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Casablanca : le montage virtuel pour Monsieur Tout-le-monde Tout le monde en a entendu parler, l'a vu en photo et en a discuté avec un autre passionné de vidéo mais pour voir "l'appareil, la boîte, l'engin", c'est une autre affaire. J'ai eu la chance (il vaut 3500 $) de pouvoir l'utiliser pendant une soirée... Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, un petit rappel de ce que fait le Casablanca. C'est donc une machine, créée par MacroSystem, qui permet de réaliser des montages vidéo de manière totalement virtuelle. Tout le matériel vidéo est numérisé sur le disque dur, organisé dans l'ordre désiré et recopié sur bande vidéo une fois le travail terminé. On a donc au minimum besoin d'un magnétoscope vidéo. Matériel Quand on déballe l'appareil, il ressemble vraiment à un magnétoscope de salon (style VHS, Hi8, etc.). On trouve dans le carton : une boule de commande (que l'on peut remplacer par une souris), un manuel, une disquette de mise à jour (version 1.2 du 29 janvier 1997) et des câbles (un secteur, des Cinch pour l'audio, un câble Y/C-Y/C, deux câbles Y/C-Cinch qui permettent la connexion en composite et une prise Péritel). On branche l'appareil directement sur la TV ou le moniteur, on lui connecte une source vidéo (une caméra DV-VX9000E pour notre test) et audio. La face avant est rabattable et donne accès au disque dur (un Atlas 4,3 Go pour notre test) et au lecteur de disquette. Pour les connexions, on retrouve sur la face arrière les entrées et sorties vidéo/audio, un connecteur pour une souris série, un port RS232, un connecteur SCSI DB25, un connecteur pour un clavier externe et un connecteur Péritel. Il y a un emplacement pour un connecteur DV (au format IEEE P 1394, alias FireWire 400) mais celui-ci est vide pour le moment (c'est une option qui ne devrait pas tarder). On trouve sur la face avant des entrées vidéo/audio. La sélection entre l'avant et l'arrière se fait logiciellement. Pour le test, tous les branchements se sont faits en Y/C. Caractéristiques du Casablanca, révision 1.2
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Pour faire démarrer le Casablanca, on appuie sur l'unique bouton de la face avant, on introduit la disquette de mise à jour et on attend. Si le disque dur est neuf, c'est un peu plus long car le système prépare celui-ci, mais cela reste très rapide. Une fois la mise à jour chargée sur le disque dur, il n'est plus nécessaire de la remettre. Il est à remarquer que le disque se trouve logé dans un tiroir et qu'il est très facile de le changer. Il peut être intéressant de posséder plusieurs disques durs. Une fois que le Casablanca a démarré, on se retrouve dans le menu principal (figure 1), où il y a quatre groupes de sous-menus : le réglage (vidéo, qualité, langue, etc.), l'édition (enregistrement, éditer, etc.), les effets (transitions, traitement de l'image, titrage), et le son (enregistrement, post-synchronisation). On n'a pas accès au système d'exploitation donc il n'est possible de changer que ce qui nous est proposé. Il est très difficile de faire des fausses manoeuvres avec ce système. L'interface est très simple, claire et facile à comprendre. C'est le système le plus facile que j'ai essayé jusqu'ici (je suis l'heureux possesseur d'une carte Broadcaster Elite et le logiciel de montage est plus compliqué à utiliser). Il m'a suffi d'une demi-heure pour comprendre les principales fonctions du Casablanca (sans manuel, celui-ci étant en allemand !). ![]() Figure 1 Le premier des trois sous-menus permet de choisir la langue du logiciel, de régler l'heure frontale (qui ne reste pas en mémoire si on débranche le secteur de l'appareil) et la vitesse de la souris. Le deuxième permet le choix de la qualité vidéo (12 niveaux), de la connexion utilisée et nous informe sur le temps disponible sur le disque dur. Enfin, le dernier permet de contrôler l'entrée du signal et de faire quelques réglages (luminosité, contraste et saturation) (figure 2). Tous ces réglages se font avec la vidéo live incrustée derrière les menus. Ils sont très intuitifs. ![]() Figure 2 Le menu d'enregistrement permet de numériser les séquences vidéo directement sur le disque dur. C'est simple comme sur un vrai magnétoscope. Casablanca donne automatiquement un nouveau nom à la séquence mais il est aussi possible d'en choisir un (figure 3). Le menu "Éditer" (figure 4) est le plus important du Casablanca. C'est là que l'on va passer le plus de temps pour la réalisation de notre montage. On peut diviser les séquences en plusieurs petits morceaux accessibles individuellement, puis on règle, à l'image près, le début et la fin de nos petits plans (figure 5). Avant de les insérer dans le scénarimage (en haut de l'écran), on peut réaliser divers effets sur les séquences (figure 6) : ralenti, accéléré, strobe, etc. Il faut ensuite mettre les séquences dans l'ordre désiré en cliquant dessus et en choisissant "Insérer". Le système va mettre ainsi les séquences les unes derrière les autres. Il est bien évident qu'il est toujours possible de changer l'ordre grâce aux fonctions "Remplacer" ou "Effacer". ![]() Figure 3 ![]() Figure 4 ![]() Figure 5 ![]() Figure 6 ![]() Figure 7 ![]() Figure 8 ![]() Figure 9 Le son Le premier menu du groupe "Son" permet l'enregistrement de son sans vidéo (figure 10). C'est comme un enregistreur numérique. Après avoir numérisé des sons, on entre dans l'écran de post-synchronisation où l'on accède aux réglages sur les trois pistes son (figure 11). Il est alors possible de rajouter des sons, de régler les niveaux, etc. La partie "Son" est peut-être encore un peu simple car on ne peut pas régler les niveaux sur les sons qui sont synchrones avec la vidéo (ou alors, je n'ai pas trouvé comment faire pour les désynchroniser !). A voir dans les prochaines versions du logiciel. ![]() Figure 10 Il faut encore dire que le bouton de droite permet de revenir en arrière dans l'arborescence des menus. Quand un menu utilise une glissière, le fait de cliquer dessus avec la souris permet un contrôle de celui-ci sans avoir besoin de maintenir le bouton gauche enfoncé. Il faut réappuyer sur la souris pour sortir de ce mode. Bizarre au début mais très pratique. Après avoir tout mis en place, il ne reste plus qu'à enregistrer le produit fini sur une cassette grâce au menu "Achever". Il y a même la possibilité de sauvegarder le montage sur DAT (à essayer). Et la qualité de l'image dans tout cela ? Il faut rappeler que le Casablanca est basé sur la VLab Motion du DraCo. La qualité de l'image est surprenante et même très bonne. Avec une source DV, il est très difficile de voir une différence entre l'original et la version numérisée ! Impressionnant. Je n'ai pas essayé la meilleure qualité possible (donnée comme du Betacam SP) car je n'avais pas de source disponible. Le temps utilisé sur le disque dur par les différentes qualités sont les suivants : Qualité 6 : VHS, environ 19 minutes/2 Go. Qualité 9 (celle du test) : DVn environ 12 minutes/2 Go. Qualité 12 : Betacam SP, 10 minutes/2 Go. Conclusion Après une soirée d'essai, je suis enchanté par le Casablanca pour sa qualité d'image et surtout sa simplicité d'utilisation. C'est la première fois qu'un système de montage virtuel sur "ordinateur" ne nécessite pas des heures d'apprentissage. On est tout de suite dans le bain et surtout productif. Le Casablanca est à conseiller à tous les amoureux de la vidéo qui n'ont pas forcément le virus informatique ; et pour le prix... il est sans concurrence ! Je tiens à remercier la maison Video Systems à Genève pour le prêt du Casablanca. Annexe 1 : l'avis de Pixel Art L'un des membres de l'association Pixel Art a acquis un Casablanca très récemment. Les premiers essais au cours d'une démonstration organisée par cette association à Tours et concrétisée par la société DeltaGraph'X, nous avait vraiment laissés dubitatifs sur la qualité de restitution en Y/C. Les essais réalisés plus récemment ont considérablement changé notre point de vue : la qualité et les niveaux de compression ont été améliorés (plusieurs en S-VHS et VHS ainsi que le DV Sony). Nous avons noté évidemment une petite différence de qualité avec les rushs mais cela est infime en S-VHS. La grande habitude de ce format nous a rendus très critique. Cependant, nous n'avons pas vu de défaut dû à la compression MPEG. Le Casablanca est une station de montage numérique (sur disque dur Fast SCSI amovible) basée sur le système Amiga (on n'en est pas très sûr mais ça y ressemble fortement !). Le grand plus est qu'il vous permet de monter un film de 30 minutes en qualité S-VHS sur un disque dur de 30 minutes (en fait 4 Go). Il ne génère pas de gros fichiers style Adobe Première sur P... Par conséquent, si vous réalisez un montage en "cut" (sans effet), le Casablanca n'aura pas besoin de "calculer", il vous le "jouera" immédiatement d'où un gain de temps considérable ! A cela s'ajoute une déconcertante facilité d'utilisation (menus en français). Les branchements s'effectuent en face avant et arrière en Y/C principalement. La saisie/numérisation se passe en deux temps : La capture de l'image, où vous voyez sur un seul et même écran (une TV) votre film, et un bandeau (en haut et en bas) qui permet de "capturer en vol" les séquences de votre choix (avec les boutons droit et gauche de la souris). Les noms des séquences se génèrent automatiquement. Cette phase terminée, il vous suffit d'affiner vos séquences (avec des marqueurs de début et fin) et de les placer dans le scénarimage. Vous ajoutez des effets qui seront calculés soit à la fin avant l'enregistrement sur bande, soit à la demande (attention, c'est un peu long). Le son, quant à lui, "suit" l'image. Dernière étape : la recopie sur une bande magnétique qui est en fait une formalité : il suffit d'appuyer sur "Enregistrement sur VCR", mettre en marche l'enregistreur et confirmer. C'est fini. Ce système de montage révolutionnaire permet à quiconque de réaliser sans connaissance informatique, un film de bonne qualité avec des effets simples. Il se destine à des vidéastes amateurs et/ou professionnels qui veulent travailler vite, sans consulter la notice. Le "plus" face à l'analogique est le "droit à l'erreur" : on peut recommencer à l'infini et à l'image près ! Nous pensons aller plus loin dans la recherche du pourquoi du comment et espérons-le, vous informer sur les "petits et grands" plus de cette diable de machine. Annexe 2 : mise à jour 2.1 (par Thierry Lamblot) Ce test a été fait chez Technic Photo Son (TPS) à Laxou (54), un ancien centre Amiga Préférence et aujourd'hui revendeur du Casablanca. TPS venait de recevoir la disquette de mise à jour vers le système 2.1. Une fois la disquette extraite, le système redémarre en affichant le logo Casablanca, mais toujours avec la mention "1.3". Le logo n'a pas dû être mis à jour. Qu'importe. Au démarrage, il est nécessaire de rechoisir la langue utilisée pour l'interface comme lors de la première utilisation. Nouveauté : le titrage On peut accéder plus facilement aux fonctions de titrage, puisqu'il existe une option "texte". Ainsi, il n'est plus nécessaire de passer par les transitions pour titrer. Les polices sont aujourd'hui désignées par leur nom au sein de la fenêtre de requête, et non plus comme auparavant par un numéro qui n'était pas très parlant, il faut bien l'avouer. Le titrage s'effectue en réel sur l'image et non plus en aveugle sur une page blanche. Voilà qui est quand même plus pratique. Il existe aussi de nouveaux effets de textes. Une autre nouveauté aussi : la possibilité de créer des bandeaux totalement paramétrables. On définit l'emplacement du bandeau, sa couleur et mêle sa transparence. On peut lui affecter soit deux, soit quatre couleurs en dégradé horizontal ou vertical. ![]() ![]() C'était sans doute le point le plus critiqué sur le Casablanca. MacroSystem a bien repensé la chose. Il est ainsi possible d'extraire le son d'une scène afin de le réutiliser comme échantillon. Il suffit de sélectionner une scène, de se déplacer dans le menu "spécial", puis de cliquer sur "Scène -> Sample". Le son sélectionné devient un échantillon réutilisable à tout moment. Avec ses trois pistes audio facilement paramétrables et mixables, le Casablanca offre aujourd'hui des possibilités audio très satisfaisantes. En vrac Le nom de la scène se présente sous forme abrégée (S1, S2, etc.) au sein du chutier au lieu de Scène1, Scène2, etc. qu'il est bien entendu possible de renommer. Cette nouveauté confère au chutier un aspect un peu moins fouillis qu'auparavant. Présence d'une touche "pause" permettant d'effectuer un arrêt sur images lors de l'édition de séquences. L'insertion vidéo à l'intérieur d'un plan est aujourd'hui possible alors qu'elle se limitait avant à de l'insert entre plans. Présence d'une fonction de dérushage automatique vous autorisant à enregistrer votre bande dans la continuité. Grâce à un bouton marqué "?" et situé à l'intérieur du menu "Séparer", le Casablanca reconnaît les changements à l'intérieur d'une scène. Il suffit ensuite de décider de, soit la conserver en la nommant, soit l'éliminer. Vous avez même le droit à l'erreur puisque la fonction "undo" (annuler) vous permet de récupérer une scène effacée par inadvertance. Possibilité de créer des scènes vides à l'aide de fonds colorés fixes ou animés paramétrables (couleur, effet, durée de l'effet). Ces scènes nouvellement créées peuvent vous être d'une grande utilité car elles sont réutilisables avec les fonctions de titrages ou lors de la gestion des effets. Conclusion Grâce à cette mise à jour importante, le Casablanca s'affranchit de défauts de jeunesse. L'existence aujourd'hui d'un module DV et de l'option 68060 (voir temps de calcul ci-joints) confèrent à ce produit de réels atouts. Le Casablanca ne doit en aucun cas être considéré comme un joujou pour les vidéastes nantis mais bien comme un outil de travail séduisant qui comblera aussi bien le grand public que le monde institutionnel. Je terminerai pas une remarque et un conseil pour les futurs acheteurs. MacroSystem conçoit de remarquables produits (VLab Motion, DraCo, Casablanca) mais n'est pas exempt de reproches pour sa politique commerciale vis-à-vis de ses clients. Il suffit pour s'en convaincre de voir les difficultés que rencontrent les possesseurs de DraCo pour se procurer les évolutions de MovieShop. Il existe deux réseaux de distribution du Casablanca en France : celui de CasaDraco et celui d'Ophyx. J'encourage vivement les futurs acheteurs de ce matériel à acheter leur Casablanca chez un revendeur d'un de ces deux réseaux. Seule cette attitude leur permettra de bénéficier de conseils, des mises à jour futures du système et garantira la pérennité de la machine. Merci à la société TPS pour son aide à la réalisation de ce test. Prochainement, je vous préparerai un article "en direct" sur l'utilisation d'un Casablanca au cours d'un montage vidéo complet. Temps de calcul avec 68060 Qualité Hi8 : 2,5 Mo/s Image grande. Effet de page d'une seconde (parts = low) : 2,07 minutes. Effet de recul sur une scène de 13 secondes (avec audio) : 38 secondes. Effet de ralenti sur une scène de 13 secondes (valeur 4) : 38 secondes. Fondu enchaîné de deux secondes (mix entre deux plans) : 55 secondes. Effet 3D au centre d'une seconde : 58 secondes.
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