléacteur. Il s'agit de prendre contact avec les boutiques pour les tenir au courant des nouveautés, les informer des promotions et bien entendu prendre les commandes. Pour ce type de poste, une grande facilité d'élocution est nécessaire. Une bonne connaissance des produits que l'on propose est aussi un atout important. En effet, il faut savoir argumenter face à d'éventuels concurrents. C'est pourquoi certains distributeurs ont des équipes de testeurs chargés d'évaluer les nouveautés. Cela est plus particulièrement important en ce qui concerne les applications personnelles par exemple. Profession : téléacteur et intervenant en télé-assistance
Profession : testeur
Profession : vendeur
Une fois un produit vendu, les choses continuent. Ainsi, imaginons que vous achetiez une machine avec disque dur, imprimante laser et tout et tout. Reste à installer l'ensemble afin d'en assurer le bon fonctionnement. C'est pour répondre à cette demande que la qualification d'installateur a été créée. Le rôle de ce dernier consiste à prendre contact après achat avec le possesseur de matériel afin d'assurer la connexion de l'ensemble des systèmes, formater les disques durs et assurer l'implantation des éléments logiciels - DOS ou autre - nécessaires au système. Ce travail méconnu des amateurs de jeu prend tout son sens pour les utilisateurs portés sur les applications personnelles et dont le budget s'établit aux alentours des 10 000 FF. Dans ce cadre, des machines telles les ST, Amiga et autres PC sont très présentes. Évidemment, pour ce poste, une bonne connaissance de l'informatique est nécessaire. Cependant, inutile de chercher des qualifications très importantes, un Bac H suffit largement. Profession : installateur et formateur
Le formateur est en quelque sorte un professeur. On lui demande donc d'importantes capacités pédagogiques et une élocution aisée. Enfin, une parfaite connaissance du matériel et des logiciels sur lesquels le public est destiné à être formé est fortement recommandée. En ce domaine, l'expérience parle avant le reste, mais une formation de formateur ne peut pas faire de mal, de même d'ailleurs qu'une base informatique qui peut s'acquérir par le biais d'une option dans le cadre du lycée, par exemple. Autre exemple de poste méconnu : intervenant en télé-assistance. Existant depuis de nombreuses années en micro-informatique personnelle, cet emploi tend à se répandre en matière de micro ludique grâce aux clubs Nintendo et Sega. Il est ainsi désormais possible de composer un numéro de téléphone et d'obtenir des trucs et astuces concernant un jeu. Cette aide en direct très appréciée des utilisateurs n'est pas toujours un poste facile à remplir notamment le mercredi, jour des enfants... Mais, pour les véritables passionnés. il peut s'agit d'un bon moyen de gagner sa vie tout en étant dans le domaine du jeu. Bonne connaissance des programmes, bonne maîtrise de la manette sont recommandées. Espérons seulement que ce type de service aura tendance à se développer, ce qui permettrait de multiplier le nombre d'initiatives. Dernier poste que nous évoquerons dans le cadre de ce dossier, celui de technicien de service après-vente. Cette personne est chargée de réparer les machines en panne. Qui dit machine dit matériel, et donc électronique. C'est vers ce type de formation qu'il faut s'orienter. Il est toujours possible de se former par le biais d'un brevet d'enseignement professionnel (BEP) électronique/électrotechnique. Cependant, il semble qu'un mouvement vers les BTS d'électronique se fasse au niveau recrutement. De toute manière, pour ce genre de poste, les critères techniques l'emportent. Le mot-clé est toujours la compétence. Plus précisément, rapidité et fiabilité. En ce qui concerne le reste, plus précisément la connaissance de telle ou telle machine du point de vue électronique, l'expérience et l'apprentissage sur le tas font loi. Profession : service après-vente
Certains lecteurs, compte tenu de ce qui précède, vont dire que Tilt exagère, que la micro-informatique c'est facile et que les formations ne sont pas nécessaires pour réussir. Un parallèle permet de démentir une telle attitude. En micro professionnelle, les années 1975 ont connu l'épopée des autodidactes. D'ailleurs, Steve Wozniack d'Apple lui-même n'a pas eu son brevet d'ingénieur ! Mais, dès 1980, les recrutements en France se sont situés au niveau de Bac +2. Maintenant, à l'orée de la dernière décennie de ce siècle, les petites annonces font mention de Bac +5. L'ère des ingénieurs et autres universitaires long cours règne. Vous pouvez certes travailler dans la micro-informatique sans bagage mais, à terme, cela est risqué. Autodidactes intégrés dans la vie professionnelle, sachez que rien n'est impossible. La formation pour adultes existe et nombre de stages permettent de se mettre à niveau. A cet égard, le Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) fait office de référence bien que la théorie y prenne trop souvent le pas sur la pratique. Citons aussi l'Association de Formation pour Adultes (AFPA) ainsi que certains centres X2000. Rappelons que la micro-informatique est un milieu où le hasard occupe une bonne place. De plus, l'évolution actuelle vers de nouvelles machines laisse entrevoir bien des possibilités. Bien entendu, la conception de nouveaux standards internationaux par une poignés de passionnés n'est plus vraiment dans l'air du temps, toutefois, en ce qui concerne le développment d'applications, la création de nouveaux services ou encore le renforcement de ceux qui existent à l'heure actuelle permettent de voir le futur sinon rose tout du moins porteur d'espoir. Adresses utiles
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