Obligement - L'Amiga au maximum

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Dossier : Classic Reflections - Qu'est-il arrivé à Village Tronic ?
(Article écrit par Trevor Dickinson et extrait de Amiga Future - décembre 2014)


Note : traduction par David Brunet.

Qu'est-il arrivé à Village Tronic ?

Ce mois-ci, nous retournons en Europe continentale pour examiner une société allemande qui, bien qu'elle soit arrivée relativement tard sur la scène Amiga, apporta une contribution significative à l'histoire de la plate-forme. Alors que la Californie était peut-être le foyer spirituel de l'Amiga, ce sont l'expertise et le dynamisme de plusieurs entreprises allemandes qui ouvrirent la voie après la faillite de Commodore. Ce dernier avait une clientèle si forte et loyale en Allemagne qu'il ne fut pas étonnant de voir qu'une grande partie du développement Amiga post-Commodore provint de ce pays. L'une de ces sociétés développa sans doute la meilleure carte graphique RTG pour port Zorro, sans compter que son sous-système graphique associé devint le système RTG standard sur AmigaOS pour le matériel de nouvelle génération. Cette société est Village Tronic Marketing GmbH et voici son histoire sur Amiga.

Village Tronic

L'effet domino

Village Tronic fut fondée en juillet 1982 par quatre amis d'école de la ville de Wadersoh, dans la région de Rhénanie du Nord Westphalie, dans la plus pure tradition du folklore informatique. Hubert Neumeier (aujourd'hui Hubert Chen), l'un des quatre fondateurs, commenta les débuts : "Nous construisions des ordinateurs et du matériel de laboratoire pour nous-mêmes et fabriquions des produits simples afin de financer notre passe-temps électronique. Nous n'avions pas pu enregistrer la société Village Tronic car nous n'avions pas encore 18 ans."

Village Tronic Village Tronic
Hubert Neumeier et Klaus Burkert

La société fut officiellement créée en 1986 alors que Hubert Neumeier étudiait le génie électrique et électronique à l'université de Hanovre. Elle établit son siège à Sarstedt, à environ 20 km au sud-est de Hanovre. Cependant, il fallut attendre plusieurs années avant que Village Tronic commence à commercialiser des produits pour Amiga, sans doute parce que Hubert Neumeier était encore à l'université. Son premier vrai produit fut la Domino, une carte graphique RTG développée en collaboration avec XPert Computer Services GmbH, la société allemande derrière le projet de transputer Avalon Amiga et d'autres produits Amiga.

Village Tronic
Domino

La carte Domino était en fait une carte Zorro II AutoConfig, qui se matérialisait sous la forme d'une carte graphique PC ISA standard faisant office d'interface entre la carte PC et le bus Zorro II. Cette carte graphique était architecturée autour de la puce Tseng Labs ET4000 et comprenait 1 Mo de mémoire. Elle gérait six modes d'écran prédéfinis, allant du 640x480 en 32 768 couleurs à du 1280x1024 en 16 couleurs. Elle incluait également deux connecteurs SVGA, dont l'un permettait le passage du signal RVB Amiga standard grâce à l'utilisation d'une puce optionnelle de commutation de moniteur connectée à un port de la carte.

Outre les pilotes, outils et utilitaires habituels, le logiciel fourni comprenait également TVPaint Junior, une version allégée de TVPaint, un programme de dessin 24 bits créé par le développeur français Hervé Adam. Un émulateur de Workbench était aussi inclus. Il permettait, grâce à un désentrelaceur, au Workbench et à la quasi-totalité des logiciels de fonctionner dans des résolutions allant jusqu'à 1024x768. Bien qu'il ne s'agissait pas d'une vraie carte graphique Amiga, le projet Domino donna à Village Tronic un avant-goût du développement de cartes graphiques sur Amiga et eut une influence majeure sur les futurs produits de la société.

Peinture à numéros

Sans surprise, le produit suivant de Village Tronic fut la Picasso II, une carte graphique RTG pour Amiga vendue sous son propre nom. En janvier 1993, Village Tronic présenta un prototype de la carte lors de l'International Amiga Devcon à Orlando, en Floride. La Picasso II sortit dans le commerce en juillet 1993 et fut vendue peuplée de 1 ou 2 Mo de mémoire vidéo (pour respectivement 299 et 340 £). Plusieurs développeurs matériels, dont Hubert Neumeier et Klaus Burkert, furent crédités en tant qu'auteurs dans un excellent manuel relié en spirale fourni avec la carte.

Village Tronic
Picasso II

Village Tronic
La boîte de la Picasso II

Contrairement à la précédente carte Domino, la Picasso II était une véritable carte graphique RTG 24 bits conçue sur mesure pour les Amiga équipés de ports Zorro II/III et non pas un simple support pour une carte PC standard. La Picasso II fonctionnait correctement dans un port Zorro III, mais ne pouvait cependant fonctionner qu'à des vitesses Zorro II, ce qui limitait le débit maximum de transfert de données à la mémoire vidéo à environ 3 Mo/seconde.

Mais ce qui lui manquait en vitesse était plus que compensé par ses autres fonctionnalités. La carte était construite autour de la puce VD Cirrus Logic GD5426 ou GD5428 et la version 2 Mo permettait l'affichage d'écran de 800x600 en 24 bits non entrelacé à 28 MHz. Elle pouvait également afficher des écrans entrelacés de résolutions supérieures comme du 1152×864 en 16 bits à 45 MHz ou du 1600x1200 en 256 couleurs à 85 MHz. La version 1 Mo pouvait afficher les mêmes résolutions d'écran mais avec moins de couleurs. La Picasso II pouvait aussi copier sa mémoire directement dans l'espace d'adresses Zorro II, ce qui accélérait la manipulation de la mémoire graphique, mais limitait la quantité de mémoire Fast à 6 Mo. Avec 8 Mo de mémoire Fast Zorro II d'installés, la carte devait être exécutée en mode segmenté, ce qui entraînait une baisse des performances.

Village Tronic
Publicité pour la Picasso II

La Picasso II comprenait également un désentrelaceur intégré produisant des affichages très stables. Ceci permettait au Workbench et à la plupart des autres programmes compatibles Workbench de se lancer dans des écrans haute résolution 24 bits plutôt que dans des modes d'écran Amiga habituels. Mieux encore, elle incluait un connecteur passerelle qui dirigeait automatiquement tous les signaux vidéo Amiga standard vers la sortie vidéo de la Picasso, ce qui permettait aux vieux logiciels non-RTG de se lancer sur le même moniteur, évitant ainsi le recours à un commutateur ou à un second moniteur. La carte pouvait fonctionner sur tout Amiga équipé d'un port Zorro II/III et du Workbench 2.0. En outre, sous Kickstart 3.0, elle gérait les écrans en 256 couleurs, même sur les machines antérieures à l'AGA.

La Picasso II étant basée sur une puce VGA standard, elle ne pouvait pas rivaliser avec les capacités du coprocesseur Copper de l'Amiga. Par exemple, le déplacement d'écran était géré mais cela ne fonctionnait pas avec les écrans contenant plus de 16 couleurs. Elle disposait également d'un Blitter intégré, capable de dessiner à des vitesses pouvant atteindre 30 Mo par seconde et accélérant les opérations graphiques comme le remplissage de zones et le défilement de texte. Avec tout cela, un Amiga équipé d'un 68030 et d'un minimum de 10 Mo de mémoire était recommandé pour obtenir les meilleures performances, en particulier pour l'utilisaiton de plusieurs modes d'écran en 256 couleurs ou en 24 bits. Et à moins d'utiliser un désentrelaceur, il vous fallait en plus un moniteur multisynchro afin de pouvoir afficher des fréquences allant jusqu'à 57 kHz, qui permettaient des résolutions de 1024x768 et plus.

On vous voit !

Le matériel de la Picasso II était bon, mais ce qui permit de bien vendre la carte fut l'excellent logiciel livré avec. Plusieurs développeurs clés furent une nouvelle fois crédités dans le manuel de la Picasso II. Cependant, Hubert Neumeier affirma plus tard que ce fut le travail d'un développeur en particulier, David Göhler, qui contribua à établir la bibliothèque village.library en tant que premier standard graphique en TrueColor dans le monde Amiga. Les deux bibliothèques village.library et vilintuisup.library étaient tout ce qui était nécessaire au Workbench pour détecter et configurer automatiquement la carte Picasso II.

Village Tronic
David Göhler

Plusieurs commodités furent également fournies afin de tirer parti des performances de la Picasso II. Par exemple, l'utilitaire ChangeScreen interceptait automatiquement tout programme essayant d'ouvrir un nouvel écran et donnait à l'utilisateur la possibilité de promouvoir cet écran vers l'un des nouveaux modes Picasso (ou dans une résolution Amiga différente). Ce changement d'écran pouvait être temporaire, rendu permanent ou l'utilisateur pouvait choisir de ne jamais promouvoir un écran particulier. Ceci était bien utile car certains programmes comme Deluxe Paint étaient incompatibles avec la Picasso II. Le programme ChangeScreen incluait également la fonction "Copy Continuously" (copie continuelle) pour les programmes incompatibles. Cela ouvrait l'écran en mémoire Chip en arrière-plan et le copiait continuellement dans la mémoire vidéo de la Picasso II, faisant croire au programme qu'il fonctionnait toujours sur un écran Amiga. L'inconvénient était que cela consommait beaucoup de précieuse mémoire Chip. La majorité des applications commerciales fonctionnait cependant très bien avec la promotion d'écran, et celles qui ne fonctionnaient pas pouvaient être affichées automatiquement sur un écran Amiga natif.

Un certain nombre d'utilitaires, de démos et de programmes de dessin furent inclus avec la carte. On trouvait :
  • Les logiciels de dessin TVPaint Junior et Personal Paint lite qui pouvaient afficher 256 couleurs.
  • PicassoSwitch, un utilitaire pour créer des raccourcis clavier permettant de basculer entre les écrans Amiga et Picasso.
  • Styx, un simple économiseur d'écran 24 bits.
  • Un utilitaire de tests de performances sous Intuition.
  • Des pilotes Picasso pour divers logiciels (Image F/X, ImageMaster, Art Department Professional, Real 3D, Reflections).
  • Des programmes d'affichage d'images et d'autres utilitaires pouvant tirer parti des modes d'affichage Picasso 16 et 24 bits.
Village Tronic inclut même une bibliothèque pour la programmation et un exemple de code en C pour encourager les développeurs à écrire leur propre logiciel compatible Picasso afin d'afficher des images 24 bits. Au final, la carte Picasso II n'était nullement parfaite et il existait des cartes RTG de meilleure qualité, plus chères, offrant de meilleures spécifications, mais, en raison de son prix relativement bas, de sa facilité d'installation et de son fonctionnement pratiquement sans problème, les ventes de la Picasso II furent excellentes et, en un an, elle devint la carte RTG la plus populaire sur Amiga.

Élargir la gamme

Au salon World Of Commodore de Cologne, en novembre 1993, Village Tronic présenta les dernières versions des logiciels et des pilotes de sa carte Picasso II, ainsi que de nombreux nouveaux logiciels. Cela incluait MainActor, un programme partagiciel d'animations compatible RTG créé par Markus Moenig, qui permettait la lecture en temps réel des animations ANIM et FLI sur un écran Picasso. Nicolas Geley, l'un des concepteurs de TVPaint Junior, fit d'impressionnantes démonstrations de ce logiciel sur un écran Picasso.

Village Tronic
Markus Moenig

Village Tronic montra également TrapFax, un utilitaire pour modem tirant parti du Workbench haute résolution affiché par la carte Picasso II et permettant de décoder une télécopie A4 en pleine page. Deux nouvelles cartes réseau pour Amiga furent aussi présentées : Ariadne, une carte Ethernet pour port Zorro II conforme SANA-II conçue pour fonctionner avec le logiciel de réseau Envoy de Commodore et Liana, une solution réseau pair-à-pair peu coûteuse pour port parallèle.

Village Tronic
Ariadne

Village Tronic
La boîte de Liana avec Envoy

Au début de 1994, Village Tronic commercialisa Pablo (149,95 £), la première des extensions prévues pour la carte Picasso II. Pablo était une carte d'encodage vidéo, compatible PAL uniquement, qui se connectait à la Picasso II et lui permettait de transférer la sortie 24 bits sur bande vidéo SVHS ou composite. Elle comprenait un câble jack RCA standard pour les signaux composites, ainsi qu'un câble Y/C et des adaptateurs pour les connexions BNC et SCART. Pablo pouvait également jouer des animations 16 et 24 bits, même si elles étaient rendues moins fluidement que les animations HAM8, en raison de la limitation de la vitesse du bus Zorro II. Elle était fournie avec un ensemble de disquettes du système Picasso qui contenait des logiciels mis à jour, ainsi qu'une copie du programme d'animation MainActor et quelques exemples d'animations.

Par ailleurs, un nouvel utilitaire de contrôle, PicassoMode, permettait de créer et de tester rapidement et facilement des modes d'écran personnalisés. Pablo était ainsi doté d'un grand choix de modes d'écran, ce qui lui autorisait l'utilisation simultanée de résolutions vidéo et de résolutions natives. Cependant, la sortie Pablo ne pouvait pas être visualisée sur un téléviseur ni enregistrée sur une cassette vidéo sans l'utilisation d'un correcteur de base de temps. Sans compter que, dans sa première version, elle ne gérait pas les modes vidéo en suraffichage. Les versions ultérieures pouvaient afficher des résolutions jusqu'à 768x576 dans tous les modes de couleurs, y compris le HighColour et le TrueColour.

De son côté, MainActor fut remplacé par MainActor Professional, une version mise à jour qui proposait de nombreuses nouvelles fonctionnalités. Il incluait la gestion multiplate-forme de nombreux formats d'animation, comme l'AVI, le FLI et l'ANIM. Ce logiciel intégrait également un système de mise en cache intelligent permettant de jouer des animations de n'importe quelle taille à partir d'un disque dur ou du RAM Disk, même sur un Amiga avec seulement 2 Mo de mémoire. Les effets sonores pouvaient être synchronisés avec chacune des images d'une animation. Les Amiga fonctionnant sur AmigaOS 3.0 ou supérieur bénéficiaient, eux, d'une lecture plus rapide des animations. Les animations elles-mêmes pouvaient être visualisées dans une fenêtre redimensionnable et défilable, et affichées avec une palette de couleurs ajustée aux attributs de l'écran. Il y avait aussi un lecteur externe, MainPlayer, qui pouvait lire des animations via le port vidéo natif de l'Amiga ou la carte Picasso II et qui pouvait vraiment tirer parti du mode Chunky Pixel. Enfin, ce logiciel était compatible ARexx et intégrait des modules de chargement et de sauvegarde vidéo. MainActor Professional était également disponible séparément au prix de 49,95 £.

Village Tronic commercialisa plus tard un kit Picasso II mis à jour (349,95 £), comprenant le nouveau logiciel de contrôle, TVPaint Junior et MainActor, ainsi que les habituels utilitaires. Le nouveau mode Chunky Pixel offrait une amélioration massive de la vitesse sur un écran Workbench en 256 couleurs, bien plus rapide qu'un écran AGA comparable. Un autre kit Picasso fut lancé au prix 499,95 £, celui-ci comprenait la version complète de TVPaint 2.0.

AmigaOS est mort, vive AmigaOS

Lorsque Commodore déclara faillite le 29 avril 1994, la société travaillait alors sur une nouvelle version d'AmigaOS, la 3.1, qui devait remplacer la version 3.0 fournie avec les Amiga 4000 et 1200. Les projets pour sa commercialisation furent cependant temporairement suspendus après la disparition de Commodore. Mais Village Tronic prit des dispositions pour distribuer et vendre une version sous licence d'AmigaOS 3.1. Et donc, malgré la mauvaise situation de Commodore, la nouvelle version 3.1 d'AmigaOS fut publiée durant l'été 1994, via Expert Services, le distributeur américain de Village Tronic qui s'occupait du marché Amiga en Amérique du Nord.

Village Tronic Village Tronic
Publicités pour AmigaOS 3.1 (juillet 1995 et janvier 1996)

La nouvelle version corrigeait des bogues, incluait des améliorations mineures pour le RTG, la gestion de la puce Akiko de la CD32, l'ajout des datatypes ANIM et CDXL, ainsi qu'une meilleure gestion des modèles d'Amiga antérieurs. Village Tronic vendait des kits de mise à niveau qui comprenaient les disquettes d'installation d'AmigaOS 3.1 ainsi que les nouvelles ROM Kickstart spécifiques à chaque machine, qui devaient remplacer les ROM existantes. Les prix allaient de 84,95 £ pour les kits A500 et A2000 à 94,95 £ pour les versions A1200, A3000 et A4000. Ces kits de mise à niveau furent initialement vendus avec les disquettes et les ROM, mais par la suite, de nombreux revendeurs Amiga commençèrent à vendre les ROM et les disquettes séparément.

La carte Ethernet Ariadne et le kit réseau pair-à-pair Liana furent tous deux lancés à la fin de 1994 aux prix respectifs de 199,95 et 59,95 £. La carte Ariadne disposait à la fois de connecteurs Ethernet 10BASE-2 et 10BASE-T, ainsi que deux ports parallèles supplémentaires, qui permettaient à un ou deux autres Amiga d'être connectés au réseau. L'Ariadne et la Liana furent toutes deux livrées avec Envoy, le logiciel réseau de Commodore. Enfin, du côté des récompenses, la Picasso II fut nommée "matériel de l'année" pour la deuxième année consécutive par Amiga Plus, le premier magazine Amiga allemand. Le succès de cette carte fut aidé par l'excellent soutien de Village Tronic ainsi que par les mises à jour continuelles de ses pilotes et des logiciels tiers.

Acteur principal

Pendant ce temps, le développement de MainActor se poursuivit et une nouvelle version, MainActor Broadcast, fut lancée durant l'été 1995 (179,95 £ ou 129,95 £ pour les possesseurs de la version Pro). Cette nouvelle version fonctionnait sur tout Amiga disposant d'un minimum de 512 ko de mémoire et d'AmigaOS 2.04 ou supérieur. Plus de 20 modules de chargement et de sauvegarde pour les animations et les images y étaient inclus avec une gestion complète de l'AVI, du Quicktime et du JPEG jusqu'à une profondeur de 24 bits. Le logiciel incluait également un fichier index permettant le rechargement plus rapide des animations, un module d'effets générant des effets spéciaux dans les animations, ainsi que 19 modules sonores pour la lecture des sons et des musiques, même compressés. MainActor Broadcast offrait également une interface graphique facile à utiliser avec un port ARexx programmable et la possibilité de concaténer, scinder et convertir des animations.

Village Tronic
MainActor Broadcast

Village Tronic
Publicité pour MainActor Broadcast et d'autres produits Village Tronic

Ce programme partagiciel devint de plus en plus avancé et il ne fallut pas longtemps pour que son développeur, Markus Moenig, rompe avec l'Amiga et commence à développer MainActor pour d'autres plates-formes. Markus Moenig n'était pas le seul à projeter de passer à d'autres plates-formes. Village Tronic développa une série de cartes graphiques pour Macintosh, nommées MacPicasso, qui géraient les genlocks Amiga et la puissance du PowerPC pour la génération d'effets pour les animations et la vidéo. Cependant, la société poursuivit ses développements Amiga, par exemple avec Pablo, son encodeur vidéo qui gérait à présent la norme NTSC, et pouvait même fonctionner sur la carte Picasso en résolution 24 bits, grâce au nouveau pilote ToasterPaint.

Village Tronic était très présent au salon CeBIT de Hanovre en janvier 1996. La carte Picasso II+, attendue depuis longtemps, ne fit cependant pas son apparition, mais une nouvelle version de MainActor Broadcast fut exposée, ainsi que la nouvelle carte DKB Wildfire 060, la première carte accélératrice à utiliser un 68060 à 66 MHz et gérer le bus d'extension PCI, qui permettait d'y intégrer une carte Picasso.

Village Tronic
Picasso II+

Village Tronic indiqua qu'une version de la Picasso II+ pour Amiga 4000 serait commercialisée d'ici l'été 1996, et une version pour Amiga 3000 suivrait d'ici la fin de l'année. Cette carte fit finalement ses débuts à la fin de 1996. Elle conservait les fonctionnalités de la précédente version et était complètement compatible, tout en y ajoutant une gestion plus rapide du bus Zorro II et une gestion des interruptions VBL permettant la mise en oeuvre plus efficace du double tampon mémoire. La Picasso II+ incluait également un contrôle de la luminosité pour l'encodeur vidéo Pablo, proposait une vitesse de mémoire tampon supérieure (jusqu'à 30 Mo/s) ainsi qu'une gestion du mode d'économie d'énergie DPMS pour les écrans. La carte était fournie avec le logiciel graphique ImageFX 1.5 et vendue au prix de 249,95 £.

Tout ce que l'on peut imaginer est réel

Toujours en 1996, Village Tronic révéla que Klaus Burkert et Harun Scheutzow étaient en train de concevoir une nouvelle carte RTG révolutionnaire pour Amiga, qui serait la première carte graphique multimédia au monde. Les fonctions prévues comprenaient un syntoniseur TV avec sortie TV analogique, la possibilité de regarder la télévision dans une fenêtre du Workbench, un enregistreur vidéo ainsi qu'un désentrelaceur Amiga.

Pour accompagner cette carte, les développeurs Tobias Abt et Alexander Kneer travaillèrent sur un nouveau sous-système graphique visant à fournir un environnement logiciel modulaire et convivial pour de nombreuses cartes graphiques Amiga, notamment les cartes Picasso de Village Tronic. Selon ses développeurs, "ses principaux objectifs sont de fournir une solution aussi compatible que possible, transparente et fiable." Ce nouveau logiciel, sorti en novembre 1996, fut baptisé Picasso96, probablement pour commémorer l'année de sa publication. Il concurrençait directement CybeGraphX, qui était à l'époque l'API RTG de facto sur Amiga. CybergraphX fut développé par Frank Mariak et Thomas Sontowski et utilisé par Phase 5 pour ses cartes graphique RTG CyberVision. Thomas Sontowski travailla d'ailleurs également sur le logiciel original Picasso. Et à partir de ce moment, Picasso96 et CyberGraphX devinrent la norme en matière de cartes graphiques RTG sur Amiga. Cette compétition se poursuivit même durant le développement des Amiga de nouvelle génération.

Village Tronic Village Tronic
Alexander Kneer et Tobias Abt

P96

Le logiciel Picasso96 permettait aux cartes graphiques RTG de remplacer les fonctions graphiques intégrées de l'Amiga. Il imitait les fonctionnalités de la bibliothèque vilintuisup.library, fournie avec la Picasso II, et de la cybergraphics.library de CyberGraphX. Il permettait également l'utilisation de plusieurs cartes graphiques sur un même ordinateur, même des cartes du même type, et aussi la gestion de plusieurs moniteurs. Pour assurer une compatibilité maximale, seules les fonctions vraiment nécessaires étaient modifiées. De nombreuses cartes RTG pour Amiga étaient gérées par Picasso96, dont celles construites par Village Tronic. Des pilotes pour d'autres cartes RTG étaient également en développement.

Village Tronic
Le Workbench sous Picasso96 en 1152x832

Un nouvel utilitaire, PicassoMode, permettait de configurer des modes d'écran RTG et de paramétrer les moniteurs. Des pilotes pour certaines applications tierces, comme Art Department Professional ou Photogenics, furent également incluses. Picasso96 nécessitait une machine puissante : la configuration matérielle minimale requise était un Amiga avec un processeur 68020, le Kickstart 3.0 ou supérieur et au moins 2 Mo de mémoire. Et pour des performances optimales, les développeurs recommandèrent un Amiga avec 68040 ou 68060, 8 Mo de mémoire Fast, un disque dur, une carte graphique sur port Zorro III connectée à un moniteur multisynchro décent pouvant générer une fréquence supérieure à 64 kHz et offrant des résolutions jusqu'à 1024x768 à 75 Hz. Picasso96 était disponible en deux versions : une édition disponible gratuitement sur le site Internet des développeurs ou sur Aminet, et une édition "Gold" comprenant un manuel imprimé et l'accès à une téléassistance de la part de Village Tronic. Il est intéressant de noter qu'Olaf Barthel, un des principaux gourous d'AmigaOS, travailla sur la partie logicielle et documentation de nombreux produits de Village Tronic, dont Picasso96.

P96

À la fin de 1996, Village Tronic commença à distribuer la version 4.x d'AmiTCP/IP, une pile TCP/IP pour Amiga populaire développée par Tomi Ollila et l'équipe NSDi de Finlande. Il était vendu avec un manuel au prix de 69,95 £ et était également fourni avec la carte Ethernet Ariadne. AmiTCP/IP constitua plus tard le fondement de la pile TCP/IP Genesis présente dans AmigaOS 3.5.

Village Tronic
Le manuel d'AmiTCP/IP

Génération multimédia

À la fin de 1996, Village Tronic révéla les détails de la Picasso IV, sa nouvelle carte graphique et multimédia pour Amiga. La publicité de Village Tronic affirmait que la Picasso IV était la nouvelle génération de cartes graphiques Amiga qui offrait une "garantie pour l'avenir avec des spécifications évolutives pour tous les Amiga sur port Zorro II/III." Cette nouvelle carte était basée sur la puce Cirrus Logic GD5446 64 bits et comprenait un Blitter 64 bits, permettant une vitesse de remplissage de 180 Mo/s. Elle était également dotée d'une mémoire vidéo EDO en 45 ns de 2 Mo, pouvant être étendue à 4 Mo, et pouvant afficher des résolutions d'écran allant jusqu'à 1600x1200 en 16 bits ou 1280x1024 en 24 bits non entrelacé. Le prix de vente initial pour la version avec 2 Mo de mémoire était fixé à 399,95 £, mais seule la version 4 Mo fut commercialisé.

Village Tronic
Picasso IV

La carte intégrait également un désentrelaceur qui était programmable jusqu'à 160 Hz et permettait l'utilisation de moniteurs PC SVGA peu chers pour tous les modes d'affichage. Ce désentrelaceur était pourvu d'une EPROM et pouvait fournir des résolutions 24 bits pour l'A4000 et 12 bits pour les A2000 et A3000. Cependant, la carte ne proposait pas de fonction passerelle permettant d'afficher les modes natifs Amiga Multiscan ou DPLPAL/DBLNTSC. Malgré cela, elle était capable de gérer des fréquences d'horloge de 135 MHz pour les modes 8 bits, et de 85 MHz pour les modes 16 et 24 bits. Les fréquences horizontales pouvaient, elles, aller de 15,5 à 84 kHz et les fréquences verticales de 50 Hz entrelacée à 160 Hz non entrelacée.

Village Tronic
La boîte de la Picasso IV

La Picasso IV incluait également un bus PCI, un port vidéo numérique 16 bits et une flashROM facilitant la mise à niveau de son micrologiciel. Elle disposait d'un mélangeur audio à quatre canaux pour les entrées/sorties Amiga, ligne, TV et CD, ainsi que d'un commutateur de signal audio pouvant se connecter à la sortie audio d'un CD-ROM et à une source audio externe. La carte gérait aussi la technologie DDC2B de branchement à chaud des écrans et DPMS d'économie d'énergie.

Par rapport aux autres cartes graphiques Amiga, la Picasso IV était une carte puissante dotée de fonctions avancées comme la conversion des couleurs, la prévisualisation en incrustation (Picture in Picture) ou l'affichage de vidéo en mode Workbench. Bien qu'elle ne sache pas gérer les déplacements d'écrans Amiga, elle était entièrement gérée par le système graphique Picasso96, qui recevait des mises à jour quasi hebdomadaires via le site Internet des développeurs. Cette carte pouvait être facilement installée sur un A3000 ou un A4000, mais pas sur un A2000 car le désentrelaceur devait dans ce cas être retiré (ce qui détériorait la carte) ou l'utilisateur devait installer un adaptateur spécial sur la puce Denise. Village Tronic annonça enfin l'arrivée de modules supplémentaires pour la Picasso IV, certains déjà disponibles et d'autres en développement. Ceux-ci comprenaient l'encodeur vidéo Pablo IV, le syntoniseur TV Paloma et le module audio Concierto, ainsi que des projets de modules vidéo MPEG, d'accélération 3D et PowerPC.

Village Tronic
Modules pour la Picasso IV

En mars 1997, Village Tronic écrivit une lettre à tous ses distributeurs pour les informer que, suite à un litige impliquant Amiga Technologies, qui venait juste d'être racheté par Gateway, il lui était impossible de fournir des kits de mise à niveau AmigaOS 3.1. Avec l'expansion d'Internet, Village Tronic commença à mettre en oeuvre un site marchand en ligne comportant des sections Amiga et Mac séparées. En juin 1997, les premières pages Amiga commencèrent à apparaître, mais à un rythme plus lent que la section Mac. Enfin, Village Tronic tint une nouvelle fois un grand stand lors de l'exposition Computer 97 qui se déroula à Cologne en novembre 1997. Outre les nombreuses cartes MacPicasso exposées, la Picasso IV fut exposée en premier plan, de même que les modules Pablo et Paloma, et la nouvelle carte audio 16 bits Concierto.

Le rêve est fini

Avec la chute de ses ventes Amiga, Village Tronic concentra son attention sur le marché Macintosh. La société se rendit compte que ses excellentes cartes RTG étaient très compétitives dans le monde Mac habituellement très cher. Dans le but de gagner le soutien des utilisateurs Mac, Village Tronic écrivit ceci sur son site Internet : "Puisque nous ne sommes pas des amis du PC, nous avons entièrement orienté nos ressources de développement vers la plate-forme Mac OS il y a deux ans. En conséquence, Village Tronic a proposé aux clients Mac OS, pour la première fois de son histoire, des matériels qui surpassaient ceux de leurs anciens concurrents, tout en réduisant considérablement leurs prix. Village Tronic a réussi à extraire des circuits graphiques de l'arène des professionnels de l'édition et à les mettre à la disposition des masses."

Lors du salon Computer 98 de Cologne en novembre 1998, Village Tronic présenta sa nouvelle carte Ethernet Ariadne II et plusieurs modules complémentaires pour la Picasso IV. Lors de ce salon, Village Tronic organisa un sondage pour savoir si une version Amiga de sa carte graphique Mac Voodoo 3Dfx pouvait intéresser les utilisateurs Amiga en tant que module pour la Picasso IV. Cette enquête se termina le 20 décembre 1998 et, après avoir reçu 520 précommandes et 687 notifications d'intérêt, Village Tronic confirma qu'elle poursuivrait le développement de ce module graphique 3D. La carte devait être commercialisée dans le courant de 1999 au prix de 249 DM pour les cartes précommandées et 299 DM pour les clients qui avaient manifesté leur intérêt.

Village Tronic
Ariadne II

Village Tronic révéla également qu'il travaillait avec Escena pour apporter une carte accélératrice PowerPC G3 à l'Amiga et, en association avec son distributeur britannique Blittersoft, qu'il travaillait enfin à la commercialisation de la carte mère BoXeR. En juin 1999, Village Tronic annonça l'installation de son siège dans de nouveaux locaux à Karlsruherstr. 2b à Hanovre, en Allemagne. Mais malgré toutes ces bonnes nouvelles apparentes, Village Tronic publia le 27 juillet une déclaration qui sonna le glas de sa gamme de produits Amiga. Le constructeur allemand confirma la sortie de sa nouvelle carte Ethernet Ariadne II et du module 3D prévu pour Picasso IV, mais, les ventes de ses Picasso IV, Paloma, Pablo et Concierto ayant chuté de manière spectaculaire, il n'était plus rentable de continuer à fabriquer ces produits et la société annula toute la production.

Cependant, Village Tronic annonça qu'il était prêt à produire une dernière série de cartes Picasso IV s'il recevait suffisamment de précommandes. La société réalisa également un sondage en ligne pour permettre aux clients de nommer le nouveau module graphique 3D, qui prit finalement le nom de ParaGlide. Mais à la fin de l'année 1999, cette carte 3D n'était toujours pas disponible. Blittersoft a révélé début 2000 sur son site Internet que le module 3Dfx ParaGlide allait coûter 99,95 £ et comprendrait 8 Mo de mémoire. Le distributeur anglais précisa également que deux pilotes étaient prévus, l'un utilisant l'API Glide de 3DFX et l'autre gérant Warp3D de Haage & Partner, une API qui fonctionnait déjà avec les cartes graphiques 3D de Phase 5. Grâce au pilote Warp3D, les utilisateurs de Picasso IV équipés d'une carte accélératrice PowerPC seraient en mesure de lancer les nouveaux jeux 3D prévus sur Amiga. Blittersoft indiqua aussi que Paraglide ne fonctionnerait qu'avec une carte Picasso IV installée dans un port Zorro III et ne fonctionnerait donc pas avec un Amiga 2000.

En fin de compte, la carte ParaGlide ne fut jamais commercialisée et lorsque Village Tronic quitta finalement la scène Amiga, ce message fut affiché sur le site Internet de la société : "Village Tronic a beaucoup changé au cours des dernières années : la renaissance a été difficile. Aujourd'hui, nous avons quelques nouveaux produits intéressants et nous développons déjà la prochaine innovation... mais malheureusement, dans ce processus, nous avons abandonné notre soutien à la plate-forme Amiga. Nous avons de vieilles archives désordonnées, mais nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de donner à la communauté Amiga le niveau de soutien qu'elle mérite."

Où sont-ils maintenant ?

Village Tronic développa ensuite une gamme de cartes graphiques performantes pour Macintosh, puis ses produits VTBook et ViDock. Malheureusement, Klaus Burkert, le principal développeur matériel de la société, mourut d'une crise cardiaque en 2001 et, vers 2003, Hubert Neumeier changea de nom et s'appelle désormais Hubert Chen, sans doute suite à son mariage. Il est toujours le PDG de Village Tronics et vit maintenant à Guangzhou, dans la province du Guangdong en Chine.

Le développeur de MainActor, Markus Moenig, créa MainConcept qui devint un fournisseur de premier plan au niveau de la technologie de codec vidéo. Tomi Ollila de NSDi accepta que sa pile AmiTCP/IP fasse partie du système réseau Genesis sur Amiga qui, malgré un différend de paiement avec Haage & Partner, fut inclus dans AmigaOS 3.9.

Hervé Adam porta TVPaint sur de nombreuses autres plates-formes, où il fut distribué sous les noms TVPaint, Mirage et Newtek Aura. La dernière version est TVPaint Animation 10.5 et l'édition professionnelle coûte 1180 euros. La dernière version de ce logiciel sur AmigaOS fut la 3.60, elle est maintenant disponible gratuitement, mais le code source n'a toujours pas été ouvert.

Après son aventure chez Village Tronic, Olaf Barthel travailla sur AmigaOS 3.5 et AmigaOS 3.9 ainsi que sur le CD Amiga Developer 2.1 pour le compte de Haage & Partner, puis pour Amiga, Inc. où il développa le cadre initial et l'interface graphique d'AmigaDE. Il est maintenant l'un des principaux développeurs sur AmigaOS 4.

Bien que Village Tronic ait depuis longtemps quitté la scène Amiga, sa carte multimédia Picasso IV fut probablement la meilleure carte graphique RTG jamais développée pour Amiga. Ces cartes sont très recherchées par les utilisateurs d'Amiga et, lors des rares occasions où elles sont en vente sur eBay, elles déclenchent souvent des guerres d'enchères avec des prix dépassant parfois 1000 $.


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