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Notre dossier de ce mois-ci est consacré à la compagnie japonaise Capcom, connue pour ses jeux d'arcade dont la plupart ont été de grands titres, et qui prépare aujourd'hui une nouvelle génération de jeu. ![]() À l'origine de la branche japonaise de Capcom, la société I.R.M Corporation, fondée le 30 mai 1979 par Kenzo Tsujimoto, et sa filiale Japan Capsule Computers Co. Ltd, deux entreprises consacrées à la fabrication et à la distribution de machines de jeux électroniques. Les deux sociétés subirent un changement de nom pour devenir Sambi Co. Ltd en septembre 1981, tandis que Capcom Co. Ltd fut créée le 11 juin 1983 dans le but de prendre en charge le département de vente interne. Le quartier général de la société Capcom se situe à Osaka, au Japon. ![]() Kenzo Tsujimoto littleleague_capcom.png La première production de Capcom, Little League, fut une machine arcade de baseball de table sortie en 1983, il fallut attendre l'année suivante pour que la société sorte son premier vrai jeu vidéo, Vulgus. En décembre 1987, ce fut la sortie du jeu Megaman au Japon. Premier jeu d'une longue série. ![]() Little League ![]() Les chiffres des premières années Alors que la société débuta en 1983, les ventes de jeux vidéo venaient de chuter de manière dramatique, et plus particulièrement sur les consoles utilisant des cartouches. La chute se fit d'abord ressentir aux États-Unis, mais gagna rapidement les autres pays. Ce fut la crise des jeux vidéo de 1983. Kenzo Tsujimoto et son équipe ne furent tout de même pas découragés par les ventes désastreuses de jeux vidéo cette année-là. Ils avaient en leur possession des éléments qui laissaient envisager l'émergence d'un nouveau type de public pouvant demander du jeu vidéo. Après de nombreuses études de marché, les enquêtes révélèrent qu'un public plus adulte, possesseur d'ordinateurs personnels, était en train de grandir, et dépasserait même bientôt le public plus jeune, possesseur de jeux en cartouches. Ce nouveau public allait en effet devenir rapidement primordial avec la haute technologie des ordinateurs personnels, et ce fut la fin de la domination des jeux en cartouches pour consoles. Ce public voulait des graphismes haute résolution et des jeux encore plus perfectionnés, qui ne pourraient être réalisés sur des cartouches. Un redémarrage en flèche Voyant en ce public une opportunité de relance du marché, Kenzo Tsujimoto s'engagea immédiatement vers cette nouvelle voie. Il commença par organiser des équipes de programmeurs soudés, de manière que ceux-ci puissent librement exprimer leur créativité. Des groupes furent donc constitués, comprenant des dessinateurs, des programmeurs, des techniciens spécialistes en matériel, mais aussi des programmeurs de sons, des compositeurs de musiques, chaque groupe faisant environ 20 personnes ! Leur but était de créer des jeux vidéo qui apporteraient du plaisir au joueur, mais qui seraient aussi un divertissement pour la famille. Le concept des "petites équipes" prit forme immédiatement, et les résultats ne tardèrent pas à apparaître. Les équipes créèrent des jeux vidéo plus sophistiqués, plus beaux et proches des chefs-d'oeuvre graphiques grâce à une très haute résolution. Les nouveaux jeux vidéo de Capcom offraient beaucoup de compétition et d'originalité aux joueurs, et ils grimpèrent chaque jour en popularité chez les joueurs. Les premiers succès Des jeux comme Ghosts 'N Goblins, 1942, Commando ou encore Section Z furent des très grandes réussites, car ils demandaient au joueur d'utiliser ses capacités physiques et mentales, et ils devinrent rapidement parmi les favoris sous les arcades du monde entier. ![]() ![]() Ghosts 'N Goblins et 1942 version arcade L'implantation américaine L'établissement de Capcom aux États-Unis se fit en 1985, à Sunnyvale en Californie bien sûr. Yoshihito Nakayama, le président de Capcom USA, réussit à introduire les succès japonais de Capcom aux États-Unis, et la marque fut alors maintenant reconnue en Amérique du Nord comme l'une des meilleures dans le domaine des jeux d'arcade. ![]() Yoshihito Nakayama Capcom et GO! Côté micro-ordinateur, les droits d'adaptation des jeux Capcom furent achetés par GO!, qui, à l'époque, n'avait pas encore beaucoup de titres renommés, mais qui avait l'avantage d'être lié à US Gold, l'un des grands noms du jeu informatique. Les premières adaptations pour Amiga et Atari ST arrivèrent en 1988 : Street Fighter (combat), Bionic Commando (plates-formes), 1943 (jeu de tir) et LED Storm (course). ![]() ![]() 1943
![]() Boîte de Pocket Rockets pour C64/C128 Le futur de Capcom semblait tranquille. La compagnie était en 1989 à la pointe de la technologie, comme le montrèrent leurs jeux de cette période comme Forgotten Worlds ou Strider. Ces résultats étaient issus de la tactique des "groupes de programmeurs". Il était aussi vrai que les programmeurs qui travaillaient pour Capcom et créaient ses jeux vidéo étaient de véritables bêtes en informatique, malgré une moyenne d'âge des équipes de développement de seulement 26 ans. Ce fut peut-être aussi une raison pour laquelle les jeux Capcom étaient plus attrayants que les autres, en plus des progrès effectués d'un jeu à l'autre. En effet, chaque nouveau jeu semblait être issu d'une nouvelle technologie tellement il était mieux fait et plus beau que le précédent, ce qui était tout de même incroyable. Chez Capcom, la créativité et les idées étaient importantes, la société lança même l'idée des jeux en odorama ! Avec tant de talent, on se demandait comment une telle compagnie ne pourrait pas voir l'avenir. Quelques innovations de 1989 En 1989, la société GO! sortit une demi-douzaine de titres de Capcom qui avaient tous quelques innovations et originalités. Black Tiger Black Tiger pouvait sembler simpliste comparé aux autres. Pourtant, lors de sa sortie dans les salles d'arcade en 1987, Black Tiger fit rapidement l'unanimité. Dans ce jeu, vous dirigez un héros médiéval qui va explorer de nombreux donjons. Ceux-ci sont bien sûr peuplés de monstres des plus étranges, et parfois même d'assez grosses bestioles. En libérant des prisonniers ou en découvrant des trésors, vous accumulez de l'argent qui vous sert pour obtenir des effets spéciaux en entrant dans des boutiques. De leur côté, les monstres étaient plutôt délirants. ![]() Black Tiger version Amiga Tiger Road met en scène un personnage de type nippon, ce qui était rare chez les Japonais. Vous devez explorer tous les niveaux pour ramasser tous les trésors qui s'y trouvent. L'originalité venait déjà du fait que tous les tableaux étaient foncièrement différents. Certains possédant un défilement horizontal, d'autres un défilement vertical et enfin certains cumulaient les deux. On y trouvait aussi toute la diversité des jeux de Capcom : diversité des tableaux et des décors, mais aussi des monstres qui attaquent. ![]() Tiger Road version Amiga LED Storm est un titre basé sur l'un des thèmes les plus usés du jeu vidéo : la course de voiture. Dans LED Storm, votre but est d'arriver le premier au bout d'un parcours infernal. Originalité : votre voiture avait la capacité de se transformer en moto par moments. ![]() LED Storm version Amiga L'intérêt de Last Duel était de proposer à deux joueurs de s'entraider pour passer les niveaux. Dans le second niveau, l'un des joueurs est au sol, dans une voiture, et avance sur une route suspendue. Sur cette route, de nombreux obstacles et ennemis viennent barrer sa route. Heureusement, le second joueur, en l'air, peut aider le premier en tirant au sol ou en l'air sur tout ce qui arrive. Les niveaux s'alternent ainsi, ce qui évitait la lassitude. ![]() Last Duel version Amiga Ce jeu d'arcade/tir propose des graphismes fabuleux et des monstres qui prennent plusieurs écrans. Les armes que vous pouvez acheter ont des effets vraiment foudroyants, arrosant la plupart du temps l'écran de projectiles divers. Les tableaux sont également délirants avec, dans le premier tableau, une usine où les engrenages qui vous attaquent, des vers jaillissaient de l'eau pour vous dévorer, un dragon qui tente de vous brûler avec son souffle, de vous empaler sur les pieux qui sortent de son corps, de vous griffer ou encore de vous donner un coup de queue. Dans le second tableau, la fin est un combat contre une sorte de Dieu faisant quatre écrans de haut, on a l'impression que c'est une gigantesque statue, et ce n'est que lorsque d'énormes bras tentent de vous attraper que vous comprenez qu'il n'en est rien. ![]() Forgotten Worlds version Amiga Dans ce jeu, vous dirigez un héros tout droit sorti des dessins animés japonais. Vous possédez une épée qui dégage un très fort champ de force et vous êtes capable de vous accrocher un peu partout. Originalité par rapport aux autres jeux d'arcade : vous pouvez marcher sur un ver géant, de s'accrocher sous lui, etc. Graphiquement, un passage a lieu quand l'éclair gronde : par moments, seul reste éclairé le fond de l'écran, ce qui donne lieu à de superbes ombres chinoises. Dans le troisième niveau, la jungle, vous marchez sur les branches de gigantesques arbres et ces branches plient au fur et à mesure que vous avancez. ![]() Strider version Amiga Dans les années 1990, Capcom fit régulièrement l'objet de sollicitations des trois grands fabricants de consoles (Nintendo, Sony et Microsoft) afin d'obtenir l'exclusivité de son catalogue, Capcom refusa de nombreux ponts d'or afin de conserver son indépendance. La société continua à créer des filiales comme en juillet 1998 avec Capcom Eurosoft Ltd., la division européenne de Capcom. En 2008, Capcom racheta les studios K2, connus pour leur série Tenchu, et en juillet de la même année, Capcom s'implanta en France avec sa filiale Capcom Entertainment France. Au niveau des sorties de jeux, les succès se succédèrent. Resident Evil sortit en mars 1996 sur PlayStation qui, s'il reprit les bases posées par Alone In The Dark, parvint à créer un genre auprès du public. La série connut par la suite de nombreux opus et réadaptation. En septembre de la même année, Capcom lança X-Men vs. Street Fighter, le premier jeu mélangeant deux univers totalement différents, dont un qui ne leur appartient pas. ![]() Resident Evil sur PlayStation Les récentes années, toujours vaillantes En janvier 2018, la sortie de "Monster Hunter: World" dépassa les six millions d'exemplaires vendus en deux semaines, devenant ainsi le jeu vidéo de la firme à atteindre le plus rapidement ce total. De tels succès suscitèrent la convoitise de pirates. En effet, le 2 novembre 2020, la société signala que ses serveurs étaient affectés par un rançongiciel, brouillant ses données, et que les acteurs de la menace, le groupe de pirates Ragnar Locker, avaient prétendument volé 1 To de données sensibles et faisaient chanter Capcom pour qu'il les paye afin de supprimer le rançongiciel. À la mi-novembre 2020, le groupe commença à mettre en ligne des informations provenant du piratage, notamment les coordonnées de 350 000 employés et partenaires de l'entreprise, ainsi que les plans des prochains jeux, indiquant que Capcom avait choisi de ne pas payer le groupe. Capcom affirma qu'aucune carte de crédit ou autre information financière sensible n'avait été obtenue lors du piratage. Mais les ventes et le crédit de Capcom continua à être au zénith. En février 2022, Bloomberg rapporta que le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite avait acquis une participation de 5% dans Capcom, pour une valeur approximative de 332 millions de dollars américains. Au total, Capcom créa vingtaine de franchises de jeux qui se vendirent à plusieurs millions d'exemplaires :
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